Welcome to the Punch : le réalisateur Eran Creevy nous dit tout

Adrien Léger | 5 avril 2013
Adrien Léger | 5 avril 2013

Après Shifty, son premier film sorti en 2008, le réalisateur anglais Eran Creevy revient avec Welcome to the Punch, un polar sous acide qui dérouille. Doté d'un budget plutôt conséquent, il s'est offert les services de grands noms comme James McAvoy, Mark Strong ou encore David Morrissey. A l'occasion de la 5ème édition du Festival du Film Policier de Beaune, nous avons pu poser quelques questions à ce londonien accro aux films hollywoodiens.

Quelle est la plus grosse différence entre votre premier film et le second ? Car on a l'impression que ce n'est plus du tout le même réalisateur aux commandes.

(Rire). Vous savez, mon premier film (Shifty) est semi-autobiographique. Ça parle de l'endroit où j'ai grandi et des gens de ma jeunesse. Shifty n'avait pas besoin d'un style « glossy » ultra léché, alors que Welcome to the Punch se devait d'être moins réaliste. Comme j'ai toujours été fan de comics, de romans graphiques et de thrillers, je voulais vraiment un style différent pour ce film. A la base, Welcome to the Punch devait être beaucoup plus réaliste, un peu dans le genre de la série Sur écoute (The Wire). Mais au final, on s'est vite dirigé vers un Londres un peu futuriste, dans l'esprit Blade Runner. Et si l'on doit comparer les deux films, les personnages de Shifty et Welcome to the Punch n'existent pas dans le même univers, au même titre que ceux de Kill Bill n'existent pas dans Reservoir Dogs. Welcome to the Punch ressemble plus à du John Woo de la fin des années 80, début 90, où l'on tire 100 balles à la minute.

Vous avez dit vous être inspiré du travail de Tony Scott pour Welcome to the Punch. A quel niveau ?

Oui, c'est totalement vrai. Vous savez en Angleterre, les lieux de tournages sont assez restreints et il n'est jamais facile de donner du sens à l'unité de lieu. Je me suis beaucoup inspiré de Spy Game par exemple. Dans ce film, on trouve des scènes sur un toit, à la terrasse d'un café, filmées à partir d'hélicoptères. Tony Scott repoussait à chaque fois les limites du décor. Pour Welcome to the Punch, on se demandait ça à chaque fois : "Pourquoi cette conversation doit-elle avoir lieu ici, maintenant ?". Tout en restant logique bien entendu.

 

Comment êtes-vous arrivé à produire Welcome to the Punch après votre premier film ?

On a fait Shifty pour 100 000 livres et à l'écran on voulait faire croire qu'il coûtait beaucoup plus que ça. Pour Welcome to the Punch, c'est la même chose. On a eu un budget conséquent de 5 millions de livres, mais on a aussi essayé de faire croire à l'écran qu'on en avait 15 millions. La recette ne change pas, seuls les acteurs et les décors sont plus importants. On garde la même façon de travailler.

Cela n'a-t-il pas été trop difficile de convaincre Ridley Scott de produire le film ?

Sa boîte de production Scott Free cherchait à faire un thriller d'action basé à Londres. On a donc envoyé le scénario à Ridley Scott, qui a regardé mon premier film et a tout de suite compris mes ambitions pour Welcome to the Punch.

 

Dans votre film, la ville de Londres a une couleur très particulière.

Vous savez, quand je faisais le film, j'ai regardé beaucoup de Wong Kar-Wai (2046, In the Mood for Love). C'est un réalisateur qui n'est pas littéral quand il dévoile une ville, il vous montre simplement une palette de couleurs. Dans 2046, vous avez l'impression que c'est une ville dans le futur. Pour Welcome to the Punch, on n'avait pas besoin de montrer Big Ben ou le London Eye pour que l'on comprenne qu'on est à Londres. C'est donc une sorte de Londres alternatif, qui se débarrasse de tout ce qui représente cette ville en général. Il fallait que ce soit international, et l'on pourrait très bien croire que l'action se déroule à Tokyo ou New-York.

On dit souvent que le scénario évolue à chaque étape du film.

Lorsque l'on était au montage de Welcome to the Punch, le film durait 30 minutes de plus. J'ai donc dû apprendre à monter un film que j'ai tourné et non celui que j'ai écrit. Il fallait couper pas mal de trucs dans le film, mais cela m'a permis de réaliser que la notion de temps était très importante dans le film. Ça se passe maintenant et tout de suite entre les deux protagonistes. Je ne sais pas si c'est la meilleure décision, mais j'ai décidé de donner encore plus de rythme au film lors du montage. En espérant que ça marche !

Il faut aussi préciser que les réalisateurs de ma génération ont grandi avec des films hollywoodiens, donc il arrive un moment où vous voulez faire la même chose dans votre pays. Mais ce n'est pas facile. La presse anglaise a été beaucoup plus dure avec moi pour Welcome to the Punch que sur Shifty. Les anglais ont un peu de mal avec Hollywood.

Vous avez l'avantage de la langue anglaise pour tourner des films hollywoodiens. Ce n'est pas le cas en France.

Certes, mais Welcome to the Punch n'a pas été facile à sortir dans les cinémas américains. Il n'y a eu que très peu de copies, à cause de l'accent anglais. C'est encore une petite barrière pour eux.

 

Enfin dernière question, pouvez-vous me donner vos cinq films préférés ?

Vous savez quoi, je vais vous donner mon top 5 de mes films d'action préférés. Mon cinquième serait Le marin des mers de Chine avec Jackie Chan. Le quatrième A toute épreuve de John Woo. En troisième position Rambo. Predator pour le deuxième et Piège de cristal en premier. Ce sont les films que je regardais quand j'étais gamin.

 

Photo de  Eran Creevy

Interview faite par Laurent Pécha

Retranscription et mise en forme par Adrien Léger

Remerciements à Sylvie Legrand de Seven 7

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.