Vincent, Clémence, Gilles et les autres

Laurent Pécha | 5 novembre 2007
Laurent Pécha | 5 novembre 2007

17 octobre 2007, après avoir découvert dans les fauteuils toujours aussi confortables du Club 13 le nouveau film d'Ariel Zeitoun, Le Dernier gang, nous avons été invités avec de nombreux autres collègues-journalistes à déjeuner avec l'équipe du film. Bien plus sympa que les junkets classiques, ce tour de table convivial nous a donc permis de voir défiler à notre table une grande partie des comédiens du film accompagné de leur réalisateur. Par groupe de deux au minimum (parfois quatre), ils se sont donc installés à notre table et tout en dégustant un repas tendance italien, ils sont revenus sur l'expérience Dernier gang.

 

Premiers arrivés devant leur assiette (vide), Ariel Zeitoun et Gilles Lellouche. Très décontracté, un brin charmeur (la table étant composée d'un maximum de journalistes féminines), le comédien revient sur un tournage particulier qui l'a vu être, comme dans le film, à l'écart des autres acteurs, lui permettant finalement de ne jamais savoir quand il pouvait quitter son rôle. Il évoque le côté jubilatoire de tourner avec des « nouvelles têtes » encore peu connues du grand public et semble ravi de la liberté que leur a laissé Ariel Zeitoun sur le plateau. Quant à savoir s'il aurait aimé jouer un des rôles du gang, Lellouche avoue vite que seul le personnage de Milan l'intéressait. Le fait d'interpréter quelqu'un de solitaire l'attirait énormément car comme il le dit : « je suis l'antithèse du solitaire. J'aime bien être seul...deux heures par mois ! ».

 

 

Visiblement heureux de la performance de son comédien dont il apprécie la solidité et qu'il compare volontiers à Lino Ventura, Ariel Zeitoun revient sur la longue genèse du film. Huit ans lui ont été nécessaire pour mener à bien le projet et notamment de très longues rencontres avec le présumé chef du gang des postiches, André Bellaïche, très réticent au départ à déballer son histoire (« pour lui sortir trois mots, il fallait y passer deux heures »). Une préparation longue qui contraste avec un tournage sur le vif en seulement 11 semaines (« il fallait en faire beaucoup, ça donne un rythme de tournage intéressant »). Cette idée d'aller à l'essentiel le cinéaste la gardait jusqu'au bout (« Je ne voulais pas tomber dans le piège j'ai une longue histoire, je vais faire un film de trois heures ») et avoue avoir été « très sévère » au montage en coupant beaucoup de scènes. Il regrette d'ailleurs d'avoir laissé quelques séquences sur le carreau. Quant aux influences du réalisateur, il ne faut pas aller les chercher du côté des classiques du polar à la française tendance Melville ou Verneuil mais du côté des séries américaines et notamment The Shield (« j'adore la manière très nerveuse de tourner, sans souci de l'orthodoxie cinématographique »).

 



Alors que le repas bat son plein et que les assiettes se remplissent, l'arrivée des membres du gang se fait dans la décontraction la plus totale. Guillaume Viry, Matthieu Boujenah et Gregory Gadebois se placent un peu partout autour de la table et c'est donc parti pour une conversation tous azimuts avec de préférence celui qui est assis le plus près de soi. En l'occurrence pour votre serviteur, Matthieu Boujenah qui revient sur l'excellence camaraderie au sein du groupe, sur l'apprentissage de l'utilisation des armes à feu et sur l'âme de leader qu'avait Vincent Elbaz. Se dégage ainsi le sentiment que ce que l'on voit à l'écran, c'est en quelque sorte le « simple » reflet de l'ambiance du plateau.

 

Troisième groupe à débarquer à notre table, Sami Bouajila (très effacé), Patrick « Pro Armée Rouge » Dell'Isola et la surprise de dernière minute venue en ami, Pascal Elbé (en grande forme et toujours déçu que 3 amis n'ait pas assez marché). Sans doute repus par les victuailles, les journalistes ont du mal à se lancer à l'abordage des trois hommes. Elbé et l'auteur de ces lignes partent dans une conversation autour de l'aspect tendancieux de rendre sympathique des hommes qui bafouent la loi au contraire d'un Truands, une conversation qui n'aboutira nulle part et qui dérivera sur la personnification du mal allant même jusqu'à évoquer la polémique autour de La Chute et la représentation « normale » d'Hitler. S'éloignant de plus en plus d'une interview autour du film, la discussion prend alors un côté surréaliste quand Patrick Dell'Isola se lance alors dans un couplet passionné sur l'importance de l'Armée Rouge dans la libération de l'Europe pendant la seconde guerre mondiale. Un grand moment qui conclue la rencontre la plus déroutante du déjeuner...et sûrement pas la moins intéressante.

 

 

Dernières arrivées, le couple vedette composé de Vincent Elbaz et Clémence Poésy. Grande réussite du film, l'histoire d'amour est forcement au cœur des questions et de savoir comment l'alchimie est née entre les deux. Justement, Vincent Elbaz a été séduit par le scénario parce qu'il s'intéressait avant tout à des gens, qu'il racontait l'histoire de quelqu'un, des choses vraies. Le comédien reconnaît avoir beaucoup réfléchi sur les conséquences d'un tel mode de vie (le banditisme) sur la vie de couple et de famille. Le fait d'avoir du mal comprendre comment on rentre petit à petit dans un comportement, un mode de vie qui met en danger la vie des autres, lui a donné envie de le jouer. A la question classique de savoir s'il est toujours facile ou difficile de sortir de son personnage après le tournage, Vincent tout comme Clémence reconnaissent qu'ils arrivent à s'en défaire assez facilement même si jouer de telles émotions complexes et fortes épuisent tout en procurant un plaisir énorme. Lorsqu'on lui évoque la transition d'Harry Potter au Dernier gang, Clémence avoue que l'une des choses les plus importantes qu'elle ait apprises dans ce métier, c'est d'être adaptable et que l'essentiel est d'arriver à trouver sa place. Les deux comédiens sont en tout cas ravis que le point de vue du film passe en grande partie par leur couple sans pour autant qu'il y ait beaucoup de scènes le concernant et que des spectateurs y soient plus touchés que par les scènes de braquage.

 

Plus de deux heures après le début des « hostilités », la rencontre fringale se termine sur cette impression d'avoir eu une équipe soudée autour de leur réalisateur et visiblement très heureux d'avoir participé à l'aventure. Reste plus désormais qu'au public d'en faire de même dans les salles obscures et ce depuis le 31 octobre dernier.

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