Rencontre avec Eran Riklis, le jardinier de Zaytoun

Damien Virgitti | 27 février 2013
Damien Virgitti | 27 février 2013

 

Après Les citronniers, le réalisateur Eran Riklis récidive et plante à nouveau une graine d’espoir et de paix pour éclairer le conflit israélo-palestinien. Dans Zaytoun (l’olivier, en arabe) qui sort ce mercredi 27 février, il réussit même à embarquer Stephen Dorff, star du cinéma d’action habituellement relégué au rayon des DTV, dans un drame intimiste sur fond de guerre au Liban pendant les années 80. Le jardinier de ce beau brin de film nous en dit plus sur cette rencontre étonnante avec l’acteur américain et comment il concilie cinéma et message politique au sein de son œuvre.

 

Zaytoun, c’est d’abord l’histoire d’un casting inhabituel. Comment avez-vous réussi à réunir la star du ciné d’action Stephen Dorff et le jeune inconnu Abdallah El Akal ?

J’avais déjà fait tourner Abdallah sur un court-métrage intitulé A soldier and a boy. Cela racontait l’histoire d’un jeune palestinien poursuivi par les soldats, un peu comme ce qui est montré au début de Zaytoun. C’est amusant parce que le titre même du court-métrage ressemble aussi à la relation qui unit les deux héros de mon film. J’ai repris Abdallah parce qu’il possède à la fois cette intelligence et cette naïveté dans le regard, cette force et cette fragilité qui correspondaient au rôle.

Pour celui du pilote, il me fallait un nom pour garantir la solidité du projet, mais je n’ai pas tout de suite pensé à Stephen Dorff. Il ressemble pourtant à de nombreux pilotes que j’ai connus mais a en même temps ce physique très californien. C’est son rôle dans Somewhere, de Sofia Coppola, qui m’a fait reconsidérer les choses. On découvrait tout d’un coup qu’il était capable d’interpréter des rôles plus complexes que dans Blade ou Les immortels. Pour Zaytoun il a tout de suite été très volontaire. Il a passé beaucoup de temps à apprendre l’accent israélien. Je pense qu’à 40 ans, il est prêt à aborder un nouveau tournant dans sa carrière, mais cela reste difficile pour lui car on le catégorise très vite. J’espère justement que ce film l’aidera dans cette voie car il le mérite. Je suis en effet très content de ce que les deux ont apporté au film.

 

Les citronniers, l’olivier… Comment expliquez vous que l’arbre soit un symbole récurrent dans vos films ?

Tous les conflits concernent le plus souvent la bataille pour une terre. Et l’arbre en est souvent l’une des premières victimes symboliques. Il représente souvent le fruit de la guerre mais aussi les racines d’un peuple. C’est donc une image naturelle pour illustrer ce qui arrive à mes personnages.

Dans Zaytoun, il a cette scène où l'enfant veut à tout prix récupérer son rameau d’olivier au milieu d'un champ de mines. Il est prêt à braver le danger car cet arbre représente à la fois pour lui son identité et ses origines. C’est là l’un des points de départ où le soldat israélien et l’enfant vont commencer à s'apprivoiser.

 

Vous dites souvent que vous ne faites pas à proprement parler de "films politiques". Mais en prenant place dans des contextes aussi chargés, comment évite t-on le film engagé ?

Le sujet de mes films reste toujours centré sur les gens qui souffrent des conséquences de ces guerres, plus que le conflit en lui-même. Ce sont les rapports humains dans ce contexte qui m’intéresse. Ce cadre m’oblige à aborder les relations de mes personnages de la manière la plus réaliste possible. Pour Zaytoun, on a beaucoup discuté de la fin du film pour savoir comment clore cette relation de la manière la plus authentique, tout en restant dans le contexte de l’époque où l'on ignorait tout de la guerre au Liban. C’est un cadre qui me permet de toucher au plus profond de la vérité de mes personnages.

 

Vous êtes déjà en plein tournage de votre prochain film. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je continue de traiter la question de l’identité, mais cette fois ci dans un registre totalement différent : celui de la comédie. Le scénario est écrit par Sayed Kashua, journaliste assez connu par chez nous et donc en mesure d’aborder avec le plus de recul notre réalité. Le film s’intitulera Dancing arabs et on y retrouvera des acteurs déjà vus dans mes films comme Yael Abecassis et Ali Suliman. Cela parlera essentiellement d’un étudiant israélien qui prend l’identité d’un de ses camarades juifs pour rentrer dans l’école qui l’intéresse et comment il fait pour concilier ses deux identités.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.