Benoît Magimel (interview carrière)

Laurent Pécha | 11 mars 2010
Laurent Pécha | 11 mars 2010

Benoît Magimel, c'est un peu la mascotte d'Ecran Large. Depuis 5 ans, nous avons déjà interviewé le comédien...5 fois. Cette 6ème rencontre, c'était donc l'occasion de faire le point avec l'acteur sur une  carrière qui a débutée il y a plus de 23 ans. Et son dernier film, Sans laisser de traces, nous a donné le parfait angle d'attaque pour cet entretien. Quels sont les films qui ont laissés des traces dans sa vie, sa carrière, auprès du public ? Prévue pour durer 20 minutes, l'interview a frolé les 60 minutes...

 



LA VIE EST UN LONG FLEUVE TRANQUILLE

Au niveau du public, c'est un film dont on me parle encore aujourd'hui. J'ai toujours plaisir à en parler, ça ne me pose aucun problème. C'est le début, la première prise de contact avec ce métier. C'était des vacances pour moi. C'était à la fois un monde d'adultes qui m'écoutait, des hôtels, des défraiements, on m'avait donné de l'argent de poche...Tout ça était comme un rêve. Je tournais pendant les vacances, j'avais vraiment du plaisir : c'était le plaisir de jouer la comédie. C'est un film inoubliable pour ça.

 

TOUTES PEINES CONFONDUES

Je jouais le fils de Dutronc. J'étais très impressionné de me retrouver face à lui, il mangeait des yaourts toute la journée. Michel Deville quelqu'un de très attachant, très doux. Je me souviens que je m'étais permis de changer un petit dialogue et ça l'avait amusé. Je me souviens que Patrick Bruel était au top et qu'il y avait une horde de fans derrière les grilles de la propriété en train de hurler son nom. J'avais beaucoup apprécié sa simplicité malgré le succès qu'il avait. J'en garde de bons souvenirs.

 

LA HAINE

Tout le monde voulait faire partie de ce film car c'était un nouveau genre, un univers que je connaissais bien. C'était important d'en faire partie. J'avais une toute petite réplique, dont on me parle souvent d'ailleurs : « le mec qu'a trouvé le flingue je sais pas c'est qui, mais le mec qu'a trouvé le flingue j'aimerais bien savoir c'est qui. » Ca avait bien fait rire  tout le monde, et elle avait même été reprise dans l'album de la bande-originale.

 

LA FILLE SEULE

Bon tournage, cinq jours de tournage avec Benoît Jacquot et Virginie Ledoyen. J'étais à l'école avec elle, c'était marrant de la retrouver là.

 

 

LES VOLEURS

C'était super. C'était mon premier rôle de voyou, des rôles que j'adore au cinéma. Je trouvais que la voyoucratie était traitée avec beaucoup de justesse et de sobriété dans ce film. Il y avait Deneuve, Auteuil... J'étais très impressionné à l'époque mais j'en garde un bon souvenir, d'autant plus que je m'étais fait beaucoup de potes à Lyon, que je vois toujours d'ailleurs. J'avais trainé un peu avec les voyous de là-bas. J'adorais le rôle qu'André Téchiné m'avait proposé.

Laurence Scott, l'actrice qui jouait ma sœur dans le film me disait que ça portait chance de tourner avec Téchiné, car beaucoup d'acteurs ont eu des débuts de carrière avec lui.

 

 

DEJA MORT et UNE MINUTE DE SILENCE

On voulait tous travailler avec Olivier Dahan, car il appartenait à une nouvelle génération de réalisateurs. C'est un film plus anglo-saxon, très moderne, qui abordait des sujets qui nous faisaient rêver. Et puis surtout cette année-là j'avais tourné le premier film de Florent-Emilio Siri, Une minute de silence, et c'était tout ce que j'avais rêvé de faire : jouer un mineur de fond dans l'est de la France et trois mois plus tard jouer un gosse de riche sur la côte d'Azur. J'étais très fier de pouvoir faire ce grand écart, car après Les voleurs j'avais reçu beaucoup de rôles de voyous et je n'avais pas envie d'être cantonné dans ce genre de rôles. J'aime les rôles de gangster, mais je voulais aussi pouvoir jouer des bourgeois, des rois de France, Musset... Je ne voulais pas toujours faire la même chose.

Dahan et Siri sont de la même génération, ils ont fait la même école de cinéma. Ce sont des amis, et ce sont des cinéastes avec lesquels j'avais très envie de travailler. Ils m'ont beaucoup appris sur le cinéma, notamment Florent-Emilio Siri, qui m'a appris à regarder des films, la mise en scène... Son film était très important pour moi car c'était la première fois que je m'investissais autant. J'étais parti dans l'est de la France car je me disais qu'à Paris je ne pouvais pas être un mineur de fond. Je partais les week-ends, parfois une semaine, pour aller faire la sortie des mines, traîner dans les bars, écouter, m'imprégner. La veille du tournage, on m'a présenté un ami mineur qui m'a serré la main et m'a demandé dans quel pays je travaillais. Donc je m'étais dit que ça payait de faire ce boulot là avant le tournage. Certains n'ont pas besoin de faire ce travail là, mais j'avais envie personnellement de m'imprégner, aller chercher des idées, voir comment les mecs parlent, comment ils sont habillés afin de pouvoir sortir des clichés. Humainement, ça m'a beaucoup apporté car j'ai gardé beaucoup d'amis mineurs là- bas même si toutes les mines ont fermé aujourd'hui...

L'échec du film a été très dur. Pour Déjà mort aussi, il avait fait 40 000 entrées en France mais c'est devenu un film générationnel, les jeunes m'en parlent encore beaucoup. Le film est pourtant devenu presque culte ensuite. Une minute de silence est malheureusement resté plus confidentiel, surtout que le film a été très mal distribué : il aurait dû avoir 13 salles à Paris et au final il n'en a eu qu'une... Mais c'est un film qui reste : je me souviens de mineurs un peu réticents au début car ils avaient été très déçus par Germinal de Claude Berri, de l'image que le film donnait d'eux. Comme Florent est fils de mineur, on a eu beaucoup d'aides, notamment de la région, et ça reste avant tout une aventure humaine. Cela compte beaucoup.

 


 

 

LES ENFANTS DU SIECLE

Diane Kurys m'avait remarqué dans Déjà mort mais elle n'était pas certaine que je sois capable de jouer Musset. J'avais fait beaucoup d'essais, et elle m'avait finalement engagé. C'est un film très impressionnant pour moi, parce que je jouais Musset, qui appartient au patrimoine français. C'est difficile de trouver des témoignages pour savoir qui était Musset. Il y a eu la rencontre avec Juliette Binoche, aussi. Ca reste une expérience extraordinaire même si le film n'a pas eu le succès qu'on attendait.

 

LE ROI DANSE

C'est la suite logique : le réalisateur Gérard Corbiau a voulu voir le film de Diane Kurys en montage et lorsqu'il a vu les scènes il m'a engagé directement. Jouer Louis XIV, c'était le pied ! Corbiau est un esthète, et il était beaucoup du côté des musiciens : c'était aussi un film sur Lully, et les relations des musiciens avec le roi. Ce n'était pas seulement axé sur Louis XIV. J'avais aussi été très fier de l'affiche, sur laquelle j'étais peint en or, avec un masque solaire... C'est des rêves de mômes, et je crois qu'il n'y a rien de mieux que de jouer un roi : t'es sur le plateau, sur ton trône ! Et puis c'était un rôle riche surtout, une histoire qu'on connait assez mal (l'enfance de Louis XIV et le fait qu'il dansait) et un film moderne, qui utilisait les arts comme arme politique. C'est vraiment des expériences supers pour moi.

 

LISA

C'était avec Marion Cotillard, Sagamore Stévenin et Jeanne Moreau... C'est un film plus confidentiel. Mais j'étais ravi de travailler avec Jeanne Moreau et Pierre Grimblat qui est quelqu'un que j'aime beaucoup.

 

SELON MATHIEU

C'est une super rencontre avec Xavier Beauvois. C'est un film qui a beaucoup compté, on m'en a beaucoup parlé. J'avais été très touché par l'univers de cette famille d'ouvriers... Je jouais un beau personnage.

 

 

 LA PIANISTE

J'ai fait beaucoup d'essais, il y avait même de véritables pianistes qui faisaient des essais... On avait donc tous passé des essais avec Isabelle Huppert, et je crois que Michael Haneke et elle étaient ravis que je fasse le film. C'est une expérience de travail inoubliable. Toutes les scènes étaient des plans séquences de six ou sept minutes, donc il y avait un travail très précis sur chaque détail... Et il y a eu beaucoup d'échanges avec le réalisateur, une vraie direction d'acteurs. Je proposais et il renvoyait la balle: il y avait un véritable avec Michael Haneke. Ca m'a passionné de travailler avec lui.

C'est aussi un type qui a beaucoup d'humour. On ne dirait pas mais il est très drôle ! Travailler avec Isabelle Huppert, c'était formidable. Avec Annie Girardot aussi, car elle fait partie des actrices que je connais depuis que je suis tout petit, donc j'étais ravi  ! Et puis Walter Klemer est un personnage solaire, lumineux... C'est un beau personnage: rien ne l'atteignait, toutes les horreurs qu'elle lui faisait subir, ça glissait... J'ai été assez surpris de l'empathie qu'il a suscité auprès du public, toutes les personnes le trouvaient touchant, attachant. Malgré la scène finale qui est quand même très dure, on me disait "ah, le pauvre". Je me souviens qu'à Cannes c'est aussi ce qui ressortait beaucoup.

Il y a eu le prix d'interprétation aussi, c'était un peu irréel. Un bel encouragement pour l'avenir.

Je suis parti au Japon le lendemain, pour aller défendre Le Roi danse. Je ne suis revenu qu'une dizaine de jours après, et c'était terminé, on n'en parlait plus.

 

NID DE GUÊPES

C'est ma deuxième collaboration avec Florent-Emilio Siri. On avait travaillé avant sur un scénario qui n'avait pas pu se faire. C'était un film sur la bande à Bono qu'on n'arrivait pas à monter, et il a donc écrit ce scénario très rapidement. Un producteur lui a fait confiance... C'est un film de genre comme on voulait en faire, à la manière de ces films anglo-saxons qui nous donnaient du plaisir et du divertissement. On faisait ça pour la première fois en France. C'était un film de mômes, avec de l'action, des armes... C'était exaltant de faire ça, avec Sami Bouajila, Sami Nacéri... On s'est régalé. Par contre on a tourné pendant quatre mois de nuit dans un entrepôt en banlieue parisienne, ça m'a dégoûté des nuits à vie, mais ça reste un grand souvenir.

 


 

LA FLEUR DU MAL

Un an avant que Claude Chabrol m'appelle je m'étais dit que je travaillerais bien avec lui... Je me disais: "quand même, Chabrol c'est un ancien, il a un beau parcours". C'est quelqu'un que je vois depuis que je suis gamin, j'avais vu les petits trucs qu'il faisait à la télé un peu à la manière d'Hitchcock. Donc j'étais ravi qu'il m'appelle. C'est un réalisateur qui a son style: quand vous allumez la télévision et que vous tombez sur l'un de ses films, vous savez immédiatement que c'est du Chabrol. On reconnaît sa mise en scène, il fait partie des grands metteurs en scène français.

Sur le tournage de La fleur du mal, il m'a appris la décontraction, à envisager le métier d'acteur avec beaucoup de recul. C'est quelqu'un de brillant, qui n'a pas d'égo, ce qui est assez rare. Il reconnaît qu'il a fait des films pas terribles, d'autres biens et c'est quelqu'un de très simple. Par contre il est très exigent, il tourne très vite et il faut être toujours sur le coup, ne pas se laisser emporter par l'ambiance très agréable qu'il y a sur le plateau. Je suis prêt à retourner avec lui n'importe quand.

 

EFFROYABLES JARDINS

J'étais fan de Jacques Becker, notamment de son dernier film qui s'appelle Le Trou. Pour moi c'est un chef d'œuvre: 1h30 sur des mecs qui creusent un trou et c'est passionnant. J'avais trouvé un magazine de cinéma qui s'appelait "L'avant scène" et  qui était spécialement dédié à ce film. Je suis allé à Yokohama, et je savais que Jean Becker serait là. J'y suis donc allé avec mon magazine et lui ai demandé de m'écrire un petit mot, car je savais qu'il avait terminé le montage du film puisque son père était mort avant la fin. Il m'a raconté plein d'anecdotes sur le tournage... J'ai un truc affectif pour les anciens, je ne sais pas si c'est une nostalgie de mes grands-parents. Jean Becker est quelqu'un de très touchant, l'amitié compte beaucoup pour lui.

En rentrant de Yokohama, il m'appelle pour me proposer un rôle dans son film. C'était pour moi une belle opportunité, car j'ai pu travailler avec Jacques Villeret.

 

ERRANCE

C'est un film dont je parle peu, je n'ai pas grand chose à dire dessus.


LES RIVIERES POURPRES 2

J'avais envie de continuer de travailler avec Olivier Dahan, et en plus sur un genre que j'adore. J'étais ravi de ce film. Je n'avais pas encore joué de flic. J'étais jeune et je m'étais éclaté à le faire. J'avais travaillé avec des cascadeurs... Ca faisait partie des films de genre que je voulais faire.

 

LA DEMOISELLE D'HONNEUR

Un film peut-être un peu moins réussi, mais c'était très intéressant de retravailler avec Claude Chabrol et de donne la réplique à Laura Smet.

 

 

TROUBLE

C'est un premier film, très excitant à tourner puisque je jouais deux frères jumeaux. C'est un film fait avec peu de moyens, mais très malin. C'était très étrange de travailler tout seul: c'est la première fois que je jouais seul, que je n'avais pas de réplique... C'était un exercice assez nouveau. Et puis travailler sur deux personnalités opposées, puisqu'un frère est très extraverti et l'autre plus introverti, c'était passionnant.

 

LES CHEVALIERS DU CIEL

Grand film de genre, film familial, film grand public... C'est super excitant à faire: on a appris à piloter des avions, on a fait des vols sur Alpha Jet, sur des Mirage, on a voyagé à Djibouti... On s'est bien marré. Bien sûr le scénario et le cahier des charges étaient plus simples, et le film a des défauts mais il a beaucoup marqué le public. Les critiques étaient plus coriaces, mais il a marqué les mômes. Je suis père, et j'avais envie de faire un film pour le jeune public. Je pense que tous les acteurs qui ont des enfants ont envie de faire des films pour un public plus jeune à un moment.

 

SELON CHARLIE

J'étais très content de travailler avec Nicole Garcia car elle pose un regard sur les hommes et les acteurs qui est très intéressant, très beau. C'est une actrice que j'adore, et une réalisatrice remarquable. Elle est très exigeante car elle aime les acteurs et elle les connaît bien. C'était aussi un rôle différent de ce que j'avais jusque-là, et travailler avec une femme, qui est aussi actrice, c'était une expérience intéressante. Il y a une autre façon de travailler, de se regarder.

 

 

 

FAIR PLAY

J'étais fan du court-métrage qui a inspiré le film. Malheureusement, c'est un premier film dans lequel le réalisateur a voulu mettre trop de choses. Du coup, c'est un peu décousu, on ne sait pas si c'est une comédie ou un drame. C'est un film qui se cherche et qui ne sait pas vraiment où il va. Ca m'a quand même permis de travailler avec Marion Cotillard, que je connaissais bien. On avait de belles scènes ensemble, des scènes très comiques. Je m'étais amusé à créer un personnage un peu loufoque, un peu beauf sur les bords. Tous les acteurs avaient vu ce film comme une comédie, mais le réalisateur le voyait un peu autrement. D'après ce que j'ai su, il s'est rendu compte au montage que les scènes de comédies fonctionnaient très bien, mais il avait la volonté de faire une sorte de thriller. Je crois qu'on ne s'est pas tous compris...

 

TRUANDS

On m'en parle énormément. Quand je marche dans la rue, les gens me parlent souvent de Truands. Ca faisait longtemps que je n'avais pas joué un voyou, depuis Les Voleurs. C'est un genre qui m'a toujours fait rêvé et que j'adore. J'aime beaucoup toute cette mythologie américaine, mais aussi les films de Melville, comme Le Deuxième souffle. C'est un rôle que j'ai beaucoup aimé: je jouais une crapule, dans un film qui ne fait aucune concession sur le monde des truands. On se rend compte qu'il y a très peu de place pour l'amitié dans ce milieu, il y a un regard très dur, très froid. On ne faisait pas l'apologie des voyous. Mon personnage est un menteur, un tueur qui n'a aucun problème de conscience mais il se prend pour un héros. C'est celui qu'on affectionne le plus dans ce film, avec celui joué par Olivier Marchal.

 

LA FILLE COUPEE EN DEUX

Je me suis beaucoup amusé avec ce personnage, mais ça a été très difficile sur le tournage car mes partenaires ne comprenaient pas toujours ce que je voulais faire. Il n'y avait que Claude (Chabrol) qui était confiant. Tous les autres, y compris les techniciens, se demandaient où j'allais. Il n'y a que Claude qui m'a soutenu dans cette démarche. J'aime jouer des personnages un peu exubérants, extravertis... C'est passionnant car ça fournit du jeu, on s'amuse. J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer la comédie.

 

 

L'ENNEMI INTIME

Je suis très fier de ce film car c'est un projet que j'ai proposé à Florent-Emilio Siri. J'ai eu la chance de rencontrer Patrick Rotman, qui est historien et a beaucoup travaillé sur la guerre d'Algérie. Je lui ai proposé d'écrire le scénario puis je suis allé voir Florent, qui n'a pas dit "oui" tout de suite car il avait des projets plus personnels. Mais il avait toujours eu envie de faire un film de guerre lui aussi. J'étais heureux que le film se fasse, d'avoir réussi à trouver un scénariste, un metteur en scène... L'Algérie est un pays qui me touche beaucoup. Le passé colonialiste de la France aussi. Il y a beaucoup à dire là-dessus. Faire un film politique et en même temps divertir en faisant un grand film de guerre, c'était une envie profonde. La guerre d'Algérie a encore une résonnance aujourd'hui, même chez les jeunes générations. Il y a tellement de non dits, une telle violence héritée de génération en génération, et on avait envie de parler de ça: des conséquences de la guerre sur la nature humaine.

 

24 MESURES

Jalil Lespert, c'est un copain. Je lui ai dit que j'acceptais même sans lire le scénario. Je voulais y aller sans réfléchir et me laisser porter par le personnage, l'histoire et le réalisateur. Il m'a expliqué qu'il avait écrit le film sans réflexion, et je voulais y aller de la même façon, sans me poser de question. Il n'y a pas de règles pour aborder un rôle, et là j'avais envie de faire autrement. Travailler avec des acteurs-réalisateurs, ça donne très envie et c'est très intéressant.

 

INJU, LA BÊTE DANS L'OMBRE

J'apprécie beaucoup Barbet Schroeder. Ma mère m'avait amené voir Barfly quand j'étais adolescent et j'avais adoré. J'avais vu tous ses films américains, c'est un metteur en scène important. Quand il est venu me proposer le film, je me suis dit qu'il ne fallait pas le louper. En plus ça se tournait au Japon, un pays que j'adore et où j'allais depuis plusieurs années. Malheureusement, le film n'a pas marché, il n'a pas été soutenu.... Ce sont des choses qui arrivent : vous pouvez travailler avec de grands metteurs en scène, et puis à l'arrivée, ça ne le fait pas.

 

LA POSSIBILITE D'UN ÎLE

Plein de potes m'ont demandé pourquoi j'allais faire ce film. C'était par curiosité. Je pensais qu'on pouvait encore faire des films un peu expérimentaux sans se dire qu'on fait ça pour la gloire. Les producteurs étaient très engagés, ils ont fait le film avec conviction. Michel Houellebecq avait la légitimité de faire ce film, il est cinéphile, il a fait une école de cinéma et je trouvais que ses propos étaient justes quand il parlait de cinéma. J'avais envie d'essayer. C'est une expérience, je ne savais pas où j'allais. Malheureusement, Houellebecq n'a pas défendu son film à la sortie. Pourtant, je n'avais jamais vu autant de demandes de presse que sur ce film.

 

SEULS TWO

Eric et Ramzy m'ont appelé. Ils m'ont demandé de venir faire un jour de tournage, et j'y suis allé sans hésiter, histoire de dire que je ne fais pas que des films élitistes. Sur les deux scènes, je trouve qu'il y en a une qui marche bien.

 

 

SANS LAISSER DE TRACES

J'ai trouvé qu'il y avait une mécanique implacable dans le scénario, quelque chose de très efficace dans l'histoire. C'était très abouti et j'avais un bon partenaire, François-Xavier Demaison. Ce qui me passionnait, c'était de jouer un personnage avec beaucoup de contradiction. Ce sont ses origines modestes qui font ça : c'est un personnage bourré de remords et rongé par la culpabilité. C'est ce qui le rend touchant.

Et il y a eu la rencontre avec le réalisateur, Grégory Vigneron, qui est quelqu'un de très mature, précis et méticuleux. C'est un film de genre servi par un scénario extrêmement juste. C'est avant tout une histoire très bien écrite, par des spécialistes. Il n'y a pas de manichéisme, les personnages ont leurs zones d'ombre... Ils sont attachants mais peuvent aussi être parfois antipathiques. C'est un film divertissant qui pousse quand même à réfléchir.

 

 

 

L'AVOCAT (sortie courant 2010)

C'est inspiré d'un fait réel, l'histoire d'un avocat qui a vendu son âme au diable en défendant des truands. Il va être dépassé par les événements et rattrapé par le code de déontologie des avocats, à savoir défendre son client coûte que coûte. C'est une histoire vraie, et je trouve le film très réussi. Il devrait sortir en milieu d'année, j'espère qu'il plaira!

 

LES PETITS MOUCHOIRS (sortie : 20 octobre 2010)

C'est un film de potes, on se connaît tous très bien: Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche, François Cluzet, Anne Marivin... C'est un film générationnel, pour lequel on était au Cap Ferret pendant trois mois ! Le film est quand même ambitieux, car il y a huit personnages, on a tourné avec plusieurs caméras. Le récit mêle le rire et l'émotion, et renoue un peu avec des films comme Un éléphant ça trompe énormément et d'autres films de groupes, d'amis...

 

 

Le mot de la fin:

J'ai envie de réaliser maintenant, mais je n'ai toujours pas d'histoire. J'aime beaucoup la mise en scène, ça me passionne.

 

Propos recueillis par Laurent Pécha

Retranscription par Pierre-Loup Docteur

Photos par Côme Bardon

Autoportrait par Benoît Magimel

Remerciements à BCG

 

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