Philippe Katerine (Je suis un no man's land)

Didier Verdurand | 23 janvier 2011
Didier Verdurand | 23 janvier 2011

Philippe Katerine est depuis 20 ans l'incontournable remède à notre déprimante chanson française à texte - il faudra attendre 2005 et Louxor j'adore pour que le grand public soit enfin conquis -, et c'est toujours avec plaisir qu'on le croise au cinéma, un Art qu'il affectionne particulièrement. Son nom de scène Katerine est d'ailleurs un hommage à Deneuve (« avec un K pour faire plus viril »). De retour sur les écrans dans le nouveau film de Thierry Jousse, Je suis un no man's land, il excelle dans une partition qu'il maîtrise quotidiennement puisque son personnage est un chanteur à succès plutôt décalé. Et c'est entre deux concerts que nous l'avons rencontré.

Ma dernière interview, c'était Kenny Baker, le nain qui joue R2D2 dans les Star Wars. Un mot dessus ?

Je n'ai pas vu Star Wars.

Vraiment ? Pourquoi ?

Cela m'a toujours un peu dégoûté du coup, je ne les ai jamais vus.


Comment vous êtes-vous retrouvé sur La Vérité sur Charlie ?

Jonathan Demme tournait à Paris et je faisais au même moment un disque avec Anna Karina, à qui il avait proposé un rôle qui nécessitait un partenaire de danse... de confiance. Anna m'a suggéré et je me suis retrouvé au Balajo une après-midi. Je ne me souviens que de morceaux de peaux avec des tatouages de gitans, laissées sur les tables...

Vous allez toujours au cinéma une fois par semaine ?

C'est un peu plus dur pendant une tournée mais j'essaie.

Premier souvenir cinématographique ?

C'était un peu catastrophique, avec mes parents en Vendée. Après la messe, nous étions allés voir Passe ton bac d'abord, de Maurice Pialat. J'étais assez fasciné car cela changeait des Louis de Funès qu'on allait voir habituellement. Mais les comédiens n'étaient pas chevronnés et mes parents se sont levés au bout d'une demi-heure en disant : « Allez, on y va, ils jouent trop mal. » Moi j'aimais bien et quand je l'ai revu plus tard en entier, je n'ai pas été déçu, au contraire.

Quel était le magazine de cinéma que vous lisiez, ado ?

Je me suis mis aux Cahiers du cinéma quand j'avais 18 ans, à peu près. Je m'intéressais à la Nouvelle Vague et j'avais compris que les deux étaient très liés. Thierry Jousse en était le rédacteur en chef à l'époque.

Vous vous êtes rencontrés à quelle occasion ?

J'avais besoin de quelques écrits sur un disque que je faisais, Les Créatures et comme j'aimais sa plume, je lui ai demandé s'il voulait bien me donner un coup de main. On a accroché.

Je suis un no man's land tient plus de lui ou de vous ?

Je pense que c'est vraiment un bon mélange de nos personnalités. J'ai très peu participé à l'écriture du scénario, il me connait assez bien. Je préfère d'ailleurs rester assez éloigné parce que... Ce n'est pas moi qui fais le film ! Au final, c'était très bien écrit, très détaillé, et ça laissait peu de place à l'impro - j'en étais ravi car cela me changeait, moi qui suis plutôt habitué à improviser. J'avais un texte à apprendre à la ligne mais ce n'est pas très compliqué... Il suffit d'apprendre la veille pour le lendemain.

Il y a quand même un peu plus de texte à apprendre que dans Bla bla bla !

C'est sûr. Mais parfois pas ! Et ça ne veut rien dire, car un « Ouais » peut être plus compliqué à sortir qu'une longue tirade.

C'est vous qui avez choisi le costume ?

Oui mais pas tout seul, il y avait la costumière. Il faut savoir que Thierry aime beaucoup déléguer. C'est un mélange entre ce que je porte au quotidien, sur scène et les souhaits qu'avait formulé Thierry. Le costume est primordial dans le jeu, on ne joue pas de la même manière en manteau futuriste qu'en costume trois-pièces.

Le fantasme du chanteur sur scène, vous le sentez tous les soirs en ce moment, il existe bel et bien ?

Oui, on sent un véritable attrait, que je trouve assez grotesque au pasage. Je ne suis pas du genre obsessionnel et je n'ai jamais été groupie.

Cela fait peur ?

Il faut garder l'œil amusé et ça change tout. Et puis je ne suis pas non plus un Beatles ! C'est plus léger à gérer. (Rires)

Que faite- vous entre les prises ?

Je ne m'ennuie jamais. Dans la cour de la ferme, il y avait un panneau de basket alors je pouvais facilement m'amuser. J'ai beaucoup dessiné Thierry et au bout de trois semaines, j'arrivais à le maîtriser.


Puisque vous parlez de basket, je sais que vous êtes fan de Semi-pro. En tant qu'ancien joueur professionnel, vous trouvez Will Ferrell crédible ?

Complètement. Et aussi André Benjamin. Je considère ce film comme un petit bijou.

J'ai pensé à Bùnuel en regardand Je suis un no man's land.

Je suis très fan, surtout de sa période française. Je suis un no man's land est moins surréaliste, il reste ancré dans une certaine réalité. Elle existe aussi chez Bùnuel mais il arrive toujours quelque chose d'incroyable, on ne peut pas y croire.

D'ailleurs, je ne peux pas croire en écoutant votre dernier album que vous avez sucé Johnny... Halliday. Pourquoi tout le monde a l'air de croire que c'est Halliday ?

Je ne sais pas, je n'en suis pas convaincu non plus. Ca peut être plusieurs Johnny. Ils ont la force en eux. Parce qu'ils s'appellent Johnny. Avec un Benjamin, cela n'aurait rien à voir.

Vous aimeriez tourner dans un porno ?

Comme acteur, non. Pour plusieurs raisons... Comme réalisateur, je ne serais pas mécontent de tenter l'expérience un jour. Je mélangerais sexe et science-fiction. Par instinct. Le sexe dans le futur.


Julie Depardieu déclare dans le dossier de presse de Je suis un no man's land : « Parfois on fait des gros films et on se sent une grosse pute. » Vous l'avez déjà ressenti ?

Non, pas vraiment.

Si on vous proposez de jouer dans un Astérix ?

Si je me sens à l'aise à la lecture du scénario, pourquoi pas, je n'y verrais aucun inconvénient. J'ai déjà reçu des propositions mais le cinéma reste un hobby pour moi, je privilégie toujours la musique dans mon emploi du temps. C'est comme ça mais je reste à ouvert.

A Hollywood aussi ?

(Rires) Et Bollywood !

Alors terminons sur votre fascination pour Jésus. Vous avez vu La Passion du Christ ?

Le Scorsese ?

Non, le Gibson.

Ah, pardon. Non, je ne l'ai pas vu.

Et La Dernière tentation du Christ, de Scorsese ?

Non plus.

Vous n'êtes pas fasciné par Jésus au cinéma, on dirait !

Si, j'ai vu Jésus de Nazareth, ça durait 6 ou 7 heures et il y a de nombreux zooms, j'aimais beaucoup...J'ai décidé de rester dessus et de ne pas aller plus loin. Mais il y a plein de films avec Jésus, sans qu'on sache forcément que c'est Jésus. On parlait tout à l'heure de Semi-pro. Pour moi, c'est un film sur Jésus. Il veut sauver la Terre entière.

 

Propos recueillis par Didier Verdurand.

Photos de Côme Bardon.

Autoportraits de Philippe Katerine.


 

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