Maud Wyler (Vertige)

Laurent Pécha | 23 juin 2009
Laurent Pécha | 23 juin 2009

Pour son premier rôle au cinéma, Maud Wyler n'a pas choisi la simplicité avec Vertige. Mais la jeune femme a su affronter, comme ses petits camarades de jeu, les périples d'un tournage pour le moins physique. Et la voilà face à nous, souriante et décontractée, pour la première interview de sa future longue carrière. Meet Maud Wyler...

 

D'où vient Maud Wyler ?

J'ai eu un parcours assez classique, et assez théâtral. Je suis sortie l'an dernier du Conservatoire National. J'ai fait beaucoup de théâtre et de courts-métrages tendance sérieux. Vertige est donc mon premier rôle au cinéma.

 

 

 

 

En tant que jeune première, il n'y a pas une appréhension à débuter dans un film de genre quand on connaît les échecs artistiques et commerciaux de tels projets en France ?

J'avais remarqué que de nombreux acteurs avaient débuté par un bon gros nanar de genre. Je ne suis pas du tout la plus grande spectatrice de films de genre. Et je me suis finalement vite aperçu qu'il y avait plein de facettes à exploiter. Mon personnage est au début super heureux d'être à la montagne avec son amoureux, elle est bien et forte dans sa tête et puis elle va se retrouver à pleurer, à être fragile pour finir par...(chut). Le plus dur serait de faire un film X. Un film d'horreur, ça devrait aller...enfin j'espère.

 

Peut-être encore plus que dans d'autres films, il est important que tes partenaires soient à la hauteur... De mauvais acteurs et tout devient vite ridicule dans le film de genre. Comment as-tu appréhendé ce risque ?

Je ne les connaissais pas. Je n'ai vu aucun de leurs films et je n'ai pas voulu le faire. J'ai voulu rester naïve et ouverte avec eux. Mais tu sais, quand tu es en train de tourner avec -10°C au thermomètre, que tu te retrouves sous des tonnes de flotte, tu ne penses plus du tout à ton jeu. Dans la scène de nuit dans la forêt, il a fallu gérer l'eau qui coule, le sang qui doit gicler à tel endroit, tu dois respecter des emplacements hyper précis. Le risque d'être déconcentré est alors énorme, car l'important dans une telle scène, c'est de montrer au spectateur que mon personnage a mal. Et ça, j'ai presque failli l'oublier sur le coup (rire).

 

Un tournage physique donc !

Clairement ! Et cela peut engendrer des situations extrêmes que l'on ne peut pas prévoir. Les personnalités émergent dans ce genre de contexte et ce n'est pas facile forcement à gérer. Moi la première. Un jour, j'ai pété un câble, j'ai gueulé, j'étais à bout physiquement et mentalement. Mais d'un autre côté, j'ai énormément appris de cette aventure, à commencer des choses sur moi-même.

 

 

 

Il paraît que tu es assez casse-cou.

J'ai des origines suisses, alors la montagne, j'aime ça. J'adore crapahuter. Si tu me fous dans l'eau, cela n'aurait pas donné la même chose (rire). A chaque lieu de tournage, on était émerveillé même si on avait bien conscience qu'on n'était pas là en touristes mais qu'on avait un boulot à faire.

 

Dans le genre émotions fortes, tu es bien servie avec la séquence de la passerelle.

Avec celle-ci, j'ai eu mon compte. Mais je n'ai pas eu peur de la faire. Au contraire, j'étais même trop excitée. Et c'est après, une fois la séquence tournée, que je me suis rendu compte de ce que j'avais fait. D'ailleurs au jour le jour, ce n'est pas dans mon tempérament d'être intrépide comme ça, de faire des excès. Mais quand il s'agit de jouer, j'aime prendre la tangente.

 

Des regrets sinon ?

Si je suis très fier du film et du résultat à l'écran, bien meilleur finalement que l'image que je m'en étais fait à la lecture du scénario, je ne peux pas valider l'affiche du film. Elle a un côté cheap et je ne la comprends pas. Idem pour le Carmina Burana sur la bande-annonce (sauf si on le prend au 8ème degré), je n'adhère pas du tout. Autre déception, la fin du film qui me laisse perplexe.

 

C'est le côté pion de l'acteur, qui ne peut interférer que sur une partie du film, celle où il apparaît à l'écran.

Mais ça, tu le sais. C'est contractuel (rire).

 

 

 

Tu expliques comment le fait que même dans les pires films de genre américains, les acteurs parviennent à rester crédibles et bien jouer, alors que chez nous, c'est tout le contraire.

On se pose trop de questions. Les comédiens français se trouvent toujours beaucoup d'excuses. Et il y a aussi en France, un sentiment de suspicion sur les plateaux qui n'existe pas dans les pays anglo-saxons par exemple. Là bas, si tu as été choisie, personne ne revient sur cette décision et tout le monde te met en confiance, en pensant que tu es la personne idéale pour le personnage. Ici, on te remet facilement en question. Sur Vertige, je sais que je l'ai été et je l'ai senti car je n'avais rien fait auparavant. Je me sentais jugée constamment et cela te met une pression supplémentaire et ça peut te rendre mauvaise. Au début du film (NDR/ Maud ayant confirmé que le tournage a respecté en grande partie la chronologie du scénario), j'aurai pu imposer plus de choses dans mon jeu. Le côté « il faut prouver tout le temps », ce n'est pas facile à gérer.

 

Tes rapports avec Fanny, une rivalité féminine sur le tournage ?

J'aurais envie de balancer mais impossible avec Fanny. Dès le début du casting, elle m'a accueilli et elle m'a soutenu durant tout le tournage. Même lors de ma scène sous la pluie, elle a tenu à être là pour me donner la réplique et être là à mes côtés. Ca m'a sacrement aidé. Fanny est entière, elle a une vraie générosité. Je l'adore ! 

 

 


 

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