Festival de Saint-Jean-De-Luz : Jour 2 - grosse journée

Christophe Foltzer | 5 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 5 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On continue notre petit journal de bord du Festival International du Film de Saint-Jean-De-Luz, consacré aux premiers et deuxièmes films, avec une journée numéro 2 riche en émotions et en surprises.

Oui, hein, comme quoi, il n'y a aucune raison de faire nos timides, quand on veut quelque chose, il faut se faire entendre. Nous, ce qu'on voulait, c'était le soleil et après une première journée honteuse sur ce plan, définitivement pas à la hauteur d'un tel évènement avec son ciel gris et sa pluie, le soleil a enfin fait son grand retour. Et du soleil, il en fallait pour nous accueillir à la sortie de chaque film parce que là, les amis, nous sommes passés par à peu près toutes les émotions possibles et imaginables.

 

Photo L'enfant de GoaL'enfant de Goa

 

L'enfant de Goa :

Le premier film de l'indien Miransha NaIk ne choisit pas la facilité puisqu'il nous propose de faire connaissance avec une petite communauté d'immigrés indiens à Goa, totalement soumis à leur marchand de sommeil, Juze. Santosh, adolescent qui vit avec sa grand-mère après un drame familial, essaye de se faire sa place au quotidien, entre premiers amours, école, travail forcé, coups de bâtons et envie de se rebeller. Si le film est au final très classique dans sa construction et qu'il ne s'y passe à priori rien de très original, L'enfant de Goa surprend immédiatement par son ton adulte et sans concessions, une recherche d'authenticité voulue jusque dans ses comédiens puisque le film fait appel à des amateurs. e long-métrage ne nous épargne rien sur le parcours de Santosh et la peinture de cet univers très soudé d'un point de vue communautaire mais blindé des pires choses une fois le rideau baissé. Manipulations, corruption, esclavage sexuel, difficile de se construire un avenir dans ses conditions et la grande réussite du film est justement de nous proposer cet univers avec le plus grand naturel qui soit, sans aucun jugement sur ses protagonistes, chacun évoluant entre ombre et lumière. Si le film se permet quelques longueurs et un rythme parfois un peu ralenti, il n'en reste pas moins très réalisé et tenu du début à la fin. Bref, un bon premier film qui laisse entrevoir un fort potentiel chez son réalisateur.

 

Photo Diane a les épaulesDiane a les épaules

 

Diane a les épaules :

Alors, changement de registre immédiat puisque l'on passe dans le domaine de la comédie, mais de la vraie bonne comédie par contre; Le premier film de Fabien Gorgeart est une petite merveille de sensibilité avec cette histoire de jeune femme un peu déglinguée qui décide de devenir mère porteuse pour ses amis homosexuels sans pour autant penser aux conséquences. Diane a les épaules nous permet donc de suivre cette grossesse et l'impact qu'elle a sur Diane, interprétée de façon magistrale par Clotilde Hesme. Nous ne sommes pas surpris d'apprendre que le film a été écrit spécialement pour elle tant elle est à l'aise sans nous proposer un show exagéré ou outrancier mais probablement sa meilleure interprétation à ce jour. Nous la découvrons comme une actrice comique magistrale, dans un film qui étonne par son intelligence et sa justesse humaine et qui ne sacrifie jamais son fond très mélancolique à un rire facile. Beau, sensible, intelligent, émouvant et drôle, Diane a les épaules est notre premier coup de coeur du festival et on croise les doigts pour qu'il ne reparte pas les mains vides. (Prix d'interprétation pour Clotilde Hesme minimum quoi).

 

Photo Jusqu'à la gardeJusqu'à la garde

 

Jusqu'à la garde :

On parlait à l'intant de coup de coeur, voici le second sauf que, celui-là, on l'a pris dans la gueule. Prix de la mise en scène au dernier festival de Venise, Jusqu'à la garde de Xavier Legrand est une histoire simple en apparence, mais qui vous prend aux tripes dès son premier plan. Alors qu'un couple se déchire dans le bureau d'un juge pour sceller les derniers accords de son divorce, Julien, 11 ans, ne veut plus revoir son père. Lorsque la décision de justice l'oblige à une garde alternée, il retrouve son paternel... et la peur. Nous n'en dirons pas plus sur l'intrigue parce que, si elle ne joue pas sur la carte du gros twist final, elle mise néanmoins sur une certaine ambiguïté qu'il ne vaudrait mieux pas déflorer. Sachez simplement que Jusqu'à la garde est un film coup de poing, servi par des acteurs remarquables (Léa Drucker, Denis Ménochet évidemment, mais surtout le jeune Thomas Gioria, époustouflant de naturel), avec une mise en scène qui n'a pas usurpé son prix récent à Venise, se servant des codes du thriller, et même du film d'horreur, pour un résultat très, très déstabilisant et tétanisant dans sa dernière partie. On préfère donc ne pas trop s'étendre sur ce petit bijou noir qui, en dépit d'une installation quelque peu laborieuse, vous saisit par les tripes, vous retourne le coeur, vous gifle en riant et vous laisse à terre sans même prendre la peine de dire au revoir. Du grand, non, du très grand cinéma sensible.

 

Après une journée aussi chargée émotionnellement, on avait bien mérité les quelques coupes de champagne et autre joyeusetés locales qui nous font sentir privilégiés l'espace d'un instant mais nous promettent des lendemains difficiles. Et ça ne loupe pas, à chaque fois. Pourtant, on a toujours le même sourire, même si on n'a pas beaucoup dormi. Ca doit être parce qu'on est content d'être là et de voir autant de films de cette qualité. A suivre donc...

 

Photo FIF st jean de luz

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