Michael J. Bassett (Wilderness)

Sandy Gillet | 14 mars 2007
Sandy Gillet | 14 mars 2007

Sans vraiment le vouloir, sans vraiment en être conscient, Michael J. Bassett s'inscrit pourtant pleinement dans le renouveau du film de genre qui prend corps depuis quelques années de l'autre côté de la Manche. Deathwatch (La tranchée en VF), son premier long connu chez nous uniquement des aficionados du direct-to-video ou des abonnés couche-tard de Canal+, est le parfait exemple et un premier coup d'essai assez réussi et jouissif. Si Wilderness ne parvient pas tout à fait à confirmer cette première impression flatteuse, il nous a semblé opportun de rencontrer l'homme qui du haut de sa trentaine d'années pourrait bien devenir un cinéaste avec qui il faudra compter. C'est donc à Gérardmer, où il fut invité pour présenter son film en clôture du quatorzième festival du même nom, que l'occasion s'est présentée. Morceaux choisis !

 

C'est la deuxième que vous venez ici
Oui, il faut croire que Deathwatch avait laissé une bonne impression (le film fut en effet présenté au festival de Gérardmer en 2003). Mais de toute façon je suis sur Paris en ce moment (l'entretien a eu lieu en février 2007) car je prépare avec Metropolitan et Samuel Hadida mon prochain film, Solomon Kane, un film d'Heroïc Fantasy très sombre inspiré du personnage culte de Robert E. Howard.

 

 


Vous tournez en France ?
Non à Prague (sourire) et si tout va bien le tournage devrait débuter en juin. Si j'avais pu, je l'aurais tourné en Angleterre mais ce fut un niet sans appel car cela aurait fait exploser le budget (40 millions de dollars, Ndlr.). Samuel Hadida, et c'est normal, veut que son argent soit dépensé le plus efficacement possible. Ce qui est déjà certain, c'est que cela ne ressemblera pas ni de près ni de loin à Eragon (éclats de rires mutuels).

 

Vous êtes scénariste sur Solomon Kane…
Oui et de fait, si le film est mauvais, ce sera totalement de ma faute.

 

Alors que sur Wilderness, vous êtes crédité en tant que « additionnal Material ». Cela veut dire quoi exactement?
Oh juste que j'ai réécrit tout le script…

 

Vous vous foutez de moi ?
Malheureusement pas.

 

Il faut m'en dire plus alors !
Et bien quand l'on m'a fait lire le scripte originel signé par Dario Poloni, je trouvais en effet que cela partait sur une excellente idée de départ : des ados qui se retrouvent livrés à eux-mêmes en pleine nature hostile. Mais ce que je voulais, c'était certes faire un slasher avec des ados qui soient tous de mauvaises graines, qu'il n'y en ait pas vraiment un pour rattraper l'autre, d'où l'idée d'en faire des délinquants juvéniles. Je voulais en fait retrouver dans Wilderness un peu de Délivrance, de Southern Comfort (Sans retour), de Lord of the flies (Sa Majesté des mouches) et de Battle Royale (Sic !). Ce qui m'intéressait ici, c'était de respecter à la fois les codes du genre mais en même temps de leur tordre le cou le plus longtemps possible.

 

 


Avez-vous conscience de vous inscrire ainsi en plein dans une sorte de renouveau du cinéma de genre anglais ?
C'est quelque chose dont on me rebat les oreilles depuis un moment maintenant. En tout cas ce que je peux vous dire c'est que vu de l'intérieur il n'y a rien de planifié ou voulu comme tel. Le fait est que le fantastique, l'horreur… sont des genres qui ne peuvent pas mourir. Ce sont juste des cycles qui reflètent l'état d'esprit de la société. À un moment donné le public réclame des films d'horreur et à un autre des comédies. C'est aussi simple que cela.

 

Mais alors de quand date la précédente période anglaise pour ces films là ?
Cela a correspondu avec l'age d'or des Studio de la Hammer durant les années 70. Entre-temps il y a eu la vidéo. J'ai grandi avec ce medium et les premiers films qui sont sorties en vidéo furent les films d'horreur, de SF ou fantastiques. Mes premiers souvenirs de films sont La Guerre des étoiles, Alien et … L'Exorciste avant que cela soit interdit en Angleterre pendant un moment… Comment ne voulez-vous pas être marqué par cela pour la suite de votre vie ?
Enfin pour revenir à votre précédente question, beaucoup de personnes de ma génération ont vu les mêmes films et ont été frappés autant que moi. Il est donc normal qu'arrivé à la trentaine, on essaye de mettre en image ces impressions durables qui font partie de notre vie.

 

 


Est-ce à dire que votre filmographie n'explorera que ces genres ?
Non si mes deux premiers films touchent principalement aux codes de l'horreur, je les ai fait car c'est ce qu'il y a de plus accessible aujourd'hui pour un jeune cinéaste. Je parle bien entendu surtout en terme économique puisque ces films sont relativement peu coûteux à réaliser et ont toujours un potentiel commercial très important, soit l'équation idéale pour n'importe quel producteur. Bien entendu on ne devient pas riche en faisant ce genre de films à moins de faire Saw ou Blair Witch Project mais on est quasi certain de rentrer dans ses fonds.
Après Solomon Kane j'ai envie de faire un film de SF, puis un film d'aventures… Mais bien entendu, et si c'est cela le sens de votre question, vous ne me verrez jamais faire une comédie romantique…

Ps : pour ceux qui voudrait faire plus ample connaissance avec le bonhomme, on peut vous conseiller d'aller faire un tour sur son excellent site en cliquant ici.

Propos recueillis par Sandy Gillet.

Autoportrait par Michael J. Bassett

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