Pour Steven Spielberg, les films qui sortent en VOD et sur Netflix ne devraient pas avoir d'Oscars

Christophe Foltzer | 23 mars 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 23 mars 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Vous avez remarqué ? De plus en plus de réalisateurs prédisent la mort du cinéma depuis 3 ou 4 ans avec, toujours sur le banc des accusés, Netflix. Batailles de vieux cons conservateurs ou vrai propos prophétique ? Steven Spielberg décide de mettre son grain de sel.

Ready Player One sort la semaine prochaine sur tous nos écrans et, si vous nous avez suivi ces derniers jours vous savez certainement tout le bien que l'on pense du nouveau film de Steven Spielberg. Un film qu'il faut évidemment découvrir sur un grand écran avec du gros son pour vraiment se le prendre dans la tronche et qui réaffirme le fait que la cinéma est vraiment une expérience totale dans ces conditions.

 

Photo, Steven SpielbergSteven Spielberg

 

Ce qui nous amène au débat actuel autour des services de streaming et de VOD. De plus en plus de films sortent directement sur des plateformes du type Netflix, ce qui est une bonne nouvelle pour les productions de taille modeste qui n'auraient aucune chance d'atteindre leur public en salles, mais qui, d'après certains spécialistes, pourrait également être fatal au principe même de l'exploitation cinéma si la tendance venait à devenir la norme. Et, parmi tous ces détracteurs, il y a Steven Spielberg, qui vient d'ailleurs de se lâcher sur la question au micro d'ITV News :

"La montée en puissance des services de streaming est clairement un danger très actuel pour tous ceux qui font des films. De moins en moins de réalisateurs vont se battre pour monter un budget, ou pour entrer en compétition à Sundance afin d'obtenir un de ces labels qui leur permettra une sortie en salles. La plupart vont laisser le business de la SVOD financer leurs films avec la promesse d'une toute petite sortie en salles d'une semaine pour les qualifier pour les Oscars."

 

PhotoForcément, directement sur Netflix, ça aurait tout de suite moins de gueule

 

Et pour Spielberg, le problème est bien là. A partir du moment où le film est pensé dès le départ pour une exploitation en SVOD (Streaming Video On Demand), il ne peut pas être qualifié de film cinéma :

"En fait, une fois que vous vous soumettez au format télé, vous êtes un téléfilm. Et certains de ces films méritent des récompenses, oui, mais un Emmy. Pas un Oscar. Je ne pense pas que les films qui ont juste une exploitation en salles pour répondre aux critères de qualification, méritent d'être nommés aux Oscars."

Et Spielberg sait de quoi il parle lorsqu'il aborde le sujet de la télévision, puisque c'est sous ce format qu'il a commencé sa fructueuse carrière. Après, le débat est important évidemment, mais il faut aussi savoir vivre avec son temps et, quoi qu'il arrive, personne ne pourra stopper le virage dans lequel s'est engouffrée l'industrie il y a quelques années. En ce qui nous concerne, on préfère croire qu'au fond, l'industrie trouvera son propre équilibre avec le temps et que cela n'indique pas forcément la mort du cinéma classique. Mais on est un peu naïf aussi, faut dire...

 

Photo Tye SheridanReady Player One, plus qu'un film, une prophétie ?

Tout savoir sur Steven Spielberg

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
eric
25/03/2018 à 15:30

j'adore spielberg , mais il vit dans le même monde que nous ...
Moi le cinéma près de chez moi coute une blinde !!!! Des mongols cries et se battent dans la salle.. Donc deja je suis plus peinard pour voir un bluray ou regarder un film netflix!!
Faut evoluer avec son temps papy spielb ;) . Un film dout avoir les recompenses qu'ils meritent peu importe sa diffusion . (ciné ou tv )

RCXIII
24/03/2018 à 15:22

L'éternel fossé intergénérationnel : si tu demandes aux jeunes, ils te diront sûrement qu'ils n'en ont rien à battre de l'avenir du cinéma, ni de nos références qu'ils appelleront "films de vieux". Par contre ils vont se bidonner comme des otaries bourrées à la bière avec Les Tuches, vibrer avec Black Panther et se palucher sur 50 nuances...
Après il faut bien distinguer les 2 problèmes : d'un côté le danger de la VOD pour l'exploitation en salle, de l'autre la qualité des produits spécifiques aux différents supports. Il faut bien remarquer qu'Hollywood, aux mains d'actionnaires toujours plus frileux, essaye de faire des films les plus consensuels et ratissant le plus large possible, d'où les m*** qu'on se coltine aujourd'hui. Tandis que les chaînes de télé ou VOD, également commandées par des financiers, ont choisi de créer des programmes pour tous les goûts, du plus gnan-gnan au plus extrême, afin de toucher un large public sans faire trop de compromis, avec des budgets et une qualité globale en hausse. Les mecs d'Hollywood feraient bien de penser qu'ils mettent eux-mêmes en péril leur industrie en allouant leurs gros budgets qu'à des films sans saveur. Finalement le pire est que la qualité n'est pas toujours récompensée : Black Panther est dans le top 5 des plus grosses recettes Marvel, pendant ce temps les audiences de Ash vs Evil Dead baissent...alors qui sont les plus c*** dans l'histoire ?

FredFred
24/03/2018 à 09:59

@Dirty Harry
Bravo pour ce commentaire !
J'introduis la nuance c'est que, là où le cinéma ne veut plus proposer de divertissement adulte dans la crainte du non retour coût investissement, une plate-forme comme Netflix le propose.
Regardez donc "Beast of no Nations", par exemple : je ne vois pas en quoi ce film serait considéré comme un téléfilm du seul fait qu'il est proposé uniquement sur Netflix.
Spielberg ferait bien de se souvenir qu'il a commencé sa carrière en tournant des épisodes de Columbo.

rrrrrrrr
24/03/2018 à 09:58

Selon moi le problème est plus profond.

On prend en pleine gueule la question des caméras numériques.

Il y a 20 ans, être réalisateur impliquait une certaine exigence inhérente à la technologie qu'il fallait maîtriser. Filmer sur film est un travail exigeant nécessitant une réelle maîtrise pour produire une photographie de qualité.

Aujourd'hui n’importe qui peut filmer un film sans aucune rigueur, réflexion sur le rendu. Tout sera plus ou moins rectifié en post.

On voit le résultat. Une génération de réals analphabète du médium cinéma (Joss Whedon) qui filment à la va comme je te pousse et en rafistolant au montage et avec la post prod. Ou une génération de tacherons qui ne font pas chier les studio (Brett Ratner :)

J'ajouterais également que la Génération Spielberg est la dernière réelle génération possédant une réelle connaissance et culture générale tout en étant la première génération ayant découvert la télévision.

Aujourd'hui on a des réals sans culture générale et réelle intelligence ou réflexion sur ce qu'ils produisent et qui par conséquent tiennent leur références uniquement de leur culture cinématographique qu'ils ne comprennent pas réellement par manque de clefs pour comprendre correctement les œuvres originales (il suffit de voir les adaptations de gars comme Snyder au hasard et surtout d'écouter ses interviews)

pokpok
24/03/2018 à 00:49

C'est plus un discours de réac ou de snobinard de la part de Spielberg plutôt que de faits basés sur du tangible.

Mindhunters pour prendre l'exemple de maxleresistant, c'est techniquement un film.
D'ailleurs en tronçonnant cette série pour en faire un film de trois heures, personne ne verrait la différence. Ne parlons pas non plus des films qui sortent en salle aux US et qui arrivent pour X raisons chez nous en VOD ou DVD. En traversant la frontière, Ils changent intrinsèquement de standard...........c'est ça?

Et l’excuse bidon pour les récompenses elle pue un peu des pieds, d'autant plus, que rien n'interdit de ressortir un film en salle parce au cas ou un distribué par Netflix aurait eu un oscar après sa petite sortie de qualification. Les Majors le font pour des films oscarisés et ça ne dérange personne. De toutes façon les grandes cérémonies en générale, ce sont de petits arrangement en coulisse, le jour ou les "petits" nouveaux pourront se faire entendre, il y aura sûrement des retombés.

Enfin, il faut rendre à César ce qui appartient au cinéma. Les merdes que l'on voit dans les salles, ça existe depuis perpète et les Majors n'ont pas attendu Netflix pour en faire.

Karlito
23/03/2018 à 22:05

Dans le futur, il y aura une nouvelle récompense qui sera adapté à ce média (un "Spielberg" aprés l'Emmy et l'Oscar?), car malgrés tout, une Vod peut trés bien se passer du grand écran pour la plupart des films. Les appareils sont si divers que l'on peut avoir un écran géant chez soit. L'avenir va aller dans ce sens quand on voit les écrans devenir de plus en plus grands, sans compter les vidéo projecteurs et la VR qui sera la suite de la 3D.

Il y aussi un petit problème de tarif et de diversités. Je trouve davantage de choix et d'interêts (la VO indispensable déjà) avec Netflix qu'avec la télé (Arte reste à part) et le cinéma.

Eddie9Felson
23/03/2018 à 20:51

@dirtyHarry Tout est dit!

Mouille
23/03/2018 à 13:58

il a raison mais aussi il faudrait arrete de faire des téléphones portables , Des tele et des tablettes effectivement ca tue le cinéma ainsi que le streaming ça ferait du bien à notre santé ,à notre intelligence et aussi aux Chinois qui seraient aux chômages

Snoopinette
23/03/2018 à 13:49

On parle pas de TV mais de streaming faudrait aussi verbaliser et supprimer les sites aussi de streaming et aussi Apple Netflix n est pas le seul à qui il faut s attaquer tablette et ordinateur ains que téléphone portable vos jours sont comptés quand aux réalisateurs du fameux films il na vais qu à pas donner son accord de vendre son film à Netflix

maxleresistant
23/03/2018 à 13:44

@cobra2008 oh le beau tas de bétises que je viens de lire...
Mon dieu ces distinctions ont déjà volés en éclat depuis longtemps.... le format n'a plus d'importance dans la distinction TV vs Ciné
Tu as des séries tournées en format ciné, comme mindhunters qui est en 2.20.
Tu as aussi des tas de films qui sont tournés en format 1.85 voir 1.78 (équivalent ciné)

Tout ça n'a plus d'importance, c'est juste une question de choix artistique, tu tournes ce que tu veux comme format, que ce soit au ciné ou à la TV.

Netflix n'impose qu'une seule chose dans le cahier des charges de ses productions, un master 4K, et ils recommandent certaines caméras qui remplissent les critères de qualité, mais tu peux tourner en 1.78, 1.85, 2.20, 2.35, en couleur, en noir et blanc, en vidéo, en pellicule (évidemment convertis en numérique 4k minimum par la suite) etc etc.

Plus