Najarra Townsend, interview avec une infectée craquante

Laurent Pécha | 30 mai 2013
Laurent Pécha | 30 mai 2013

Au marché du film de Cannes cette année, on a découvert Contracted, petit film d'horreur à l'efficacité redoutable (lire notre compte-rendu).  Sur le mode du virus qui se propage, le film d'Eric England fait vivre trois jours en enfer à sa jeune héroïne, qui a contracté "quelque chose" après avoir eu un rapport sexuel non protégé avec un inconnu. Le film, particulièrement graphique et éprouvant (vous n'êtes plus prêts d'oublier votre capote en sortant le soir), met en vedette une jeune comédienne, Najarra Townsend, qui se révèle absolument superbe. Elle est dans tous les plans du film ou presque, et ce dans des conditions extrêmes. Enthousiasmés par sa performance, on a cherché à la contacter. Et c'est via facebook que l'on a pu trouver sa trace. L'occasion de découvrir qui se cache derrière celle que l'on estime être une sacré actrice. En espérant que la demoiselle perce très vite dans la jungle hollywoodienne. 

(c) Patrick McGinley

En France, personne ne vous connaît puisqu'aucun de vos films n'a été distribué. Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

Je suis née à Santa Barbara en Californie. J'ai commencé à faire du théâtre quand j'avais 3 ans. Puis à l'âge de 8 ans, j'ai tourné dans des films et des publicités. Toute ma vie a toujours tourné autour du métier d'actrice et je ne voudrais pour rien au monde que cela change. J'adore mon travail !

 

Quels sont vos modèles ?

Je suis une grande fan de Vera Farmiga et Ben Foster. Ce sont incontestablement mes deux comédiens préférés. J'apprécie aussi beaucoup Juliette Lewis, Joseph Gordon-Levitt, Kate Winslet, Bryan Cranston... Je pourrais continuer ainsi longtemps. Il y a tellement de gens talentueux à Hollywood.  

(c) Busaba Photography

Contracted repose presque entièrement sur vos épaules. Vous êtes dans pratiquement tous les plans du film. Pouvez-vous nous parler du défi que cela réprésentait et comment vous avez obtenu ce rôle ?

En 2009, j'ai tourné un court-métrage avec Matt Mercer, qui a co-produit Contracted et qui joue aussi le rôle de Riley. Nous sommes restés en contact et en mars 2012, Matt m'a demandé si cela m'intéresserait de venir sur un film qu'il produisait. J'ai bien évidemment répondu favorablement. J'ai fait les essais puis j'ai rencontré le réalisateur, Eric England et les autres producteurs de Contracted. Et ils m'ont fait confiance. Je ne pouvais pas être plus excitée. Quand j'ai lu le script, je me suis sentie instantanément proche du personnage de Samantha. Un peu comme si c'était un rôle qui m'était destiné. Alors, bien sûr, il s'agissait de quelque chose d'extrêmement dur à jouer, et c'était vraiment effrayant mais l'excitation et le désir de l'interpréter à l'écran ont fait disparaître toute peur ou appréhension que j'ai pu avoir.

 

Parlez nous de votre collaboration avec le réalisateur, Eric England ?

C'était la première fois que je travaillais avec lui. Dès la première rencontre, je l'ai apprécié. Nous nous sommes parfaitement entendus du premier coup. J'ai eu l'impression qu'il me connaissait depuis longtemps. Cela m'arrive d'avoir du mal à mettre des mots sur ce que je ressens. Ce ne fut jamais un problème pour Eric qui semblait toujours me comprendre. On appelle ça un réalisateur de rêve (rires). Comme on dit, c'est un réalisateur qui aime les acteurs. A chaque fois que j'ai eu du mal à trouver l'inspiration, il prenait toujours le temps pour que l'on discute et que l'on trouve ce qui clochait. J'étais toujours en sécurité avec lui. Je suis très honorée d'avoir pu travailler avec lui.

 

Vous me dîtes que vous compreniez votre personnage, que vous vous sentiez proche d'elle. Dans quel sens ?

C'est vrai qu'elle m'est très familière. Elle a ses démons intérieurs, elle se sent pas en sécurité, elle doute énormément et ça, je ne le comprenais que trop bien. Bien sûr, tout ce qu'elle subit durant les trois jours que dure le film, ne peut être que de l'ordre de l'imaginaire. Le but était de rendre crédible ses peurs, ses douleurs et son déni afin que le public y croit. Et visiblement, cela fonctionne (rires).

Quels ont été les moments les plus difficiles à jouer ?

Ah ça, c'est une évidence : toutes les séquences où j'ai du porter des lentilles de contact. Ce fut souvent très dur à tel point que de nombreuses fois, je ne voyais strictement pas où je marchais. Jouer ce personnage impliquait une telle charge émotionnelle qu'il était aussi extrêmement compliqué de le quitter en fin de journée. On peut dire que durant tout le tournage, soit un mois, j'étais particulièrement émotive (sourire).

 

Il y a le script que l'on lit, celui que l'on tourne et celui qui est monté. Et souvent, ce n'est pas la même chose. Qu'en est-il pour Contracted ?

C'est si vrai. Il y a une énorme différence entre ce que j'ai lu, ce que j'imaginais et le résultat final. Eric avait une vision et ce fut la bonne. J'ai adoré. J'ai vraiment eu l'impression que l'on tournait un film intime vraiment sympa.

 

Avez-vous des regrets sur le film ?

Non. Ce fut l'une des meilleures expériences de ma vie. Quoiqu'il arrive au film, la manière dont il sera perçu, j'ai adoré en faire partie. A la fin, c'est tout ce qui compte.

(c) Patrick McGinley

Dans notre critique du film, on vous a comparé à un croisement improbable entre Rooney Mara et Tilda Swinton.  Une réaction ?

Je trouve que ce sont deux femmes particulièrement agréables à regarder. Donc, je vous remercie énormément (sourire).

 

Si on vous dit que le film peut être vu comme une publicité idéale pour le sexe protégé, vous êtes d'accord ?

Effectivement, je l'ai déjà entendu et je le comprends parfaitement.

 

Au marché du film, on a pu voir de nombreux films où les femmes dites "faciles" étaient punies de manière souvent brutale ou horrible. Est-ce dû à une vision masculine, presque misogyne ?

Tout d'abord, Samantha n'est pas une fille facile. C'est une jeune femme vulnérable, en plein doute et qui finit par coucher à cet homme parce qu'elle est aussi bien bourrée. Une mauvaise combinaison en quelque sorte. J'ai l'impression que notre société fait bien plus attention à la sexualité des femmes. On est plus sous les feux des projecteurs. La manière dont les femmes vivent leur sexualité est nettement plus sensible que pour des hommes. On passe ainsi bien trop facilement de quelque chose de respectable à une situation trash. J'ai conscience de cet état de fait mais j'ai aussi la conviction que cela change petit à petit et que cela ne va pas s'arrêter.

 (c) Patrick McGinley

On dit souvent que les films d'horreur sont les parfaits réceptacles pour faire passer un message politique ou social...

Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit pour être honnête. Je pense plutôt que tous les genres de films peuvent permettre de tels messages. 

 

Quels sont vos films d'horreur préférés ?

Choisir mon film d'horreur préféré, voilà bien un truc que je suis INCAPABLE de faire. J'adore le genre. Qu'ils soient bons ou mauvais, les films d'horreur sont toujours amusants à regarder. J'adore 28 jours plus tard par exemple. Je suis fan de classiques comme Shining, Rosemary's baby ou encore Les Griffes de la nuit (pas le remake bien sûr).

 

Si vous pouviez choisir les acteurs avec qui tourner et le metteur en scène pour le faire.

Je tuerai pour donner la répliquer à Vera Farmiga. Je la trouve phénoménale et envoûtante. Ce serait également un rêve de pouvoir travailler avec Meryl Streep. Mais qui dirait le contraire ?  C'est une légende vivante. Il n'y aurait plus qu'à espérer qu'un peu de sa sagesse et grandeur déteigne sur moi. En ce qui concerne le réalisateur, comme je suis une immense fan de JJ Abrams, ce serait trop cool que ce soit lui. Qu'il soit le réalisateur ou simplement le scénariste, je serai trop excitée. Mais la liste ne s'arrête pas là, elle est même infinie. Il y a tant de cinéastes qui me fascinent, à commencer par Tarantino, Spielberg ou encore Lynch.

 (c) Christine Sara Photography

Est-ce que Hollywood est un milieu difficile pour les femmes et notamment les actrices ?

Quelque soit son sexe, Hollywood est un endroit dur.

 

Quels sont vos prochains projets ?

J'ai un film l'an prochain qui va faire le tour des festivals. Cela s'appelle Good mourning Lucille. C'est une comédie noire, c'est très différent de Contracted. J'ai également tourné dans 4 courts-métrages et quelques publicités. Donc, vous devriez pouvoir continuer à me voir encore un peu (sourire). Et n'hésitez pas à me retrouver sur Imdb (www.IMDB.me/najarra), Facebook (www.facebook.com/najarratownsend) et twitter (@najarra).

 

Cliquez sur l'affiche pour lire notre chronique de Contracted 


 

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