James Watkins (Eden lake)

Marie-Aurélie Graff | 8 septembre 2008
Marie-Aurélie Graff | 8 septembre 2008

Plutôt impressionnant du haut de son mètre 90, James Watkins, pas bien réveillé, nous a accordé la première interview de sa journée. Finalement le réalisateur d’Eden Lake sait mettre à l’aise ses interlocuteurs sans pour autant perdre le fil de sa promo. Après tout, son film est loin d’être drôle et il nous en parle avec le plus grand sérieux…mais toujours avec le sourire.
 

 

Quelles ont été vos influences pour réaliser Eden Lake ?

Mon Dieu, il y en a tellement. Avant tout les films d'horreur des années 70 ont été une réelle influence pour moi et de bien des manières. Je pense avant tout à Délivrance ou Les Chiens de paille. Je pense que j'ai voulu revenir à l'horreur basique qui a quelque chose de vraiment terrifiante et à la fois de sociologique, qui reste toujours connectée à la société d'une manière ou d'une autre. Ce ne sont pas des films avec des monstres.

 

 

Pourquoi avez-vous choisi Kelly Reilly et Michael Fassbender pour jouer les personnages principaux ?

Pour commencer parce qu'ils sont les deux meilleurs acteurs en Angleterre, enfin Michael est irlandais, mais pour moi ils sont deux des meilleurs acteurs du pays. Kelly a de réelles qualités. Elle a une habilité à jouer des scènes très complexes, comme la scène où elle doit poignarder Cooper, ou encore la façon dont elle a d'interpréter cette pauvre femme qui se rend compte dans quelle tragédie elle vient de tomber. L'habilitée de jouer comme une amazone d'une certaine façon avec beaucoup de courage cette femme qui est une gentille institutrice qui va tout perdre, jusqu'à ces principes, en ressentant beaucoup de peine en tuant ce pauvre garçon. J'avais besoin d'une très bonne actrice pour jouer ça. Mais en plus d'être bonne actrice je la trouve vraiment très belle, ce qui n'est pas négligeable quand vous devez passer 6 semaines dans les bois avec elle. Je ne voulais pas d'une blonde refaite, genre bimbo californienne sortie tout droit d'Alerte à Malibu, bien que je n'ai rien contre les blondes...

 

 

Comment avez vous créé la personnalité de Brett. Avez-vous eu certains modèles, peut-être Alex Delarge dans Orange Mécanique ?

Alex est beaucoup plus cool que Brett. Les gens ont plus envie de se mettre à la place d'Alex parce qu'il est plus attachant d'une certaine façon, on a envie de mettre son chapeau d'écouter du Beethoven et de boire un verre de lait avec lui malgré son comportement. Brett est beaucoup moins glamour : je ne pense pas que quand on le regarde on ait envie d'être à sa place. C'est un personnage vraiment tragique, un garçon brutalisé qui est brutal lui-même. Il domine son gang et n'aime personne au monde, mis à part son chien et même beaucoup plus que sa petite amie. Donc je n'avais pas de modèle particulier. J'ai pensé au personnage de Brett en en parlant avec Jack lui même. Il a vécu une adolescence difficile et connaissait les meilleures façons de faire ressortir l'intensité que je voulais donner à son personnage. C'est lui qui a construit son personnage.

 

 

 

 

Que pensez-vous des films d'horreur français ?

J'ai adoré Haute Tension de Alexandre Aja, cette façon qu'il a de faire un film si fort avec peu d'argent. J'ai demandé à mon caméraman de regarder Haute Tension pour qu'il s'en inspire. Pour moi il a de quoi rivaliser avec de grands films Hollywoodiens. En plus la bande son est géniale. J'ai été très impressionné par ce film, il a été une référence pour moi.

 

Que pensez-vous de la délinquance en Angleterre et peut elle, selon vous, rivaliser avec les gangs aux Etats-Unis ?

Je ne pourrai pas vous dire. Je ne suis pas un sociologue mais il y existe aujourd'hui une très grande peur des enfants en Angleterre. De là à dire qu'ils peuvent rivaliser avec les gangs américains, je ne suis pas sûr. Mais cette peur existe réellement et c'est quelque chose que je voulais explorer dans mon film pour que les gens s'en rendent compte et puissent en parler.

 

 

Quelles seraient les solutions, selon vous, pour diminuer cette délinquance, car quand on voit votre film la fin est assez pessimiste. Est-elle à l'image de ce que vous ressentez pour les générations à venir ?

Je pense que la violence est cyclique, dans le sens où la violence selon moi engendre la violence, donc si vous avez été vous même brutalisé vous serez forcément brutal avec vos enfants. Ce qu'on peut voir dans Eden Lake offre en effet une image d'un avenir assez dramatique. Je ne sais pas quelles seraient les solutions pour stopper ce cercle vicieux mais la première chose à faire est d'en parler pour pouvoir arriver à prendre certaines mesures.

 

 

Pensez vous que le comportement des parents ait une influence sur l'éducation de leurs enfants ?

Je pense que c'est certainement un élément important. Dans la scène ou Kelly arrive à la fête, les parents écoutent de la musique des années 80 , ils sont en pleine soirée-mousse, en réalité se sont encore des enfants, ils n'ont pas grandi. Il est évident qu'une grande part du comportement de Brett vient de son père

 

Avez-vous voulu faire un clin d'oeil à The Descent dans la scène ou Keily ne s'interpose pas quand le gang brûle le jeune garçon tout comme l'héroine dans The Descent tue accidentellement son amie en la poignardant dans le cou ? 

C'est un point de vue intéressant mais ce n'est qu'un clin d'œil inconscient. En réalité j'ai plus fait référence à The Descent dans la scène ou Kelly sort de la poubelle tout comme quand l'héroïne dans The Descent sort de la grotte où on pense qu'elle est enfin sauvée. J'ai utilisé le même point de vue et donné la même intensité à ce passage. Mais je crois qu'on fait toujours des choses sans y penser donc il est probable que la scène dont vous me parlez ait une ressemblance avec celle de The Descent sans que je l'ai vraiment voulu.

 

 

 

 

Quels sont vos futurs projets ?

Je travaille sur une histoire psychologique et surnaturelle. Je veux faire quelque chose dont la frayeur que le film apportera sera plus intense que ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant. Je n'ai pas encore pensé aux personnages ou à qui pourraient les interpréter car je n'en suis qu'à l'écriture du scénario .

 

 

Avez-vous envie de faire quelque chose aux États Unis ?

Si un bon projet se présente à moi, oui, bien sur. Mais je n'irai pas pour réaliser quelque chose qui ne me tient pas vraiment à cœur ou pour profiter des moyens que peuvent avoir certaines boites de production là-bas. Je laisse faire mon agent à ce niveau, mais oui il est clair que l'idée de travailler aux États Unis me plait beaucoup .

 

 

Si vous deviez vendre votre film à nos lecteurs que diriez vous ?

Bonne question, je n'avais pas pensé à celle-la ! Pourquoi ne pas dire que c'est un thriller horrifique qui vous fera réfléchir et qui vous scotchera à votre siège ? Ça sonne bien comme slogan non ?

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.