Kathy Bates : Interview carrière

Laurent Pécha | 8 avril 2013
Laurent Pécha | 8 avril 2013

Lors du 5ème Festival du Film Policier de Beaune où elle recevait un hommage archi mérité et très émouvant, Ecran Large a rencontré l'actrice Kathy Bates. L'occasion de revenir sur une carrière dense, remplie de hauts et de bas. De  Misery qui lui permis de remporter l'Oscar de la meilleure actrice à Titanic, en passant par la série Harry's Law et bientôt la saison 3 d'American Horror Story, Kathy Bates s'est confiée sur le métier d'acteur à Hollywood et sur un parcours chaotique qui laisse planer quelques regrets.

Le passage du théâtre au cinéma a été des plus difficiles. Alors que vous aviez triomphé sur scène avec la pièce Goodnight mother, l'adaptation cinématographique s'est faite sans vous.

J'étais très triste, même si Sissy Spacek, Anne Bancroft et Ed Berke ont beaucoup de talent. J'ai une véritable histoire avec cette pièce, et je regrette que ma prestation n'est pas été filmée à l'époque. Quand il a été question de l'adapter au cinéma, les producteurs n'ont pas eu confiance en nous. D'après eux, pour que le film voit le jour, il fallait que des stars intègrent le casting. Quand j'ai su que je ne ferais pas partie de l'aventure, j'ai eu le coeur brisé...

 

Mais la vie est faite de hauts et de bas puisque pour Misery, vous avez eu la chance que de nombreuses actrices comme Anjelica Huston ou encore Bette Midler aient refusé le rôle d'Annie Wilkes.

Je me souviens qu'à l'époque, un ami m'avait passé le livre et il m'avait dit : « Ils vont faire une adaptation du roman et tu devrais la faire ». De mon côté, je n'y croyais pas du tout et c'est un peu par miracle que je suis arrivée sur le projet. A l'époque, je jouais au théâtre avec Elisabeth McGovern, et il se trouve que Rob Reiner (le réalisateur de Misery) était son petit copain à cette période. C'était un véritable fan de théâtre et il possédait sa propre boîte de production (Castle Rock). Il n'avait donc de compte à rendre à personne et c'était le seul maître à bord pour m'engager. J'ai rapidement fait quelques essais et il m'a dit que je pouvais appeler ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle.

 

Stephen King a eu une grande importance dans votre vie ?

Tout à fait, Stephen King a écrit des personnages merveilleux pour les femmes. J'ai adoré incarner Dolores Claiborne et j'aurais aimé que les Oscars récompensent le film comme ils l'avaient fait pour Misery. C'était un superbe livre et l'adaptation de Tony Gilroy était quelque chose d'énorme. Je suis vraiment fier de ce film, c'est peut-être mon préféré.

 

Plus que Misery ?

Oui, parce que je jouais un personnage à deux époques différentes, c'était un véritable challenge. C'était mon rôle à la Mery Streep ! (rire).

Justement, c'est étonnant et même triste qu'après un Oscar de la meilleure actrice, vous n'ayez pas pu obtenir d'autres premiers rôles d'importance.

Vous savez, les choses sont comme ça. J'ai toujours cherché un excellent film à faire après Misery mais si je devais tout recommencer, je pense que je retournerais au théâtre. Lorsque j'ai rencontré Stephen King pour la première fois, il m'a dit : « Suis ton instinct ». Il avait raison.

 

Vous ne pensez pas que cela vient aussi du fait que les rôles de femmes, qui s'écartent des canons de beauté à la mode, sont plus difficiles à trouver à Hollywood ? Ou alors ils finissent tous par être interprétés par Meryl Streep ?

(Rire). Si on lui donne ces rôles là, c'est pour une bonne raison. J'ai été soufflée la première fois que je l'ai vu en Margaret Thatcher. C'est une actrice qui a eu une carrière impressionnante et des rôles moins bons, comme tout le monde. Mais ne vous méprenez pas, je suis très heureuse de mon parcours, mais un peu plus de challenge dans ma carrière n'aurait pas été de refus.

Vous avez aussi été la star de la série Harry's Law pendant deux ans, est-ce que la télévision vous a offert plus de reconnaissance que le cinéma ?

Oui et non. C'était un personnage très intéressant et j'en veux d'ailleurs toujours à NBC d'avoir annulé la série si tôt. On avait tout de même plus de 8 millions de téléspectateurs. Mais vous savez, on travaille très vite à la télévision, et on n'a pas le temps de préparer son personnage comme au cinéma. Moi je travaillais 7 jours sur 7 à apprendre mon texte, je n'avais pas de vie ! C'était vraiment difficile pour moi d'appréhender mon personnage dans Harry's Law, même si ça s'est un peu amélioré avec la saison 2. Au final, je suis vraiment déçue par NBC de pour son manque de respect vis-à-vis de notre public fidèle.

 

Par contre, votre participation à la série Six feet under, en tant qu'actrice mais aussi réalisatrice, a du vous combler. 

(grand sourire). C'est le moins que l'on puisse dire. Ce fut une expérience si enrichissante. Et quel show ! Vous vous rappelez les dix dernières minutes du dernier épisode de la série. Quelle émotion ! Ce fut vraiment un honneur d'avoir pu y participer et d'avoir contribué modestement à sa réussite. 

 

Vous allez tout de même revenir à la télévision dans la saison 3 d'American Horror Story. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?

Je ne peux rien vous dire malheureusement, sauf que je vais retrouver Jessica Lange. On se connait depuis des années et on est amies maintenant. Lorsque j'ai vu la première saison d'American Horror Story, j'ai fait pression sur elle pour qu'elle m'intègre dans la série. Ce qu'elle a fait, puisque le créateur Ryan Murphy m'a téléphoné en janvier dernier. J'étais comme une enfant lorsqu'il m'a raconté l'histoire de cette saison 3. J'étais tellement excitée à l'idée de jouer ce personnage que j'ai tout de suite dit oui.

Vous avez dit qu'à votre mort, on fera avant tout référence à votre rôle dans Misery, il ne faudrait pas oublier celui de Titanic.

C'était tellement énorme de faire partie de ce film. Le tournage n'était pas forcément facile, puisque que comme le paquebot a coulé la nuit, nous devions tourner énormément de plans nocturnes. Je suis vraiment fier de faire partie de ce film.

 

Enfin, quel est votre méchant préféré dans l'histoire du cinéma ?

Le plus récent pour moi serait le personnage de Leonardo DiCaprio dans Django Unchained. Il est vraiment sensationnel. C'est vraiment dommage qu'il n'est rien reçu aux Oscars pour sa performance. La première fois que je l'ai vu sur le tournage de Titanic, je me suis tout de suite dit que ce gamin avait un don pour le cinéma. Et si je devais en choisir un autre, je dirais Robert Mitchum dans La nuit du chasseur. C'était vraiment un méchant iconique .

 

Retranscription et mise en forme par Adrien Léger.

Remerciements au public système cinéma et en particulier à Céline Petit.

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