Greg McLean (Solitaire)

Jean-Noël Nicolau | 10 août 2008
Jean-Noël Nicolau | 10 août 2008

A l’occasion de la sortie mercredi en salles de son nouveau (et excellent) film, Solitaire, nous avons conversé avec le réalisateur australien Greg McLean. Le metteur en scène de Wolf Creek ne cesse de se référer aux grands classiques, pour mieux y puiser une nouvelle approche du cinéma fantastique. Celui que l’on oserait déjà qualifier de « Peter Weir du cinéma de genre » a déjà prouvé, en l’espace de deux longs-métrages, que sa vision est aussi originale que fascinante.

 

 


 

 

Pourquoi avoir choisi de faire un film de crocodile, qui est un genre plutôt marginal ?

J’ai grandi en regardant les films de monstres des années 50, tous les classiques, comme L’Etrange créature du lac noir. Et je me sens inspiré par des films très respectables, comme Les Dents de la mer ou Alien. Je voulais que Solitaire soit proche des vieux monstres « old school », mais ni popcorn, ni grotesque. Je voulais de vrais personnages, un vrai suspens, une histoire sérieuse.

 

A quand remonte le projet, a-t-il été difficile à financer ?

J’ai écrit Solitaire il y a douze ans. Pendant deux années j’ai essayé de monter le film, puis j’ai abandonné, c’était impossible à l’époque. J’ai donc tourné Wolf Creek, qui a été un succès et qui m’a permis de faire Solitaire comme je le souhaitais. Entre temps, j’ai un peu réécrit le scénario, essentiellement pour développer les protagonistes.

 

 


 

 

Comment avez-vous choisi vos acteurs ?

Cela s’est fait de manière assez classique, avec des auditions, des doutes et des choix de dernière minute. Michael Vartan est arrivé juste avant le début du tournage. Je ne connaissais pas très bien son travail, à part un peu Alias, mais il a été fantastique. Il était très motivé pour s’enfoncer dans le bush australien, au milieu des serpents et des crocodiles. Je voulais vraiment travailler avec Rhada Mitchell, elle est très fan de cinéma de genre et elle aussi a été formidable. Mais je peux dire que j’ai obtenu mon casting idéal, en particulier avec la présence de Sam Worthington, qui depuis a rejoint l’équipe d’Avatar, le nouveau James Cameron.

 

Solitaire n’est pas un film très sanglant, il n’y a pas beaucoup de morts, était-ce votre choix dès le départ ?

C’est avant tout un film à suspens, un thriller avec un crocodile. J’adore Hitchcock, et je concevais Solitaire plus en rapport avec Les Oiseaux ou Fenêtre sur cours qu’avec un divertissement gore. Je voulais m’éloigner le plus possible de ce que l’on nomme le « splasher ». Je préfère construire une tension, un bon suspens. A mes yeux c’est l’essentiel pour créer un film de genre qui puisse être pris au sérieux.

 

 


 

 

Comment avez-vous créé le crocodile du film ?

Nous avions trois marionnettes directement sur le plateau. Pour le reste c’est un crocodile numérique, très réussi je trouve. Il y a 500 trucages numériques dans Solitaire. Et il fallait faire en sorte qu’ils soient le plus réaliste possible. Si le crocodile était ridicule, le film serait un échec. La solution c’est d’en montrer le moins possible, mais le public risque de vouloir vous tuer si vous faites un film de monstre sans jamais l’exposer en pleine lumière. Mais avec Solitaire je n’ai pas cette crainte, les dix dernières minutes sont une confrontation face à face entre le crocodile et Michael Vartan, et je pense que l’on en a pour son argent.

 

En effet, ce final est très impressionnant, est-ce que cela a été la partie la plus difficile du tournage ?

Non, le véritable calvaire fut le tournage de nuit sur la petite île au milieu de la rivière. C’était un endroit très particulier et très exigeant. Il faisait très froid, l’eau était glaciale, nous tournions de la tombée du soir jusqu’à six heures du matin. A la fin nous avions l’impression de devenir des vampires : fuir dès que le soleil se levait et dormir toute la journée.

 

 


 

 

Que pensez-vous des autres films de crocodiles, quel est votre préféré ?

Pour moi il n’y a qu’un seul bon film de crocodiles, c’est L’Incroyable alligator de Lewis Teague, qui est vraiment excellent. Il a été écrit par John Sayles, ce qui n’est pas négligeable. Mais le genre peut être un vrai plaisir coupable. Je pense par exemple à Blood surf qui est vraiment très mauvais, mais aussi très drôle.

 

Lake placid ?

J’aime bien Lake placid, mais j’avais écrit Solitaire avant que ce film existe. Par contre je déteste que l’on me compare à Anacondas, ces films sont atroces. (rires)

 

Pensez-vous faire partie d’une tradition cinématographique australienne, en particulier dans la manière dont vous filmez les paysages et la nature ?

Evidemment je suis un grand fan de Peter Weir, et je suis sans doute influencé, mais à un niveau inconscient. Je ne cherche pas à imiter d’autres cinéastes australiens. Mais je crois que je n’échappe pas à un certain héritage. En particulier dans la manière d’opposer les paysages aux personnages, comment la nature peut agir sur les ambiances et sur les caractères, comme dans Pique-nique à Hanging Rock.

 

 


 

 

Comment compareriez-vous Solitaire à Wolf Creek ?

Wolf Creek est un film très brutal et cruel, il reflétait mon d’état d’esprit de l’époque. Solitaire est très différent, c’est plus un thriller d’aventure. C’est une œuvre plus accessible, plus positive aussi.

 

Quel est votre prochain projet ?

J’ai deux projets en cours actuellement, je ne sais pas encore lequel va se concrétiser en premier. Il y a un film de science-fiction ainsi qu’un autre film d’horreur.

 

 


 

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