Casse-noisette et les quatre royaumes évite la catastrophe et trouve officiellement un deuxième réalisateur

Casse-noisette et les quatre royaumes sort d’une passe compliquée, qui vient d’occasionner une situation exceptionnelle dans l’industrie cinématographique américaine.

Hollywood ne bénéficie ni d’un système comparable au régime français des intermittents du spectacle, ni d’une entité comme le CNC. Mais l’organisation de la production et de la distribution n’en est pas pour autant une jungle impitoyable, plusieurs syndicats très puissants gérant les accords de branches sur la fabrication des films, les statuts des artistes… et pas mal de choses qui ont trait à Casse-noisette et les quatre royaumes.

Il s’agit de l’une des prochaines super-productions Disney, avec Keira Knightley, Helen Mirren et Morgan Freeman autour de la jeune Mackenzie Foy. Attendu pour le 24 octobre sur nos écrans, le film a connu une production mouvementée. Après un premier tournage et montage, le studio a décidé de confier des réécritures massives à Tom McCarthy (réalisateur de Spotlight, co-scénariste de Là-haut) en vue d’un important tournage additionnel.

"L'est un peu cheap votre remonte-pente, là."

Problème : le metteur en scène Lasse Hallström (Le Chocolat, Les Recettes du bonheur) n’était plus disponible, et pour ne pas perdre trop de temps (ni d’argent), Disney a demandé à Joe Johnston (Jumanji, Captain America : The First Avenger) de prendre la relève et de sauver le projet. Sauf que la Guilde des réalisateurs américains, si elle reconnaît tout à fait la possibilité que deux cinéastes travaillent de concert sur un même projet, peut refuser qu’un nouveau réalisateur soit crédité dans le cadre d’un remplacement. Un contre-pouvoir pensé pour limiter la capacité des studios à disposer des metteurs en scènes.

Ainsi, récemment, c’est Ron Howard qui a été crédité réalisateur de Solo : A Star Wars Story, ne pouvant en partager la paternité, malgré la présence de morceaux importants du film tournés par Phil Lord et Chris Miller. Dans l'autre sens, c'est Bohemian Rhapsody qui restera un film de Bryan Singer, malgré l'arrivée de Dexter Fletcher pour boucler le tournage. Même chose pour Joss Whedon qui a bouclé Justice League, de Zack Snyder. 

Mais tout indique que dans le cas de Casse-noisette et les quatre royaumes, c’est bien un problème d’emploi du temps qui est au centre de l’imbroglio, et non un désaccord humain, artistique ou professionnel en général, comme l’a détaillé Hallström au Hollywood Reporter.

« Ce fut une bénédiction que Joe Johnston intervienne quand il est devenu évident que je n’allai pas être disponible pour le tournage additionnel. Joe est l’expert ultime en effets visuels et j’ai aimé collaborer avec lui sur ce film. »

Preuve que la confiance n’était pas rompue avec le studio : c’est Hallstrom qui a supervisé la post-production des passages tournés par Joe Johnston. Ce dernier est effectivement un metteur en scène rompu à la maîtrise des effets spéciaux, aussi bien physiques que numériques, souvent embauché pour son rapport artisanal à la narration et à l’usage de différentes techniques, lui permettant d’emballer dans le cadre d’un budget modeste des projets assez ambitieux.

Joe Johnston

Réalisateur de Jurassic Park III et du premier Captain America, déjà pour Disney, c’est aussi un connaisseur en matière de sauvetage, puisque c’est lui qui sortit Wolfman des griffes de la catastrophe il y a quelques années, faisant d’un accident industriel annoncé un bel hommage à l’horreur victorienne. Le réalisateur avait ainsi été engagé au dernier moment pour reprendre la production en main, après le départ de Mark Romanek.

A-t-il à nouveau sauvé des eaux du déluge un projet en perdition ?

Quoi qu'il en soit, la Guilde des réalisateurs américains a décidé de reconnaître son ouvrage ET celui de Lasse Hallström, puisqu'à titre exceptionnel, ils seront tous deux crédités comme metteurs en scène.

 Du coup, on ne sait pas si ça ressemblera à ça...