Grâce à Dieu : le nouveau film de François Ozon crée déjà une petite polémique

Christophe Foltzer | 20 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 20 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On dit souvent que le cinéma français n'est plus bon qu'à faire des comédies à la con en ce moment. Il n'y a qu'à se renseigner sur le prochain François Ozon pour comprendre que ce n'est pas totalement vrai.

Parce que le cinéma est avant tout là pour nous faire réfléchir sur notre condition humaine, pour nous mettre face à nos contradictions, nous parler de choses dérangeantes qu'on ne veut pas forcément regarder droit dans les yeux, dans un espace sécurisé qui ne dépasse pas le cadre du métrage. Que l'on y réfléchisse ensuite relève de la responsabilité et de la liberté individuelle.

Et c'est vrai que, ces dernières années, on a plutôt l'impression que le cinéma français est là pour servir la soupe aux chaines de télévision, avec ses comédies débiles qui déplacent les foules. On ne saurait être plus dans l'erreur puisque le "vrai" cinéma français existe toujours, il est simplement moins exposé et il faut savoir le débusquer. Mais avec un film comme Grâce à Dieu, nul doute qu'il sera au centre du débat.

 

photo Grâce à Dieu Melvil Poupaud

 

En effet, le prochain film de François Ozon (qui n'a donc jamais aussi bien porté son nom) risque fort d'occasionner quelques sueurs froides, notamment au clergé, puisqu'il traite d'abus pédophiles commis par un curé qui se voit maintenu dans ses fonctions par son Ordre. Un sujet polémique, brûlant et, malheureusement d'actualité, qui fait déjà grincer quelques dents.

Le film, prévu dans nos salles le 20 février prochain, pourrait en effet connaitre un décalage puisque l'avocat du curé dont s'inspire le film, le Père Preynat, en demande le report pour que le procès du Père, prévu en 2019, ne soit pas influencé par le métrage, ainsi qu'il l'a dit au micro du journal Le Progrès :

 

photo, Melvil Poupaud

 

"L'objet de ma démarche est juste d'empêcher la sortie avant le procès. Que le film sorte, c'est la liberté de création. Mais sortir une fiction pour relater des faits correspondant à un procès qui va se tenir à court terme, et qui a été hyper-médiatisé au travers de la communication des victimes, c'est quelque chose qui peut porter atteinte à la présomption d'innocence."

 

 

Qu'on ne crie donc pas à la censure et au scandale tout de suite, ce n'est absolument pas le cas ici puisque l'avocat ne s'oppose pas à la sortie du film, mais il souhaite que l'impartialité de la justice soit respectée. Une vision des choses qui se défend et qui est totalement justifiée dans ce cas précis. Mais l'avocat est déterminé à ce que son client arrive sur un terrain propice à un jugement objectif et non parasité par l'émotion suscitée par le film et envisage déjà, si sa demande n'est pas acceptée, de saisir la justice pour reporter la sortie. Apparemment, les discussions entre avocats interposés se dérouleraient bien et les choses seraient en cours, dans le bon sens.

Rappelons enfin que Grâce à Dieu s'inspire grandement de l'affaire du Père Preynat, mis en examen en 2016 et placé sous contrôle judiciaire pour avoir été accusé d'avoir abusé sexuellement d'enfants jusqu'en 1986. Le film de François Ozon mettra notamment en scène Melvil PoupaudDenis MénochetSwann Arlaud et Josiane Balasko.

 

Affiche

 

Tout savoir sur Grâce à Dieu

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Thierry
20/12/2018 à 23:26

Spotlight, assurément. Et ce n'est pas un prêtre peut-être, ou même deux ou trois, mais des dizaines, des centaines, des milliers et bien plus partout dans le monde, de bas en haut de la hiérarchie.

Idriss
20/12/2018 à 15:47

Il y a quelque chose de fort qui se dégage de ce film. Espérons que "l'autour du film" fera bouger les lignes car c'est juste affreux de voir que cette institution qui se veut représentante de Dieu sur terre abrite en son sein des criminels de la pire espèce.
Un film à conseiller et j'irais en salle le voir.

Hasgarn
20/12/2018 à 13:47

J'avais adoré Spotlight, j'irai certainement voir celui-ci