Conférence de presse Die Hard 5

Jérémy Ponthieux | 15 février 2013
Jérémy Ponthieux | 15 février 2013

Cette histoire commence au début du mois de février. Le bigophone portable sonne, c'est le sieur Pécha à l'autre bout : « dis, ça t'intéresse la conférence de presse de Die Hard 5 ? Y'aura Brucie qui sera là pour répondre aux questions ». Premier réflexe, prendre le temps de bien calculer cette proposition, afin de peser le pour et le contre. Le pour ? Une expérience vierge d'antécédents, de possibles anecdotes croustillantes sur cette pentalogie pour le moins inégale, John McClane en chair et en os, un récit épique pour la mamy Mado. Un contre ? Allez savoir si le cerveau calcule parfois mal son coup, si l'évocation d'un mot peut désinhiber jusqu'au sens des autres qui l'accompagnent, en tout cas, c'est un grand oui sans ombrage qui s'impose en chef d'état major, relayé par une bouche qui transmet illico presto la décision. Ni une, ni deux, voilà t'y pas que le rendez-vous est fixé au 15 février 14h30 tapantes, au Royal Monceau, sur l'avenue Hoche (vérifiez sur Google Maps si un doute subsiste).

Stylo en poche et carnet truffé de questions bien calé sous les aisselles, le jour J est arrivé. Déboulant avec une arrogante assurance au 47, avenue Hoche - ce qui fera déjà bien rire les habitués du luxueux hôtel qu'est le Royal Monceau - une bien gentille réceptionniste m'explique que le lieu de rendez-vous n'est pas là, ce que j'aurais dû déduire à l'apparence très hall d'entreprise du lieu, si je n'avais pas les yeux embués à l'idée de croiser le terrifiant regard du chauve le plus mondialement célèbre après le Dalaï-Lama. Ni une ni deux, les pieds suivent une marche haletante afin de compenser le retard et rattrapent ce haut lieu du raffinement dans lequel on se sent forcément un peu à l'étroit, simple mortel pour qui une bouteille de champagne un samedi soir peut s'apparenter à un mousseux grand cru. La sécurité passée et un appareil de traduction instantanée en main (qui d'ailleurs, ne servira finalement à rien), un siège bien douillet vous accueille, alors même que les chaises des invités au centre de la scène sont encore vides.

Ils le resteront ainsi pour une bonne demi-heure, puisqu'un bon petit retard est aussi le lot de ces promotions-marathons, où l'on se déplace de salle en salle afin de parler cinéma, mais pas que. Quand soudain, voilà la porte du fond qui s'ouvre, laissant entrevoir une apparition à la fois fantastique et fantasmée, une vision qui n'a plus d'écran pour temporiser : Bruce Willis is here. Le vrai, le seul, celui qui aura tant bercé les yeux de millions de cinéphiles, tout en n'oubliant pas de les laisser sur les bords de la route à plusieurs reprises. Il n'est pas venu seul mais s'accompagne de Jai Courtney, jeune australien pour qui le premier grand rôle américain consiste à n'incarner ni plus ni moins que le fils de McClane lui-même, j'ai nommé Jack de son état. Les deux prennent place à leur siège respectif, et la conférence, oscillant entre piques désabusées et langue de bois d'usage, peut enfin commencer.

« A family drama », voilà les mots qu'utilise Bruce Willis pour qualifier la franchise Die Hard, quand on lui demande d'en contextualiser l'importance. Pour lui, il faut d'abord « travailler à aller contre le spectacle hollywoodien et les explosions, afin de raconter d'abord une bonne histoire familiale ». Pour autant, réagissant à l'aspect dit métaphorique de sa saga d'action, Willis répond un peu à côté : « Die Hard, c'est un peu comme un grand-huit, où l'on passe à travers des boucles fortes en sensations. Il s'agit d'abord d'un divertissement, qui a pour particularité de faire souffrir son protagoniste central. » Quand on lui demande la raison qui le pousse à revenir encore à cette saga, l'acteur explique « qu'il s'agit de faire toujours mieux que le film précédent, dans une sorte de compétition qui l'engage face une version plus jeune de lui-même. C'est aussi une occasion unique pour un acteur, que de se voir vieillir en incarnant le même personnage ». Définissant McClane « comme un homme qui croit tout connaître », il souligne combien le tournage de ce dernier opus faisait office de « summer vacation », avec son équipe technique au point et son ambiance top moumoute. Ce que semble confirmer Jai Courtney, dans une utilisation démesurée du mot « fun ».

 

Courtney, fort d'un accent australien à couper au cordeau, explique « que la pression due à l'héritage de la saga ne lui a pas pesée tant que ça, puisqu'il a abordé son rôle comme il les a toujours abordé : avec du travail ». L'important pour les deux hommes « était d'avoir des personnalités à la fois complémentaires mais se livrant à un conflit réel, afin de créer une dynamique intéressante ». Interrogé sur l'avenir de la saga, Willis soutient « que la retraite de McClane serait une fin logique, qui devra arriver un jour ou l'autre ». Si il ne révèle rien sur un éventuel pitch pour le sixième épisode (suite à sa déclaration sur internet qu'il gratifie de « phrase édictée pour faire plaisir à la Fox »), il donne une date de sortie - 2015 - qu'il juge être crédible, mais pas définitive. Il envoie aussi une petite pique au studio, qu'il décrit comme « bienheureux que McClane ait pu rester en vie aussi longtemps ». Enfin, il s'exprime sur l'absence de McTiernan, qu'il remercie d'avoir autant aidé à son statut d'action man, et avec lequel il aimerait retravailler une fois ses problèmes personnels réglés.

 

Enfin, Brucie s'exprime sur sa carrière, et sur ses choix en général. Il formule d'abord sa réticence à opter pour la mise en scène : « c'est le plus dur travail de l'industrie. Il faut être le premier levé et le dernier parti le soir. Faire l'acteur est plus facile, et ça me permet de créer à partir de moi plutôt de tout donner à une œuvre toute entière. Ca ne me parle pas pour l'instant ». Revenant sur sa proportion à s'enferrer dans le cinéma d'action, l'acteur se défend : « Je n'ai pas de plan de carrière, pas de carte prédéfini à vous montrer. Le cinéma de blockbuster fait plus de bruit que les plus petits films ou que les films indépendants, mais j'ai pu travailler ces dernières années avec des réalisateurs que j'avais envie de rencontrer : Wes Anderson ou Rian Johnson. Et leur deux petits films ont fait du bruit quand même. Reste qu'il y a bien 5 ou 6 films que j'aimerais enlever de ma carrière. Mais globalement j'ai pu faire ce que j'avais envie de faire ». Jai Courtney vient en renfort, en expliquant « que tout acteur veut être versatile, mais qu'il faut aussi savoir prendre ce qu'on peut, surtout quand on est jeune acteur. Ma carrière est encore courte, mais je me rends bien compte qu'il faut savoir saisir les opportunités. Et le cinéma d'action reste un domaine fun à interpréter ».

Finalement, la plus grosse info de cette conférence provient de la carrière musicale de Bruce Willis, qu'un journaliste s'étonne de voir autant mis à l'écart : « En ce moment, je préfère rester en famille, surtout quand on sait combien de temps dure une tournée. Mais j'ai un projet de tournée en tête avec les Allman Brothers Band, qui est un groupe que j'ai toujours admiré ». 30 minutes en tout et pour tout, à la fin de laquelle la disparition express de Jai Courtney précède la nuée d'admirateurs désirant obtenir autographes et photos de l'incorrigible Brucie, qui paraît à titre personnel ne pas subir les outrages du temps. Une information en partie vérifiée à la vision de cette Belle Journée pour Mourir, dont la sortie est programmée pour le 20 février 2013.

 

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