Danny Lerner & Anat Klausner (Frozen Days)

Lucile Bellan | 19 novembre 2007
Lucile Bellan | 19 novembre 2007

Qu'on le voit comme une fumisterie de petit malin ou comme un vrai film cinéphile, Frozen days déclenche toujours une vague de questions. Pour éclaircir le mystère, rencontre avec le réalisateur Danny Lerner et la comédienne Anat Klausner.

 

 

 

Comment est né ce projet ?

Danny Lerner : Dans un contexte particulier comme en Israël aujourd'hui, où on ne fait que de 12 à 15 films par an, il est très difficile d'entrer dans l'industrie du cinéma. Un jour, j'ai donc décidé de faire un film tout seul. J'ai rencontré des gens qui n'avaient aucune expérience et nous nous sommes donnés pour mission de faire un film.

 

Est ce qu'on peut considérer que c'est un film de cinéphile ?

D.L. : Oui. Même si aujourd'hui, on ne peut pas dire que les films ne contiennent pas tous des références à d'autres films. Que vous soyez cinéphile ou vierge de toute culture, vous finirez toujours par trouver quelque chose dans Frozen days qui vous parlera. C'est surtout un film expérimental, donc nul besoin d'avoir tout vu pour le vivre à sa juste valeur, même si j'y ai inclus mon hommage personnel aux films noirs et autres thrillers psychologiques.

 

 

 

De quelle manière avez-vous travaillé avec vos acteurs ?

D.L. : Nous avons fait beaucoup de répétitions. Aucune scène ne l'a pas été. Et comme Anat était souvent seule dans les scènes, nous avons surtout parlé et développé ensemble le personnage.

Anat Klausner : Comme il l'a dit, tout le travail s'est fait sur ces discussions très longues que nous avons eu ensemble : sur ce qu'elle ressentait et ce qu'elle devait et allait faire dans chaque scène. J'ai aussi vu beaucoup de films, de thrillers psychologiques, afin de mieux comprendre le monde dans lequel elle vit. Pendant un temps, j'avais l'impression d'être elle. Et je vivais comme elle.

 

Le choix de la DV pour ce film est un choix artistique ou économique ?

D.L. :  Les deux en fait. Aujourd'hui, on n'est pas obligé d'utiliser de la pellicule, on peut enregistrer tout numériquement et c'est un vrai progrès. Le DV, le HDV et HD... on peut filmer avec ces formats et toujours avoir un bon résultat à l'œil. Et si on tourne bien, qu'on est un bon réalisateur, il est impossible de savoir si ça a été tourné en vidéo ou en pellicule. Mais si on n'a pas beaucoup d'argent, la vidéo est toujours le choix le plus sûr. On travaille plus vite, pas besoin d'attendre les négatifs. C'est vraiment le support idéal pour commencer aussi, parce que n'importe qui peu prendre une caméra, appuyer sur « record » et faire un film. C'est une bonne façon de montrer ce qu'on vaut.

 

 

 

De l'inconvénient du petit budget, avez-vous eu plus de liberté ?

D.L. : Bien sûr, tourner un film à petit budget permet plus de liberté, puisque vous n'avez de compte à rendre à personne. Mais il reste toujours la pression d'utiliser ce budget correctement : chercher constamment des manières de tourner des scènes sans dépenser d'argent. Ce qui a impliqué une organisation presque militaire et beaucoup de répétitions avec les acteurs, mais aussi avec l'équipe technique ainsi que par le biais d'un story-board.

A.K. : C'est aussi plus facile pour une comédienne de jouer avec un réalisateur qui savait exactement ce qu'il voulait et était bien préparé.

 

Justement, en tant qu'actrice, est-ce que vous avez eu une place à l'improvisation ?

A.K. : J'ai eu beaucoup de liberté, car nous avons beaucoup échangé. Et je pense que mon personnage y a gagné en réalisme.

 

 

 

La scène de prise de drogue dans la boite de nuit, pourquoi avoir décidé de la tourner en couleur ?

D.L. : Le film est en noir et blanc, parce que c'est un « film noir » [NDLA : en français] et parce que je voulais donner une certaine ambiance. C'est le monde dans lequel elle vit. Pas négatif mais très sombre. J'ai donc trouvé important de lui donner une scène où elle est libre et heureuse, la couleur revient et c'est une respiration pour elle. Ce n'est pas un film pro-drogue car si vous faites attention à la narration du film, quand elle prend la drogue quelque chose de grave arrive.

A.K. : Je pense que le jeu de couleur ou de non-couleur n'est pas juste symbolique de la drogue mais plutôt d'un état d'esprit.

 

Par rapport à vos choix de mise en scène, vous tournez assez proche de vos personnages... est-ce pour provoquer une plus grande identification entre le spectateur et votre personnage ?

D.L. : Oui, c'est un choix volontaire puisque le film est très subjectif. On voit cette histoire du seul point de vue de ce seul personnage. Et j'ai voulu que les spectateurs comprennent exactement ce qu'elle voit et vit, et pas seulement par ses yeux mais aussi par son esprit. C'est pourquoi, parfois, on ne sait si c'est la réalité ou un rêve, ou peut être un cauchemar.

 

 

Propos recueillis par Benjamin Flores, mis en forme par Lucile Bellan

Merci à Bossa Nova et Michel Burstein

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