Aurore Auteuil : Mon père, ce héros

Dans 15 ans ½, Daniel Auteuil est un papa, sacrément dépassé par les événements, qui essaye de renouer le contact avec sa fille, jeune adolescente qu’il n’a quasiment pas vu depuis sa naissance. Un père complètement à côté de la plaque qui multiplie les mauvais choix et qui a bien du mal à gagner le cœur et la confiance de sa progéniture. Le comédien y est d’un naturel parfait. Alors, grande performance d’acteur ou mimétisme de la vie quotidienne ? Pour le savoir, on est allé interroger tout simplement l’une de ses propres filles, Aurore Auteuil. La comédienne, âgée de 26 ans, que l’on avait pu voir dans 36, quai des Orfèvres (en fille de Daniel), s’est donc prêtée avec gentillesse, disponibilité et enthousiasme au jeu « fiction ou réalité ». Le résultat est sans équivoque : Daniel Auteuil, grand acteur, on le savait depuis longtemps. Daniel Auteuil, super papa, c’est sa fille qui nous le dit…

Un papa bien différent que dans le film.

Il veille au grain. Il est vachement présent dans ma vie, il m’accompagne vraiment. A l’âge de 15 ans, il me faisait confiance. Je n’ai jamais dérapé, je pouvais tout lui dire : école, garçons, sécurité, ce que je voulais faire dans la vie. Il n’y a jamais eu d’interdit. Il me prévenait juste des dangers en me disant que ce n’était peut être pas la peine de passer par là. J’ai toujours pu parler de tout avec mon père et je n’ai fait aucun excès (drogues,…).

Anxieux Daniel ?

Bien sûr qu’il l’est. Il veille vachement sur nous mais il n’est pas étouffant. Et on peut aborder tous les sujets. Dès que j'ai eu 15 ans, c’est lui qui m’a expliqué ce que c’était une capote. On parlait de tout sans pour autant que cela soit un papa copain. Il a toujours été un papa.

Daniel capable de ruiner l’ambiance d’une fête avec son sens du dance floor ?

(Rires) Non !

Daniel et le port du peignoir rose ?

Jamais (grand éclat de rire). Il le porte bien dans le film, mais je ne le verrai pas avec dans la vie.

Daniel et l’incapacité à utiliser une machine à laver le linge ?

C’est lui qui m’a appris à ranger mes fringues. C’est lui qui fait souvent la cuisine. J’ai toujours vu mon père cuisiner. C’est un papa maman.

Daniel et la date de naissance de ses enfants (dans le film, il ne la sait pas)

Il connaît la date de naissance de tous ses enfants par cœur.

Daniel, père moralisateur ?

Non, il ne l’est pas, mais il est toujours de très bon conseil.

Daniel, père fouettard ? (dans le film, il donne une gifle à sa fille)

Jamais…sauf une fois quand j’avais 7 ans. On était sur un bateau et ma belle-mère de l’époque avait perdu son chapeau. J’avais voulu sauter pour le récupérer et il avait eu peur. C’était une tapette de merde.

Daniel réquisitionné pour le stage papa (dans le film, Auteuil part faire un stage de son beau-frère qui va lui permettre de mieux comprendre les ados)

Non, jamais. Rien à perfectionner…Il n’en a pas besoin. Il n’a pas d’âge, mon père. C’est comme s’il avait encore 15 ans, tout en étant un homme. Il est intergénérationnel. Il a eu su garder sa part d’enfant.

Daniel et le look vestimentaire  (quelque peu ridicule dans le film)

Papa, il s’habille toujours en jeans basket. Chemise ou tee-shirt. Blouson en cuir. C’est un papa rock n’roll.

Le moment où tu as été le plus fier de ton père ?

Je suis tout le temps fier de lui. Pour son travail, c’est quand il a fait Le 8^e jour (NDR/ le film préféré d’Aurore dans la filmo de son père) et qu’il a tourné avec des trisomiques. Le fait d’aller vers la différence et la mettre en lumière, de montrer à quel point ce qui est différent de nous, nous enrichit.

La plus grosse honte que ton père t’aurait faite ?

Je n’ai pas d’exemple. Vraiment !

Le film est un exorcisme de tout ce qu’il n’a pas « pu » faire finalement ?

Peut être, oui (éclat de rire). Le film m’a surtout rappelé moi et ma mère (rires).

Un grand merci à Aurore Auteuil pour s’être prêtée au jeu.