A l'occasion de la sortie du Roi du Curling ce mercredi 2 janvier, Ecran Large a rencontré le réalisateur Ole Endresen, accompagné de sa tête d'affiche, . Co-auteurs de ce premier film loufoque centrée sur le curling, un sport au potentiel comique insoupçonné, ils nous confient les règles du jeu du curling, leurs petites obsessions du quotidien et – accessoirement – leurs influences cinématographiques. Un binôme norvégien lié par 12 ans d'amitié qui sait communiquer l'humour scandinave. Ecran Large vous fait partager sa rencontre.
Pourquoi avoir décidé de co-écrire Le roi du Curling ?
Ole Endresen : Nous nous connaissons depuis 12 ans. Nous avons commencé par des sketches pour la télévision norvégienne, puis nous avons collaboré pour l'une des séries comiques les plus célèbres du pays pendant plusieurs années. Mais nous avons d'abord commencé en tant qu'amis. Naturellement, nous avons nourri l'envie d'écrire un long-métrage ensemble.
Pourquoi le curling ?
O.E. : La Norvège a gagné la médaille d'or olympique dans cette discipline en 2004. Les joueurs de curling ne sont pas athlétiques. On peut pratiquer ce sport sans être musclé, sans avoir besoin d'entraîner son corps. Je suis sûr qu'ils fument et boivent beaucoup. C'est assez drôle car les joueurs mettent tout leur cœur au jeu, ils sont très concentrés, alors que ce qu'ils font se résume à lancer une pierre. Le curling se prête bien à l'univers de la comédie.
Les norvégiens sont-ils passionnés par le curling ?
O.E. : Pas tellement. A part pour les gros événements sportifs comme les Jeux Olympiques, les norvégiens ne s'y intéressent pas. Le curling est beaucoup plus marginal qu'au Canada, par exemple.
Comment avez-vous travaillé sur le personnage de Truls Paulsen (Atle Antonsen), obsédé par le curling ?
O.E. : Nous voulions parler d'un mec obsédé par les détails. Cette obsession prendrait une si grande ampleur qu'elle représenterait aussi bien ses bons côtés que ses défauts. Il excelle au curling parce qu'il a un problème avec les marges et les détails. Mais c'est aussi son talon d'Achille car ce trait de caractère devient excessif. Il doit trouver la juste mesure. Ce souci du détail était notre point de départ pour développer le personnage de Truls Paulsen.
Vous-êtes vous inspirés de comportements que vous avez observés dans votre quotidien ?
O.E. : Parmi nos amis, beaucoup ont des petites obsessions, des petites failles. Personnellement, je suis insomniaque. Le personnage insomniaque dans le film est naturellement inspiré de ma propre relation avec le sommeil. C'est une bonne chose d'être entouré par des personnalités un peu extrêmes. Excessifs dans leur travail et ce qu'ils entreprennent.
Le curling n'est pas très répandu en France. Pouvez-vous nous expliquer les règles du jeu ?
O.E. : Le principe est très simple. Vous devez lancer une pierre au plus près de la cible, située à une trentaine de mètres. Vous devez approcher la pierre au plus près du centre. Vous gagnez des points pour chaque pierre placée à côté du centre et le jeu est interminable. Si vous regardez un match à la télévision, il dure pendant des heures et des heures. Dans un sens, c'est un jeu terriblement ennuyeux.
En parlant de sport soporifique, quel film de sport vous a le plus influencé pendant l'écriture ?
O.E. : Nous voulions nous diriger vers Kingpin des frères Farelly. C'est une comédie autour du Bowling. Elle se rapproche assez de ce que nous voulions faire à l'origine.
Comment décririez-vous l'humour norvégien ?
Atle Antonsen : Il existe beaucoup de sortes d'humour différentes. L'humour norvégien est souvent axé sur des personnages. Le comique incarne une large palette de personnages dans des sketches pour la télévision. Certains comiques sont influencés par Ricky Gervais, d'autres par Ben Stiller. Si on devait caractériser l'humour national, au fond c'est un humour pince sans rire.
Est-ce l'humour que vous avez souhaité utiliser dans Le roi du curling ?
A.A. : Nous n'avons pas réfléchi en termes d'humour. On s'est d'abord intéressé aux personnages. Nous faisons des choses que nous aimons, qui nous font rire. Nous ne pensons pas vraiment à l'audience. Nous espérons seulement qu'elle aimera autant que nous.
O.E. : C'est plus difficile de réaliser un film. Les choses sont plus exposées. On cache plus aisément ses faiblesses dans une série de 30 minutes pour la télévision. Dans un long-métrage, on ne peut pas assembler 10 sketches, il faut une ligne directrice, des rebondissements.
Avez-vous fait appel à l'improvisation dans le film ?
A.A. : Certaines scènes étaient improvisées mais le plus gros était écrit. Certains comédiens ont plus improvisé que d'autres. Le chauve qui parle un peu anglais et celle qui incarne ma femme, Sigrid Paulsen. Je ne suis même pas certain qu'elle ait pris la peine de lire tout le scénario. Je pense qu'elle a lu une ou deux lignes et qu'elle a retenu une intention. Mais elle est excellente de cette manière.
Quelle est votre scène préférée dans le film ?
A.A. : C'est bête, mais j'adore la scène des lunettes. Je la trouve très drôle car elle est interminable. La séquence où il essaye de remettre les lunettes sur la tête de Gordon, son ami hospitalisé. Il met 20 ou 25 secondes. J'adore ce genre de blagues idiotes. Mais, je crois que mon personnage préféré est le bouclé de l'équipe adverse.
O.E. : Oui, la scène qui me procure chaque fois le même plaisir c'est celle de la danse. Lorsque le personnage aux cheveux bouclés fait son entrée dans le match. Il danse très mal, mais il tente des « moves ». Il tente des choses, persuadé qu'il danse, mais c'est raté.
Et l'humour français, comment le décririez-vous ?
O.E. : Ma petite amie a vécu en France plusieurs années et, lorsque je l'ai rencontrée, elle regardait cette série française, Kaamelott. Je la trouve très mauvaise. J'ai du apprendre à comprendre de quoi il s'agissait. Nous ne sommes pas familiers de l'humour français. Nous venons de voir Intouchables. Omar Sy a un réel talent comique. Il ira probablement jusqu'à Hollywood. Mais à part ça, nous regardons plutôt des comédies américaines ou anglaises. Jamais allemandes. Est-ce qu'il existe des comédies allemandes d'ailleurs ?
Quelles sont vos 5 comédies préférées ?
Ensemble : J'aime beaucoup Borat avec Sacha Baron Cohen. Ce n'est pas un film parfait, mais je l'aime beaucoup. Je citerais aussi La vie de Brian, de Terry Jones. Peut-être Mary à tout prix, des frères Farelly. C'est la meilleure comédie romantique. En général, je ne les aime pas car elles ne sont jamais très drôles et jamais très romantiques. Mais Mary à tout prix est bonne sur les deux plans. Tonnerre sous les tropiques de Ben Stiller est un bon film, avec d'excellents personnages. Et, évidemment, The Big Lebowski des frères Coen. Il est plus sombre, mais nous adorons ce film. Par chance nous avons les mêmes goûts.