Johan Libéreau (Vertige)

Vincent Julé | 16 juin 2009
Vincent Julé | 16 juin 2009

Révélé dans le film Les Témoins d'André Téchiné, Johan Libéreau change totalement de registre avec Vertige. Il y interprète le petit ami de Fanny Valette, mais comme on ne peut pas tout avoir, il a aussi une peur panique du vide. Sauf que c'est pour le film, car Johan est un aguerri de la montagne et de l'escalade. Sa performance en est d'autant plus incroyable. Rencontre avec un mec tout simplement cool. 

 

Comment es-tu arrivé exactement sur le projet ?

C'est assez simple, mon agent m'a envoyé le scénario et m'a dit que j'avais rendez-vous le jeudi d'après. A la lecture, j'ai été agréablement surpris, car j'aime la montagne, j'ai de la famille savoyarde, c'était mon élément. Et le film de genre, ça me plaît, j'ai su très vite que je voulais en être. Je me retrouvais beaucoup dans le personnage de Loïc, bien que je n'ai pas du tout le vertige. C'est d'ailleurs ce qui m'a donné envie de le jouer. J'ai alors rencontré Abel Ferry, et on a discuté pendant une heure et demi, de montage, du tournage, etc. Je n'ai pas passé d'essai, et quelques jours après, on m'appelait pour me dire que c'était bon.

 

 

 

 

 

C'est vrai qu'on est surpris d'apprendre que tu es l'acteur le plus expérimenté en escalade, alors que tu joues le personnage inverse dans le film.

En effet. J'ai essayé de repousser mes limites, et de pousser les autres par la même occasion. Cela a été dur pour Fanny et Raphaël [Lenglet]. Maud, c'est bon, c'est une casse-cou. Entre la fatigue, le froid et le manque d'expérience, il arrivait qu'ils se retrouvent sans sécurité à 10 mètres au-dessus du sol. Les guides veillaient heureusement, et moi je gardais l'œil ouvert, et le bon.

 

On peut se dire, genre, tu ne joues pas, t'es juste un trouillard. Mais non, c'est une vraie performance. Le César direct !

J'adore la grimpe, plus c'est haut, mieux je me sens. Mais cela reste le tournage le plus dur que j'ai jamais fait, que cela soit physiquement ou psychologiquement. Il y avait le froid, le vent et soleil ou pas, quand le vent s'engouffre entre deux roches, tu es frigorifié. Et puis c'est pas du chiqué, lors de la scène où les sécurités se décrochent et que l'on se retrouve tous suspendus... je fais une chute de 10 mètres avec encore 12 mètres en dessous et  en bas la roche. J'étais prêt à refaire d'autres prises, mais les producteurs ont voulu qu'on s'arrête.

 

 

Il y a deux parties dans le film, dont la seconde moins montagneuse. Comment qualifierais-tu ce mélange des genres : film d'aventures, film d'horreur... ?

Moi, je le place plus dans l'aventure, le thriller, le gore... je sais pas trop. C'est surtout un sacré suspense !

 

Il y a le meilleur du cinéma américain dans Vertige, car en quelques plans, on se fait une idée du personnage...

Il y avait en effet quelque chose dans le scénario que je n'arrivais pas à choper tout de suite. Quelque chose de bon dans le fait que mon personnage, Loïc, soit là pour Chloé alors qu'il déteste la montagne. Il est vraiment juste là pour elle. Par contre, sans regarder de près, dans le scénario, il était juste casse-couilles. J'ai donc essayé d'épurer ce côté au maximum, d'éviter qu'il soit lourdingue. J'espère avoir réussi.

 

 

 

 

Si, ça marche. Si ça ne marchait pas, on s'en foutrait quand tu te barres et que tu laisses les autres en plan. Mais là, c'est ambigu...(spoiler)

Bah en fait, ce n'était pas comme ça dans le scénario, on a improvisé sur le tournage. A l'origine, je devais avoir une scène de baston avec le boogeyman dans la grange, mais on ne l'a pas tournée. Il me lattait la gueule et je partais pour chercher de l'aide.


Ah oui, ça change pas mal de choses. L'antagonisme entre les deux prétendants de Fanny n'en reste pas moins super fort, surtout du fait qu'aucun des deux ne soit gentil ou méchant. C'est original, réaliste, un peu comme le boogeyman qui n'est pas une montagne de muscles.

Le mec qui joue Anton le boogeyman, Justin Blanckaert, est l'acteur avec lequel je me suis le plus entendu sur le tournage. C'est dommage qu'il ne soit pas là pour la promotion du film. il faut dire qu'il est un peu barge. Il tourne, fait un peu d'argent et se casse en Cisjordanie ou en Syrie. Hier il m'a téléphoné de Gaza pour savoir si j'avais vu le film et ce que j'en pensais. Il est en train de faire du théâtre pour les enfants.

 

 

 

 

 

Quand tu te lances dans un film de genre français, c'est un pari risqué. La plupart des projets se sont plantés, souvent à raison. Il faut être inconscient ou avoir une sacrée confiance en soi. Et si les autres acteurs jouent mal par exemple ?

Fanny, je la connaissais, c'est une excellente actrice. Puis j'ai fait confiance à la production. Lors des lectures pendant un mois et demi, ou encore des répétitions, j'ai compris qu'on allait tous dans la même direction, la bonne direction. On a ainsi réécrit la moitié du scénario, car les dialogues volent peut-être pas toujours haut, mais c'était pire avant. Les personnages expliquaient sans cesse ce qu'ils faisaient.

 

Comme dans Humains ! Sinon, j'ai remarqué que t'as un petit côté Jalil Lespert. Comme lui, t'es entier.

Merci, j'adore Jalil. J'aime tout ce qu'il fait, il n'a juste pas encore la carrière qu'il mérite. C'est peut-être volontaire, par ses choix. Même si je veux rester entier, je vais essayer de grimper un peu. Mais j'avoue, là, mon agent m'a proposé Joséphine, ange gardien. J'ai refusé tout net.

 

De Téchiné à Mimie Mathy... sinon quand tu vois le film, est-ce que c'est ce que tu imaginais ?

C'est mieux que ce que j'avais lu ou même pensé faire. Je ne pensais pas tourner un jour un film comme ça. C'est tout à fait le genre que j'aime. C'est le premier film dans lequel je joue où je ne me fais pas chier en le voyant (rire). J'y ai pensé toute la journée après.

 

 

 

 

Interview réalisée par Laurent « Pipelette » Pécha

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