Mads Mikkelsen et Nicolas Winding Refn (Le Guerrier silencieux)

Pierre-Loup Docteur | 10 mars 2010
Pierre-Loup Docteur | 10 mars 2010

Septembre 2009, à Venise,  Le guerrier silencieux - Valhalla rising est présenté pour la première fois. Sorti déboussolé de la projection, notre rédac chef est bien décidé à en savoir plus ce qu'il vient de voir.  Rendez-vous est pris avec  Nicolas Winding Refn pour une interview vidéo...que vous retrouvez finalement ici sous forme de texte. L'explication : Mads Mikkelsen est arrivé en plein milieu de l'entretien et a totalement perturbé le pauvre Laurent qui ne savait plus quoi et qui filmer. Par respect pour vos yeux, on a préféré vous offrir une lecture calme et posée. 

 

Le guerrier silencieux m'a fait pensé aux films de Robert Bresson, d'Ingmar Bergman et de Terrence Malick. Quelles ont été vos influences ?

Mads Mikkelsen : C'est très intéressant : les films comparés au Guerrier silencieux changent beaucoup selon les spectateurs !

Nicolas Winding Refn : Je crois que Bronson et Le guerrier silencieux - Valhalla rising sont tous les deux très influencés par les films que j'ai vus quand j'étais jeune. J'ai vu des films de tous les pays, avec des héros en tous genres : des films de samouraïs, des films indiens...

Je pense que les films doivent amener les gens à penser, car penser, c'est vivre (« to think is to live »). Les films servent à ça, et j'aime que les gens se questionnent après avoir vu un de mes films pour savoir ce qu'ils en ont pensé. J'aime l'idée que tout est entre les mains du spectateur.

Dans Bronson, Charlie Bronson dit à son professeur « tu ne peux pas me contrôler » et comme lui j'aime que l'on ne puisse pas me contrôler. J'essaie d'avoir conscience de la chance que j'ai de faire ce métier, et de ne pas perdre de vue que des gens font des choses bien plus importantes que moi, comme ceux qui travaillent dans les hôpitaux, dans les écoles ou pour la police.

 

 

 

Quel est le film qui vous a le plus marqué quand vous étiez jeune ?

N.W.R. : New York 1997 est le premier film qui m'a obsédé, quand j'étais jeune. Je me souviens que mes parents étaient très en colère, parce qu'il donnait une image assez négative de l'Amérique !

 

Au vu de la bande-annonce et du projet, les gens pensent que votre film se rapproche du Treizième guerrier ou de Conan le barbare...

N.W.R. : J'aime bien Conan, mais il ne ressemble pas au Guerrier silencieux. Mon film n'est pas mieux fait, mais il accorde plus de place à la nature. Il est peut-être plus réaliste.

M.M. : Conan est un guerrier. Moi je suis un dieu! (rires). Mon personnage est plus animal...

 

C'est un rôle idéal pour Mads Mikkelsen : il y a peu de dialogues, c'est plus facile ?

M. M. : N'importe quel rôle écrit par Nicolas Winding Refn est idéal ! Mais le fait qu'il y ait peu de dialogues rend en fait mon travail bien plus difficile. C'était un défi : vous devez exprimer beaucoup plus de choses uniquement avec votre visage.

 


 

Le guerrier silencieux est un film difficile d'accès pour le public: peu de dialogues, c'est très lent...

N.W.R. : Non, je pense que les spectateurs doivent s'investir et donner d'eux même. C'est plus intéressant pour tout le monde... Il y aura toujours quelques personnes qui aimeront des films comme ça et pour moi, c'est important de proposer quelque chose de différent.

 

Vous avez travaillé avec un budget peu élevé...

N.W.R. : C'est vrai que nous n'avions pas beaucoup de moyens, mais ça laisse plus de libertés artistiques. Ca me permet de rester indépendant et de pouvoir contrôler tout ce que je fais. En même temps, c'est frustrant et ça oblige à trouver de nouvelles idées.

 

Pourquoi avoir utilisé du sang artificiel ?

N.W.R. : Nous avons décidé d'utiliser du sang artificiel car ça aurait été beaucoup plus difficile d'avoir le même rendu avec l'informatique, et aussi parce que ça aurait nécessité beaucoup plus de temps...

 


 

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