Julie Durand (Mon meilleur ami)

Laurent Pécha | 22 décembre 2006
Laurent Pécha | 22 décembre 2006

Après avoir été découverte dans Du poil sous les Roses en 2000, Julie Durand fait doucement son petit bonhomme de chemin en travaillant pour Sam Karmann (À la petite semaine), Coline Serreau (Chaos) ou encore Cédric Klapisch (Les Poupées russes). Des petits rôles certes mais cela n'empêche pas la jeune actrice de persévérer (elle sait magnifiquement se « vendre » avec une confondante gentillesse et une humilité des plus touchantes) et de se retrouver aujourd'hui pour la deuxième fois devant la caméra de Patrice Leconte pour les besoins de Mon meilleur ami. Elle y joue la fille de Daniel Auteuil et malgré seulement quelques scènes, on retient sa prestation et sa jolie frimousse. Rencontre à distance avec une comédienne pleine de promesse et d'une incroyable fraîcheur.

 

Le grand public ne te connaît pas. Peux-tu tout simplement te présenter et évoquer ton parcours de comédienne.
J'ai commencé par faire une année de biologie, je voulais être océanographe …pour me casser et voyager. Un jour, en TP biologie, lors d'une dissection de souris, un têtard en vrac m'a fait beaucoup de peine et j'ai compris que je m'ennuyais profondément. J'ai commencé à sécher les cours. Un jour, je rigolais avec une copine dans la rue en vendant des gâteaux et une étudiante réalisatrice en manque d'inspiration s'est jetée sur nous en nous demandant si elle pouvait faire de nous son sujet de fin d'étude ! Ma copine s'est dit qu'elle était folle. De mon côté, comme je voyais que je vendais plus de gâteaux avec elle et sa caméra à mes côtés, j'ai accepté de devenir son cobaye le temps d'un été. Un agent, Marie Françoise Huisman, a vu la vidéo et m'a demandé si je savais jouer. J'ai dit oui bien sûr, je sais vendre des gâteaux et par chance, Mickaella Watteau m'a offert mon premier rôle. J'ai ensuite joué Roudoudou (mon premier grand rôle) dans Du poil sous les Roses de Agnes Obadia et Jean Julien Chervier. Ce fut une vraie révélation. J'adorais ça…jouer toute la journée.

 


 

Comment es-tu arrivée sur Mon meilleur ami ?
J'avais rencontré Patrice Leconte sur une publicité où j'avais une scène avec Jacques Mathou. Il m'a ensuite fait jouer un petit rôle dans Félix et Lola et a voulu me revoir pour le rôle de Louise pour voir si ça pouvait coller.

 

Comment devient-on la fille de Daniel Auteuil ?
On ne le devient pas. On vous le propose. J'ai juste essayé d'être en connexion avec lui car avec un acteur de cette trempe, il faut juste essayer de renvoyer la balle qu'il vous envoie…et surtout être le plus concentrée possible pour ne décevoir ni lui ni Patrice.

 

Quel fut ta préparation pour le rôle ?
J'ai bien dormi…et j'ai bien relu le scénario ! (rire)

 

Quels sont tes sources d'inspiration lorsque tu travailles tes rôles ?
J'essaye de m'inspirer de ce qui m'arrive dans ma propre vie. Je regarde aussi beaucoup de films pour capter des ambiances et me faire plaisir. Je chante aussi, ça me fait du bien et ça me centre. Mais la vraie inspiration est celle du moment où ça tourne.

 

Quels furent tes rapports avec Daniel Auteuil et les autres comédiens du film ?
Daniel Auteuil est au service d'un film donc des acteurs qui l'entourent. C'est quelqu'un de très généreux et qui a tout fait pour me mettre à l'aise. Il rigole beaucoup et dédramatise, ce qui est la façon la plus généreuse d'épauler quelqu'un qui débute et qui n'a pas encore beaucoup d'expérience. On est tout de suite à l'aise avec lui, c'est une personne très rassurante. Danny Boon, j'aurais bien aimé le voir plus, on n'a joué qu'une scène ensemble mais c'était super. Il ne peut pas s'empêcher de faire des blagues qui sont en plus toujours très drôles. J'adore ses one man show, c'est un des rares comiques qui sait faire rire tout en restant tendre. Lui aussi met tout le monde à l'aise et est très à l'écoute des gens. Julie Gayet, Elisabeth Bourgine, et Marie Pillet sont de vraies femmes : fortes et féminines à la fois et surtout des actrices géniales. Julie Gayet m'a apporté beaucoup de force et de bonnes énergies quand on était ensemble sur le tournage. Elle me demandait souvent si tout allait bien avec ses grands yeux et sa jolie voix grave. C'est une femme lumineuse, belle, intelligente, elle a un peu tout pour elle quoi ! Et en plus, elle est super sympa. Elle pense aux autres, ce qui n'est pas toujours facile sur un tournage où l'on doit être aussi concentré sur son travail.

 


 

Comment s'est déroulée ta première rencontre avec Daniel Auteuil ?
On s'est dit bonjour ! (rire)

 

Comment se comporte Patrice Leconte sur un plateau ?
Il est heureux. Il vagabonde de personne en personne en disant : d'accord, super, très bien. Il est d'un positivisme et d'une gentillesse naturelle à toute épreuve et donne une énergie folle. Il voit tout, comprend tout et mène la danse mine de rien avec légèreté. On a l'impression que tout est facile et coule de source. Il fait beaucoup de mots d'esprit bien placés qui résument tout à fait la situation du moment. C'est assez scotchant quand on ne s'y attend pas. On a l'impression qu'il est partout à la fois, qu'il se téléporte sur un plateau. Il est toujours au bon endroit et avec la personne qu'il faut, au bon moment. Il se laisse surprendre, il rebondit, s'amuse, travaille tout en étant porté par un enthousiasme contagieux. Avec lui, on apprend, c'est génial.

 

Comment dirige t-il ses comédiens ?
Il fait mieux que de les diriger, il les emmène, comme pour une promenade, et le sentiment de la scène apparaît comme par magie. Comme c'est lui qui filme, on perçoit d'autant plus les choses, il n'y a qu'à se laisser porter, le travail est déjà fait. Je pense que ça se passe ailleurs que dans les mots, (même si Patrice donne aussi des indications) surtout quand il s'agit de ressenti. Il est comme un médium qui transmet son énergie, son émotion et sa pensée naturellement.

 


 

Quels sont les films que tu préfères de Patrice Leconte et de Daniel Auteuil ?
Pour Patrice, Dogora, Confessions trop intimes et Les Bronzés font du ski. Pour Daniel, Caché, L'Adversaire et Un cœur en hiver.

 

Une anecdote amusante du tournage ?
Un jour, on a mangé du poisson !

 

Difficile de se faire un nom quand on est jeune comédienne dans le cinéma français. Peux-tu nous faire partager les éventuelles galères d'une jeune actrice qui débute ?
Il n'y a pas de règle. J'essaye d'être en recherche permanente pour apprendre de la bonne façon. La chance qu'il faut avoir au début : ne pas se tromper de chemin, être sur le sien et ça, on doit le trouver seul. Moi, j'ai eu la chance d'être guidée et aidée par les bonnes personnes.

 


 

Quels sont les acteurs et les réalisateurs que tu apprécies ?
Benoît Poelvoorde, Léonardo DiCaprio , Juliette Binoche, Carmen Maura, Charlotte Gainsbourg, Scarlett Johansson, Gena Rowlands, Anémone, Isabelle Huppert, Victoria Abril, Valérie Lemercie, Dominique Lavanant, Judy Garland, Meryl Streep, Al Pacino, Robert De Niro, Jeanne Moreau,…Du côté des cinéastes, j'aime beaucoup Emir Kusturica, David Cronenberg, Steven Spielberg, Jacques Audiard, Maurice Pialat, Claude Chabrol, Nicole Garcia, Martin Ritt, Tim Burton, Michel Gondry, Takeshi Kitano, Ernst Lubitsch, Laurent Cantet, Agnès Jaoui, Sam Karmann et bien sûr Patrice Leconte.

 

Des films qui t'ont marqué cette année ?
Je ne suis pas beaucoup allée au cinéma cette année. J'ai vu Bamako d'Abderrahmane Sissako que j'ai trouvé très beau. Tout le monde devrait le voir, il délivre un message plus qu'important. J'ai vu récemment A History of violence en DVD que j'ai trouvé absolument génial.

 


 

Tes projets ?
Il y a deux films qui vont sortir en 2007. Fracassés de Frank Llopis avec Vincent Desagnat et Nos chères têtes blondes de Charlotte Silvéra, un huit-clos à 5 personnages dont Carmen Maura. En tournage ou en préparation, il y a Week-end de encore Frank Llopis, un thriller hitchcockien, encore un huit-clos à trois personnages à la Liaison fatale. Je joue le rôle de la psychopathe. Les deux autres comédiens sont Aurélien Recoing et Shirley Bousquet. Ensuite, il y a Mélodie, un film de Xavier De Choudens. Je joue le rôle de Mandarine, une fille qui s'éclate en jouant de la guitare invisible et qui n'arrive pas à concrétiser. Dans Rediale de Gabriel Franck, je vais jouer une menteuse qui s'ennuie toute seule chez elle et qui téléphone à plein de gens pour s'occuper. Et dans Roger, un film de Lionel Mougin, je joue le rôle d'une fille qui aime son voisin en cachette depuis 8 ans mais qui ne veut pas sortir avec lui.

 

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