Festival Cinespana de Toulouse : zoom sur La maladie du dimanche et Dhogs

Christophe Foltzer | 10 octobre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 10 octobre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On continue notre petite sélection des films projetés dans le cadre du festival Cinespana de Toulouse dédié, comme son nom l'indique, au cinéma espagnol.

Et aujourd'hui, on peut clairement dire que la journée fut riche en émotions. Si hier était consacré à l'humour, cette deuxième journée passée à Toulouse passait sur un mode très différent avec notamment deux films, La Maladie du Dimanche et Dhogs.

 

photo La maladie du dimancheLa maladie du dimanche

 

LA MALADIE DU DIMANCHE

Pour son nouveau film, Ramón Salazar (la série Élite qui vient d'arriver sur Netflix, entre autres), n'a pas choisi la facilité. Dans un style lent à la limite du contemplatif, il nous raconte l'histoire très touchante d'Anabel, vieille bourgeoise très stricte, qui voit un jour débarquer sa fille issue d'un premier mariage, Chiara. Contre toute attente, la jeune femme ne lui demande rien d'autre que de passer 10 jours avec elle, dans sa maison à la montagne. Un séjour qui va changer beaucoup de choses, pour tout le monde.

Ce qui frappe d'emblée, c'est la beauté visuelle de l'ensemble. Salazar prend en effet son temps (peut-être un peu trop au début) pour composer de somptueux tableaux, lourds de sens, symboliques et subtils, qui annoncent tout de suite que le film ne se livrera pas à nous si facilement. Et il faut reconnaitre qu'il demande un effort de notre part pour s'y investir. Cela fait clairement partie du jeu tout autant que cela résonne avec le parcours d'Anabel, obligée de sortir de son carcan étriqué pour se rappeler un passé qu'elle s'est forcée à oublier.

Misant sur les silences et les non-dits (il n'y a quasiment pas de sons d'ambiance), La Maladie du Dimanche tient énormément sur les épaules de ses deux comédiennes principales, Bárbara Lennie et Susi Sánchez, toutes deux réellement incroyables. Deux animaux en cage qui se reniflent, tentent de se connaitre, se menacent et s'accepteront peut-être.

Un très grand numéro de comédiennes pour un film aux accents bergmaniens hypnotisant et fascinant qui nous emporte sans que l'on s'en aperçoive. On en ressort bouleversé et ému. Comme il s'agit d'une production distribuée par Netflix, on espère le voir arriver rapidement chez nous. La Maladie du Dimanche est un film à ne pas manquer, un petit bijou mélancolique.

 

photo DhogsDhogs

 

DHOGS

Il va être très compliqué de parler de Dhogs tant le film d'Andrés Goteira prend un malin plaisir à brouiller les pistes, exploser le quatrième mur, dans une expérience cinématographique que l'on voit rarement sur un écran. Disons, pour simplifier, que nous suivons la mésaventure d'une jeune femme qui après une nuit d'amour à l'hôtel est enlevée puis amenée dans le désert, en gardant bien à l'esprit que le film ne parle absolument pas de ça.

En effet, et c'est ce qui fait son intérêt, Dhogs est avant tout un pamphlet contre notre voyeurisme et notre passivité de spectateur. Il s'ouvre d'ailleurs sur le public d'une salle de cinéma, qui servira régulièrement de contre-champs, comme pour pointer du doigt notre recherche pulsionnelle et nos perversions vis-à-vis d'images violentes ou racoleuses. Doté d'une histoire prétexte, Dhogs est donc une belle accusation de notre rapport aux images, ne laissant pas le bénéfice du doute au spectateur et désamorçant du même coup toute la tension en montrant que ceci n'est qu'un artifice par un procédé de mise en scène hyper casse-gueule.

Et c'est peut-être ce qui constitue la plus grande faiblesse du film, cette volonté de nous en envoyer plein la gueule pour qu'on comprenne la leçon, le fait de jouer à outrance avec nos attentes et nos frustrations pour bien nous faire comprendre que nous ne sommes que des animaux assoiffés de vices et totalement soumis (Dhogs est d'ailleurs la contraction de "dog" -chien- et "hog" -porc). Un exercice périlleux donc, qui se perd un peu trop dans sa démonstration en laissant le fond supplanter la forme et qui se termine comme un épisode de Black Mirror un peu trop moraliste pour atteindre sa cible. Mais l'expérience est intéressante.

 

A suivre...

 

photo Cinespana

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