Interview Timur Bekmambetov (Wanted)

Jean-Noël Nicolau | 16 juillet 2008
Jean-Noël Nicolau | 16 juillet 2008

Bien loin de la folie visuelle de ses films, dont le récent Wanted est un exemple pétaradant, le russe Timur Bekmambetov, se révèle très posé. Il disserte longuement sur sa vision du cinéma et n'hésite pas à citer des influences pour le moins inattendues.

 

Comment créez-vous vos univers ?

C'est assez simple quand vous écrivez un personnage, vous imaginez ses rêves. Ceux qu'il ne peut pas réaliser, c'est à vous de les réaliser.

 

Et vous avez vous de tels rêves?

Je n'ai jamais conduit de voiture comme le fait Angelina Jolie, mais j'aurais adoré le faire, tout comme tirer avec ce genre d'armes.

 

Que répondez-vous aux gens qui vous accusent d'avoir juste réalisé une copie de Matrix ?

Non, je n'ai pas cherché à faire cela. Je n'y serais pas parvenu de toute façon. Nous avons développé le visuel de Wanted avec le monteur et le directeur de la photographie et nous avons essayé de créer un langage propre. Certes nous avons utilisé les mêmes bases, mais avec notre propre vision.

 

 

Le film prend parfois un ton très ironique. Auriez-vous pu rester complètement sérieux ?

Non, le résultat aurait été très ennuyeux. Ce n'est pas parce que nous faisons un film d'action que nous sommes obligés de rester fidèle au sérieux du script.

 

Pensez-vous que votre film diffuse un certain message politique ?

Oui je pense qu'il y a un message fort dans ce film. Sur l'influence que l'on peut avoir sur son existence et celle des autres, en particulier. Ce ne sont pas forcément des évidences, et l'aspect divertissement permet de faire passer beaucoup de choses, de manière légère.

 

C'est un peu le même genre que Fight Club ?

Oui, à certains égards on peut penser à Fight Club, sauf que Fincher est plus sérieux. Mais c'est en effet assez similaire, avec une résolution différente.

 

Vous impliquez-vous dans la création du DVD ?

J'ai reçu certaines demandes du département qui s'occupe du DVD afin de leur envoyer les meilleures choses ; ce qui selon moi, devrait apparaître dans le DVD, dont les scènes qui ont été coupées au montage.

 

 

 

Vous essayez au mieux de rester connecté avec la réalité dans vos films?

Oui, pour Night Watch ou Day Watch que j'ai réalisé en Russie, dans lesquels il y avait beaucoup de scènes d'action également, je me suis appliqué à garder un certain contact avec la réalité. Ce n'est pas parce que vous réalisez un film de ce genre que le comportement de vos acteurs doit en être affecté. Rien ne doit être tout noir ou tout blanc. Les acteurs peuvent, par exemple, très bien garder leur propre sens de l'humour tout en jouant des scènes complètement irréalistes.

 

Pourquoi avez-vous choisi James McAvoy ? Pensiez-vous que ce serait un grand acteur de film d'action ?

Je l'ai proposé à Universal comme candidat potentiel au rôle principal. Ils m'ont alors demandé de trouver quelqu'un d'autre, mais j'ai su leur prouver que c'était l'homme de la situation. Tout simplement parce qu'il possède le même sens de l'humour, le même esprit, que son personnage. C'est aussi quelqu'un d'entier et « d'ordinaire », il est comme tout le monde, ce qui rend sa façon de jouer très crédible. En même temps il a assez de courage pour amener son personnage vers différentes facettes, il est à la fois dangereux, tragique, tout en conservant sa personnalité et son sens de l'humour. Je pense que c'est ce qui l'a aidé à surmonter des scènes difficiles, d'ailleurs pour moi c'est la seule façon de s'en sortir

 

 

Avez vous travaillé de la même façon sur tous vos films ?

Oui, pour Night Watch et Day Watch ou Wanted, j'ai employé le même professionnalisme afin d'accomplir, avec mon équipe, les meilleures choses possibles. Pour cela nous devions tout le temps nous impliquer à 100%, la chance n'a pas sa place. Pourtant j'ai eu beaucoup de chance d'avoir ces gens autour de moi.

 

Est-ce une coïncidence que vous réalisiez Wanted après deux films d'action ?

Pour moi Wanted est une continuité après mes deux premiers films, un pas, une étape sur mon chemin de réalisateur. Je n'ai pas cherché à faire quelque chose de différent. Mais maintenant j'arrête, j'en ai assez de ce genre de films, il est temps pour moi, et pour vous, que je fasse autre chose. Pour le moment je ne sais pas vers où me diriger. Par contre je me sens incapable de faire un film dramatique.

 

Quel serait votre principal argument pour convaincre le public de voir votre film ?

Je n'ai pas à donner d'arguments, j'espère juste entendre le public crier et rire quand il le faut.

 

Quels genre de films aimiez-vous quand vous étiez plus jeune ?

Fantomas. J'adorerai en faire un remake, du moins c'était mon rêve quand j'étais plus jeune.

 

Quels sont les réalisateurs qui vous ont influencé ?

Beaucoup de films français ont changé ma vie, notamment Le Magnifique avec Jean-Paul Belmondo. Polanski m'a aussi beaucoup influencé. Quand j'étais plus jeune, je suis allé voir Le Couteau dans l'eau avec des amis, alors que j'étais encore dans mon école d'ingénieur, et c'est ce qui m'a décidé à ne plus jamais y remettre les pieds.

 

Avez-vous des projets pour la suite?

Oui plusieurs mais je n'ai pas envie d'en parler pour le moment, j'attends d'avoir les réactions du public face à Wanted. Mais je ne ferai rien d'aussi violent. Je pense à un film d'héroïc fantasy, j'ai un autre projet sur des joueurs en réseau sur Internet.

   

Remerciements à Marie-Aurélie Graff 

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