Albert Pyun, le réalisateur 100% Action

Allan Blanvillain | 27 septembre 2012
Allan Blanvillain | 27 septembre 2012

Christophe Lambert dit de Albert Puyn qu'il est un pur génie et que s'il prenait plus son temps pour faire ses films, il aurait pondu de sacrés chefs d'oeuvre. Mais Albert Puyn est un malade de cinéma, un mec qui aime tant filmer qu'il n'a qu'un seul désir : enchaîner les projets les plus improbables pour connaître de nouvelles expériences. Le réalisateur de L'Épée sauvage et de Cyborg parle de cette passion qui l'habite depuis toujours et de comment il conçoit son métier.

 

 

Étiez-vous déjà fan de cinéma durant votre jeunesse à Hawaï ?

Oh oui, je voulais essayer de tout voir, spécialement les films européens et de nombreux films asiatiques qui étaient populaires à Hawaï.

Quels sont vos premiers souvenirs d'enfance à propos du cinéma ?

Je me souviens d'un studio japonais appelé Toho qui a créé un cinéma spectaculaire qui avait été conçu pour ressembler et te faire sentir comme dans un temple. C'était toujours magique de voir des films là-bas.  Et je me souviens avoir vu Dr No et Bons baisers de Russie en double ticket et ça a eu un vrai impact sur moi. Quand j'étais plus âgé, 2001, L'Odyssée de l'espace et le western Pour une poignée de dollars m'ont fait de fortes impressions vis-à-vis de leurs visuels et la sensibilité créative originale. Je pense que mon style cinématographique a beaucoup été influencé après avoir vu la croissance de Godard, Bunuel, Leone et Bergman. J'aimais leurs films. À chaque fois, j'étais excité de voir comment ils allaient repousser les limites du cinéma

Quelles importantes leçons aviez-vous obtenues auprès d'Akira Kurosawa ?

La préparation et la mise au point. L'art que j'ai appris de son chef opérateur Takao Saito. Il m'a enseigné comment utiliser la composition et la couleur pour raconter une histoire et révéler les personnages.

Comment êtes-vous devenu le protégé de la star légendaire Toshiro Mifune ?

Il a vu un court-métrage que j'avais fait et savait à quel point c'était difficile pour un asisatique  à Hollywood en ces temps-là. Il a vraiment soutenu mon rêve de devenir un cinéaste

Parlez-nous de votre influence des films d'épée et de sandales ( un sous-genre italien du Péplum) et d'épée et de sorcellerie avant de concevoir L'Épée sauvage.

Je n'étais pas vraiment influencé par les films d'épées et de sandales. Je ne prêtais pas particulièrement attention à eux ou au genre fantaisie tel Simbad qui était fait. Mes principales influences pour L'Épée sauvage étaient plus Les Trois mousquetaires de Richard Lester et Le Lion et le vent de John Milius.

 


Les deux personnages principaux dans Le Dernier missile agissent comme s'ils ne vivaient pas dans cette ère futuriste. Vos films sont souvent situés à différentes époques, civilisations....Y a-t-il des parallèles avec vous-même ?


Je suppose qu'il y a un peu de ça oui. Je me suis toujours senti en décalage avec le temps et le monde du cinéma, mais jamais autant qu'aujourd'hui. Le monde du cinéma a changé depuis que j'ai commencé à faire des films. Je ne me sens plus trop à ma place aujourd'hui. Un peu comme une relique.
La raison pour laquelle je sélectionne différentes époques c'est que je dessine un monde entier, directement depuis mon imagination. Ça a toujours été le cas. Ce n'est pas le monde tel qu'il est, mais tel qu'il pourrait être.

Vos films ont un style visuel et une atmosphère à part. Le grand cinéaste George Mooradian était votre directeur de la photographie sur plusieurs projets. Pouvez-vous nous parler de votre collaboration et la création d'un « regard » sur plusieurs de vos projets communs ?


La collaboration avec George était certainement très productive et excitante. George et moi voyons le monde avec les mêmes yeux et nous partageons la même conviction que la narration au cinéma est visuelle. George est un cinéaste absolument intrépide et agressif. En fait, il est arrivé et a tiré quelques pellicules sur Tales of an ancient empire vers 2010. Chaque fois que nous créons un visuel, je fais attention au script, aux messages cachés et aux thèmes que je peux faire ressortir visuellement.

Cyborg, Omega Doom, Les Chevaliers du futur, Raven Hawk et quelques parties de Nemesis ont un style très « western spaghetti ». Quels sont les westerns qui vous ont impressionné ?


Oui ils ont tous été influencés par l'esprit théâtral de Leone. Mon film récent, Left for Dead, filmé en Argentine, est particulièrement marqué par le style « grand théâtre ».

 


 

Mean Guns donne une sensation très « film d'action chinois » avec la mise en scène cinétique et intense de John Woo dans les scènes de fusillades. Blood Match, Kickboxer 2 et 4 sont caractéristiques des arts martiaux. Quels sont les réalisateurs de Hong Kong qui vous inspirent le plus ?

Je pense que King Hu était une grande influence tout comme Tsui Hark. J'aime leurs films. Et les idées de Raymond Chow.

Il y a beaucoup d'histoires de falsification de producteurs/distributeurs, d'hommes d'argent dans vos films et Explosion Imminente a été fortement réduit niveau budget. Y a-t-il un vrai scoop là-dedans ?

À la dernière minute notre budget a été réduit de 50%. Pas le budget pour les stars, mais le budget pour le tournage. Donc nous avons dû couper le calendrier et la plupart des scènes d'action. J'ai entendu que notre budget était coupé, mais avec l'idée que j'hésitais et Nu Image pouvait venir prendre le contrôle et jeter celui-là parmi leurs autres films. Ce fut une expérience très amère.

Vous avez failli diriger un film sur Spiderman (dans les années 80, financer par les frères israéliens Golan-Globus), vous avez aimé les films faits par Sam Raimi ?


Oui bien sûr. Particulièrement Mort ou Vif.

L'ancienne idole des ados et futur réalisateur (Cheaters, un film pour le câble ou encore Crazy/Beautiful), John Stockwell a eu d'abord sa première chance en travaillant  aussi derrière les caméras sur le script Campus 86 avec vous. Comment avez-vous vécu cette experience de travail avec lui en 1985 ?

John est un artiste très intelligent et talentueux. J'ai beaucoup aimé travailler avec lui, car il est très entreprenant avec des idées créatives et il se donne complètement quand il essaye quelque chose. Il est aussi sérieux et c'est un travailleur acharné, ce que j'admire.

 

 

Norbert Weisser, Thorn Mathews, Nicholas Guest, Scott Paulin et Vince Klyre sont quelques-uns des acteurs avec lesquels vous avez travaillé pour diverses occasions. Comment était le travail avec la « Stock Company » ?

Premièrement, ce que j'aime c'est le talent et la présence qu'ils apportent dans chaque rôle qu'ils entreprennent. J'apprécie Norbert (qui a fait 15 films avec Pyun) pour son honnêteté et son intrépidité, Scott (6 films ensemble) pour son point de vue créatif et intelligent, Thom (11 films) pour son humour et sa flexibilité, Nicholas (9 films) pour son professionnalisme et son sens de l'ironie, Vince (11 films) pour sa carrure. Mes films doivent être faits si vite que je compte sur leur capacité à se débrouiller d'eux-mêmes.

Comment pourriez-vous décrire en quelques mots votre expérience de travail dans les années 80 avec les israéliens Menahem Golan et Yoran Globus ?

C'était fou. Ma première expérience dans une sorte de situation de « studio ». C'était passionnant, car ils devaient remplir un cahier des charges film après film. Une fois que les problèmes financiers ont frappé, ce n'était plus drôle, mais incroyablement triste

Les Rues de feu et L'Épée sauvage sont des films que des fans partagent partout sur la planète. Vous venez d'en faire des sortes de suites (Road to Hell pour Les Rues de feu et Tales of an ancient empire joue sur le même tableau que L'Épée sauvage). Compte tenu du temps écoulé depuis les originaux, pensez-vous que les gens aujourd'hui répondront encore présents ?

Je l'espère ! Il y avait une magie dans ces films des années 80 que les gens d'aujourd'hui ne connaissent pas encore tous. Ainsi ces expériences seront fraîches et amusantes.

 


Entretien réalisé par Marco A.S. Freitas. Un grand merci à lui 

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