James Pickens Jr. (Grey's anatomy)
À l'image de son personnage dans Grey's anatomy, James Pickens Jr. fait figure de patriarche au sein de l'univers des séries TV puisqu'il compte en effet à son actif près de 80 rôles dans différents shows télé au cours de ces 20 dernières années. Depuis mars 2005, il incarne le Dr. Richard Webber, le boss du Seattle Grace Hospital où se déroule l'action de Grey's anatomy. Tout comme son personnage dans la série, derrière ce grand monsieur à la voix roque et au physique impressionnant se cache un comédien au grand cur que nous avons rencontré au festival TV de Monte-Carlo en juillet dernier.
Il parait que vous pratiquez le rodéo ?
Exact. C'est un hobby et une bonne échappatoire de la folie qui règne à
Hollywood. J'ai toujours adoré les chevaux, les cow-boys, l'Ouest
américain. J'en fais depuis 7 ou 8 ans maintenant.
N'est-ce pas un peu dangereux ?
J'essaie de faire aussi attention que possible.
Pour en revenir à Grey's anatomy : comment avez-vous décroché ce rôle ?
Par le procédé usuel de l'audition. Mon manager m'a appelé en me
présentant le script que j'ai trouvé à la fois très intelligent et
différent par rapport à ce que j'avais pu faire auparavant. J'ai
ensuite passé les premières auditions qui se sont très bien déroulées,
puis j'ai été re-contacté pour rencontrer les gens du network et les
producteurs. L'ensemble a dû prendre deux semaines, deux semaines et
demie en tout. Ils m'ont alors proposé le job et le reste relève de
l'Histoire comme on dit (rires).
Vous avez pris part à de nombreuses séries mais celle-ci est écrite par une femme. Cela fait-il une différence ?
Il y a sans aucun doute une « patte » féminine bien perceptible. Mais
l'inventivité dont il faut savoir faire preuve pour imaginer ce genre
de show susceptible de plaire au plus grand nombre demeure
fondamentalement identique, qu'il s'agisse à la base d'un homme ou
d'une femme qui en soit à l'origine.
Vous aviez déjà interprété un docteur dans la série La Vie avant tout (Strong medicine en VO) ?
Oui mais il s'agissait surtout d'un administratif tandis qu'avec Grey's anatomy, c'est la première fois que je campe un « vrai » médecin.
Cette précédente expérience ne vous a donc été d'aucune aide pour ce nouveau rôle ?
Non. Cette fois-ci, j'ai effectué des recherches et rencontré des
docteurs. Je les ai côtoyé dans leur travail au quotidien pour
découvrir les bons gestes à pratiquer, la façon dont ils donnaient
leurs directives ou encore comment ils géraient les situations les plus
délicates.
Vous arrive-t-il justement de rencontrer de vrais médecins qui vous
disent : « Ce que vous faites dans la série n'a rien à voir avec la
réalité » ou bien l'inverse ?
Vous savez quoi : certains de nos fans les plus fervents exercent dans
la profession médicale. Il y a plusieurs semaines, nous étions à un
dîner organisé par l'UCLA (University of California, Los Angeles) en
présence d'une majorité de médecins et de chercheurs et qui n'avait
rien à voir avec l'univers d'Hollywood. Et au cours de la soirée,
environ neuf personnes sur dix nous ont dit que ce que nous faisions
dans la série était très proche de la réalité. Nous avons une
excellente conseillère sur le plateau, Linda Klein, qui a été
infirmière en chirurgie durant plus de 25 ans avant de devenir
consultante à Hollywood sur des séries telles que Chicago Hope ou encore Nip/Tuck.
Elle est pour beaucoup dans la crédibilité médicale de la série : elle
s'assure en permanence que tous nos gestes soient les bons et que les
terminologies employées soient correctement prononcées en nous les
écrivant phonétiquement tout en indiquant la définition à côté.
Vous avez pris part à un nombre impressionnant de shows TV depuis
les années 80. Est-ce à dire que vous êtes un accroc du boulot tout
comme votre personnage dans Grey's anatomy ?
C'est le lot quotidien de tout acteur, d'être systématiquement à la
recherche du job suivant. J'ai eu la chance d'y parvenir en permanence
depuis plus de 20 ans maintenant. Mais c'est aussi très agréable de
temps en temps de décrocher un rôle avec une certaine stabilité, tel
que celui-ci, où vous pouvez souffler durant quelque temps et ne plus
avoir besoin de vous soucier de la suite.
Votre rôle dans X-Files est resté très emblématique auprès des fans de la série (il y interpréta le rôle du Directeur du FBI Alvin Kersh de la 6e à la 9e saison, NDR) mais votre notoriété est aujourd'hui à son apogée avec Grey's anatomy ?
X-Files
s'adressait à un public bien spécifique et très fidèle mais qui ne
saurait être comparé avec l'engouement que rencontre aujourd'hui Grey's anatomy auprès d'un public bien plus large. Personnellement, je n'ai en effet jamais connu un tel succès au travers d'un show TV.
La série a été littéralement mise sur orbite le fameux soir du Super Bowl (cf. news). Suivez-vous les audiences chaque semaine et quelle a été votre réaction à ce moment-là ?
Nous ne suivons pas assidûment les scores car quoiqu'il arrive, il y
aura toujours une personne de la production pour nous les communiquer.
Cet engouement n'a fait que confirmer ce que nous ressentions déjà tous
à propos de la série et ce que nous essayions d'accomplir depuis le
début. À présent nous sommes tous très reconnaissants aux spectateurs
d'avoir accroché et d'être restés fidèle.
Comment vivez-vous cette nouvelle notoriété ?
Toute médaille à son revers et lorsqu'une série telle que celle-ci
remporte un succès aussi colossal, vous perdez forcément au passage une
partie de votre vie privée. J'ai des amis qui sont des acteurs très
très connus à Hollywood et qui ne peuvent presque plus sortir de chez
eux sans qu'on leur saute dessus de toutes parts. Ma maman me disait :
« Fais attention à ce que tu souhaites car parfois tu risques de
l'obtenir ». Tout est donc une question de savoir quel degré de
célébrité vous souhaitez atteindre. En ce qui me concerne, j'en ai
suffisamment comme ça à l'heure actuelle (rires).
Il faut cependant prendre du recul par rapport à un tel phénomène et se
dire que, même pour les shows les plus populaires, tout peut basculer
du jour au lendemain.
La série rencontre aujourd'hui le même succès qu'avait connu Urgences au cours des années 90. Pensez-vous que Grey's anatomy va durer aussi longtemps ? Si tel est le cas, vous pourriez être encore là dans dix ans
(Rires).
Ce serait en effet très agréable et j'aime à penser qu'effectivement
nous resterons aussi populaire et connaîtrons la même longévité qu'Urgences.
Toutefois notre show est très différent car bien que prenant également
place au sein d'un hôpital, il se penche davantage sur les relations
entre les personnages et c'est la raison pour laquelle selon moi il
plaît autant.
Propos recueillis au cours du 46ème festival de télévision de Monte-Carlo en juillet 2006.
Autoportrait de James Pickens Jr.
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