Grâce à Dieu : l'avocat du prêtre accusé de pédophilie veut que la sortie du film soit repoussée

La Rédaction | 4 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 4 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La sortie de Grâce à Dieu pourrait être repoussée suite à la demande de l'avocat du père Bernard Preynat.

A un peu plus de deux semaines de sa sortie (le 20 février), le nouveau film de François Ozon voit son avenir immédiat menacé. La défense du prêtre Bernard Preynat, au centre de l'histoire, a assigné le réalisateur pour que la sortie soit repoussée.

La raison : le procès n'a pas encore eu lieu, et le film porte atteinte à la présomption d'innocence selon l'avocat de Bernard Preynat. Celui-ci se base notamment sur la bande-annonce pour affirmer depuis décembre que son client est "cité ou désigné à 13 reprises durant la première minute, et qu'il est présenté comme coupable des faits pour lesquels il est actuellement poursuivi. Or, la loi interdit de présenter comme établie la culpabilité d'une personne avant qu'elle soit jugée".

 

 

Tiré à 95% de faits réels selon François Ozon, qui a recueilli les témoignages de plusieurs victimes, Grâce à Dieu suit le combat de trois hommes, qui cherchent justice après avoir été abusés par le père Preynat durant leurs enfances. Melvil PoupaudDenis Ménochet et Swann Arlaud interprètent les trois personnages principaux, directement inspirés par la vie des trois hommes, et notamment la création de l'association La Parole libérée.

Dans le film, Bernard Preynat est incarné par Bernard Verley.

L'avocat du prêtre estime que sortir Grâce à Dieu alors que son client n'a pas encore été jugé (le procès devrait avoir lieu en 2019), est un réel problème : "Si aujourd'hui on commence à autoriser des films portant atteinte à la présomption d'innocence de personnes qui ne sont pas encore jugées, on ouvre une brèche extrêmement dangereuse."

Il ajoute que la production "va sans doute considérer qu'il y a eu des aveux durant la procédure et que par conséquent, il n'y a plus lieu de respecter la présomption d'innocence, mais c'est un principe absolu".

Le jugement du cardinal Barbarin, accusé de ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, étant rendu le 7 mars, l'avocat estime que l'équipe surfe en plus sur l'actualité.

 

photo, Melvil PoupaudMelvil Poupaud est Alexandre, dont la foi est mise à l'épreuve

 

En décembre, l'avocat avait publiquement demandé à ce que la sortie soit repoussée, pour les mêmes raisons. Il attendait la réponse des producteurs avant de lancer une démarche légale.

Ce n'est pas la seule affaire qui frappe François Ozon et son film. Régine Maire, ancienne membre du diocèse de Lyon, présentée comme proche de Barbarin et centrale dans le scandale, a mis en demeure le réalisateur. Son avocat déclare qu'elle n'a jamais donné son accord pour que son nom soit utilisé. Martine Erhel l'interprète à l'écran.

Ozon avait déclaré à La Nouvelle République qu'il avait l'intention de lui montrer le film, affirmant qu'il n'était pas à charge contre elle, et était basé sur des sources.

Au-delà de cette facette légale, Grâce à Dieu est sans nul doute l'un des meilleurs films de François Ozon depuis longtemps. On reviendra prochainement dessus dans une critique.

 

Affiche

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commentaires
Ben
04/02/2019 à 23:50

Cher Szalem, mon propos est certes provocateur, je le reconnais, mais reporter la sortie d'un film pour respecter la présomption d'innocence me laisse songeur. C'est un film, pas un documentaire, that's all!

Szalem
04/02/2019 à 20:13

"La présomption d'innocence n'est qu'une rhétorique judiciaire pour dire qu'il n'est pas encore condamné."

Euh vous sortez ça d'où? De votre imagination je pense. Il s'agit juste, d'un principe fondateur de notre Justice moderne. Vous n'avez, pour sûr, jamais fait d'études de Droit.

Et si pour vous, des "aveux" signifient que les faits sont prouvés, je vous invite à vous intéresser de plus près à de très nombreux cas où cela fut totalement erroné... (Outreau, Gregory, les multiples condamnés à mort aux USA, et j'en passe)

Ben
04/02/2019 à 18:25

Au contraire... il me parait très facile d'être en désaccord total avec cet avocat. La présomption d'innocence n'est qu'une rhétorique judiciaire pour dire qu'il n'est pas encore condamné. Les faits sont prouvés, heureusement pas encore prescrits et le seul intérêt du procès est de savoir combien ce prêtre va prendre et si cela va suffire à calmer la douleur des victimes. Certainement pas à prouver son innocence.
Si en plus le film est bien comme à l'air d'annoncer Ecran Large, c'est qu'il n'est peut-être pas manichéen. Ozon est un cinéaste fantastique, alors oui le film doit sortir comme prévu!

Pseudo1
04/02/2019 à 17:27

Au-delà des faits et des aveux propre à ce dossier, difficile de ne pas être d'accord avec l'avocat, c'est une brèche extrêmement dangereuse.