Jon Favreau (Iron Man)

George Lima | 29 avril 2008
George Lima | 29 avril 2008

Acteur puis metteur en scène, Jon Favreau change de catégorie avec l'un des blockbusters les plus attendus de 2008. Se lancer dans une adaptation estampillée Marvel n'est pas une mince affaire, surtout lorsque l'on souhaite imposer Robert Downey Jr. en tant qu'Iron Man. Jon Favreau explique ses choix et son expérience d'un tournage épique.

 

 

 


 

 

Quel genre de pression ressent-on quand on réalise un film Marvel ?

Je suis très content que nous ayons réussi à faire un film que je pense créatif mais j’aimerais aussi que le film marche pour que toute la peine que nous nous sommes donné vaille le coup. La pression, je me la suis surtout mis tout seul : je voulais être fier du résultat ! Mais il est aussi vrai que les producteurs ont des attentes commerciales par rapport à ce projet.

 

Ce qui signifie que vous aviez des comptes à rendre sur le tournage ?

Pas vraiment. Ils voulaient juste s’assurer que les scènes d’action étaient d’un bon niveau. Je ne suis pas vraiment spécialisé dans le genre et c’était une réaction normale de leur part. Mais ces dernières années, plusieurs réalisateurs issus du cinéma indépendant ont franchi ce cap avec succès comme Christopher Nolan avec Batman, Sam Raimi avec Spiderman ou Bryan Singer avec X-Men. Je pense qu’il est plus facile d’apprendre à un « indie » à faire des films d’action que d’apprendre à un faiseur à raconter une histoire.

Pour être honnête, il y a aussi eu plusieurs discussions sur le casting. Nous avons mis un peu de temps à faire accepter Robert dans le rôle principal. Ils auraient préféré un choix plus ennuyeux : un acteur plus jeune, plus sûr. Je ne dis pas que Robert n’est pas fiable en tant qu’acteur. Les gens l’aiment bien mais sont-ils prêts à le voir dans ce genre de rôle ? 

 

A cause de son passé ?

Surtout à cause de son âge et du fait qu’il n’ait jamais fait ce genre de films avant. Il n’a jamais eu de cartons énormes au box-office et personne ne sait s’il suffira à attirer le public féminin. Mais je suis très fier d’avoir réussi à l’imposer dans le rôle. C’est ma plus belle réussite. D’autant plus que les fans de la BD étaient contents quand ils ont su que ce serait lui.

 

 


 

 

Aujourd’hui les films adaptés de comics sont de plus en plus profonds et accordent plus d’espace à la psychologie des personnages.

Avant les adaptations de Marvel étaient plus épiques et portées sur l’action car elles coûtaient très cher. Personnellement, je tenais à ce que le film ait un ton irrévérencieux et humoristique, voire subversif. A l’image de ce que les comic books Marvel ont toujours été. Les héros de Marvel ont tous de grosses failles et se moquent beaucoup d’eux-mêmes.  Spiderman par exemple n’arrive pas à payer son loyer ou à garder un boulot...

 

Vous avez aussi modernisé l’histoire remplaçant le Vietnam par l’Afghanistan. Etait-ce difficile à faire accepter à un studio ?

Non. Ils sont très peu intervenus sur l’intrigue, le ton du film et les dialogues. Notamment parce que nous avons beaucoup improvisé sur le plateau. Je voulais que le film reflète exactement la période et l’état d’esprit dans lesquels nous nous trouvons actuellement.  Je ne cherche ni à créer la polémique ni à faire passer mon point de vue politique. Je voulais juste filmer un héros qui propose des solutions très simples à des problèmes très complexes.

 

Une solution armée, vous voulez dire…

Oui, Tony n’est pas ce qu’on pourrait appeler un pacifiste. Il combat les armes par les armes. Mais le tout est d’être responsable, de savoir pourquoi on agit. D’ailleurs dans le film, le personnage évolue :  ce  type égoïste, irresponsable et aveugle comprend peu à peu les conséquences qu’ont eu ses créations et décide de reprendre le contrôle sur qui peut utiliser ses armes et de quelle manière. Il a une vraie prise de conscience au milieu de sa vie : il veut faire ce qui est bien et juste.

 

 


 

 

Vous avez dit qu’Iron Man était votre héros de comic préféré. Est-ce simplement pour les besoins de la promotion ?

En réalité, je change sans arrêt d’avis. C’est comme en politique. Je refuse de me prononcer pour un tel ou un tel car je change d’opinion tous les ans, au fur et à mesure que je reçois de nouvelles informations. Petit, j’adorais Hulk, ado, Wolverine, et maintenant que j’ai fait Iron Man, j’adore l’idée d’un superhéros adulte. Je ne suis pas sûr que j’arriverais à raconter l’histoire d’un ado qui doit dompter ses pouvoirs et assister au bal de promo ou se trouver un boulot d’été en même temps. Un inventeur  riche, célèbre, torturé est plus proche de ma réalité actuelle.

 

Vous aviez joué dans Daredevil. Etiez-vous comme Ben Affleck déçu par le rendu final et avez-vous cherché à éviter certains défauts de ce film dans Iron Man ?

Ce qui est dingue avec ce film, c’est qu’il a tellement bien marché le week-end d’ouverture que je pensais que ce serait un énorme carton. Un film de ce genre qui fait moins de 125 millions de dollars de recettes est considéré comme un échec à Hollywood. Les critiques n’étaient pas si mauvaises lors de la sortie mais petit à petit, le public a commencé à dénigrer le film. Pour être honnête, je n’aime pas le ton du film  et je trouve que les scènes d’action ne font pas assez réalistes, notamment à cause de ces mouvements de kung-fu trop sophistiqués et de tous ces effets spéciaux qui n’étaient ni convaincants ni crédibles. J’ai essayé de ne pas tomber dans cet écueil dans mon film. Pour les scènes avec les avions, j’ai par exemple demandé à des vrais appareils de réaliser les mouvements et nous avons ensuite incrusté Iron Man pour nous éviter de tout faire par ordinateur. Je voulais que le film soit plus ancré dans la réalité, en évitant au maximum les effets spéciaux. Mais j’ai beaucoup appris de Daredevil qui a marqué le début de ma collaboration avec Marvel. Quant à Ben, il n’a pas vraiment le droit de se plaindre : il a rencontré sa femme (Jennifer Garner) sur le tournage de Daredevil !

 

 


 

 

Vous tourneriez une suite à Iron man ?

Il faut d’abord que celui-ci marche ! Je pensais qu’il y aurait une suite à Daredevil et vous voyez le résultat ! Mais s’il y a une suite, elle sera différente de tous les autres films de superhéros. Car le personnage, et c’est le seul du genre, devra assumer d’être publiquement Iron Man, d’être célèbre en tant que Tony Stark et en tant que super héros. J’adorerais pouvoir travailler plus en profondeur avec Robert là-dessus.

 

Vous pourriez arrêter de jouer et vous consacrer uniquement à la réalisation ?

J’adore jouer : ça paye mieux  à l’heure ! Les acteurs sont aussi ceux qui récoltent les fruits de la gloire. J’ai mis deux ans à faire Iron Man et j’ai été présent sur chaque étape de fabrication. Si le film marche et accroît ma notoriété de réalisateur, je devrais peut-être en faire une priorité et jouer uniquement quand je le pourrai.

 

Quelle leçon tirez-vous de ce tournage ?

Réaliser un film de superhéros, c’est comme courir le marathon. On travaille pendant très longtemps sur le même projet et il ne faut pas perdre l’objectif de vue et maintenir le rythme.

 

 

 

 

 

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