T.R. Knight (Grey's anatomy)
De tous les acteurs principaux de Grey's anatomy, T.R. Knight (pour Theodore Raymond Knight) est assurément le moins connu du grand public. Et pour cause, il a surtout exercé ses talents sur les planches avant d'en venir tout récemment au petit écran par le biais d'une poignée de guests à droite à gauche puis de décrocher le rôle du Dr. George O'Malley dans la nouvelle série médico-sentimentale phénomène qu'est Grey's anatomy. Lors de sa venue au festival TV de Monte-Carlo en juillet dernier, nous avons pu revenir en sa compagnie sur cette gloire aussi fulgurante d'instantanée qu'il rencontre désormais.
Je dois admettre que la couleur de vos cheveux m'intrigue (cf. portrait en bas d'article)
C'est
seulement pour l'été. Notre travail sur la saison 2 s'est achevé il y a
un mois et demi environ et comme je n'avais rien d'autre de prévu au
cours de l'été, j'ai voulu changé un peu. Ça disparaît petit à petit.
Lorsque le tournage de la saison 3 reprendra d'ici trois semaines,
j'aurais retrouvé ma couleur naturelle (cet entretien a eu lieu le samedi 1er juillet 2006, NDR).
Revenons-en tout d'abord au début : comment avez-vous décroché ce rôle dans Grey's anatomy ?
De la manière la plus classique qui soit : j'ai passé une audition.
J'habitais à New York et je me suis rendu à Los Angeles durant la
période où ils auditionnent énormément pour les pilotes, c'est-à-dire
de janvier à mars. Parmi toutes les nouvelles séries à ce moment-là, le
script de Grey's anatomy était celui qui m'a le plus interpellé.
Est-il vrai que votre mère travaille également dans un organisme de santé publique ?
Oui mais ce qu'elle y fait n'a strictement aucun rapport avec la série.
Aviez-vous quelques craintes quant au succès de la série qui est
resté dans les cartons d'ABC avant de débuter à la mi-saison pour
seulement neuf épisodes ?
Oui car auparavant, je n'avais fait que du théâtre et très peu de télé.
Ma seule expérience en la matière était une série qui n'avait duré que
sept épisodes et dont la diffusion fut reportée plusieurs fois. N'ayant
que cet unique élément de comparaison, j'ai effectivement craint que la
même situation ne se reproduise. J'ai donc été très surpris quand le
succès a été au rendez-vous.
En découvrant le pilote terminé, vous ne vous doutiez pas, ne serait-ce qu'un peu, que la série marcherait ?
Non
car vous ne pouvez jamais savoir si le public va répondre présent ou
non. C'est l'éternelle question des goûts et des couleurs. Et bien que
la série soit désormais très populaire, vous ne pouvez prétendre
connaître les goûts des téléspectateurs pour l'an prochain. Est-ce
qu'un autre show ne les intéressera pas plus que le notre ? Si tout va
bien, nous résisterons pendant quelques années mais l'univers des
séries TV est très éphémère.
Beaucoup décrivent Grey's anatomy comme un croisement entre Urgences et Ally McBeal. Comment la décririez-vous ?
Sans pour autant y voir de quelconques similitudes mais plutôt des réminiscences, je dirais que Grey's anatomy me rappelle davantage Six feet under
qui est une série que j'adore. Vous vous surprenez à rire de situations
où vous ne devriez pas forcément et les cas rencontrés les cadavres
en ce qui concerne Six feet under ont systématiquement des répercussions dans la vie d'un ou plusieurs des principaux personnages.
Les critiques sur le manque de réalisme de Grey's anatomy en comparaison d'Urgences ne vous dérangent-elles pas ?
Urgences a fait date dans l'histoire et je suis très content que Grey's anatomy ne cherche pas simplement à l'imiter mais se focalise davantage sur la vie privée des docteurs là où Urgences
mettait une grosse partie de son énergie dans le travail quotidien au
sein de l'hôpital. Pour ce que j'en sais, tous les cas médicaux sont
véridiques ou tout du moins envisageables. Mais ces cas ont peut-être
eu lieu aux quatre coins du globe au cours des 25 dernières années
alors qu'ils s'enchaînent comme par hasard en l'espace d'un an
seulement au sein d'un même établissement hospitalier. Il ne faut donc
pas oublier que l'une comme l'autre restent avant tout des séries TV,
des divertissements, et que les histoires prennent parfois le pas sur
la crédibilité médicale.
Dès le début du pilote, il est dit aux internes qu'ils ne réussiront
pas tous. Avec une telle épée de Damoclès au dessus de la tête, ne
craigniez-vous pas à ce moment-là que votre personnage n'aille pas plus
loin ?
Cette crainte n'est venue que par la suite en raison, entre autres, de la nouvelle mode des shows de ABC tels que Lost ou Desperate housewives qui consiste à tuer des personnages sans qu'ils s'y attendent (rires).
Mais il faut faire avec et savoir aller de l'avant dans le cas où, par
exemple, votre personnage trébuche par inadvertance et retombe sur un
scalpel bien tranchant (rires). À chaque fois qu'on vous remet
le script d'un nouvel épisode, la première chose que vous vérifiez,
c'est de savoir si vous êtes toujours en vie à la fin (rires). Le bon côté d'une telle incertitude, c'est que vous ne devenez pas trop confiant et suffisant.
La créatrice du show (Shonda Rhimes, NDR) ne vous confie donc rien à l'avance ?
Non et je pense que c'est une sage décision car elle sait précisément
dans quelle direction elle souhaite aller avec sa série et elle ne
voudrait pas que ses efforts soient ruinés par inadvertance. Si elle
nous en dévoilait trop sur ce qui va arriver par la suite, une
révélation malheureuse pourrait nous échapper car après tout nous
sommes des acteurs, et les acteurs n'aiment rien moins que jacasser.
Énormément même (rires).
Ne trouvez-vous pas cela gênant d'avancer « à l'aveugle » ?
Nous avons tout de même une vague idée de ce dont il retourne. De plus
nous sommes avertis si un évènement majeur doit survenir, auquel cas
nous sommes tenus au secret. Après, chaque acteur répond différent à
une telle méthode de travail. Mais si votre personnage doit y passer
pour de bon, je crois qu'il est effectivement préférable que le
comédien soit au moins au courant de ce qui va lui tomber dessus (rires).
George O'Malley, votre personnage, est en quelque sorte le stéréotype du « bon copain » ?
Certains le verront peut-être ainsi aux tous débuts mais Shonda Rhimes,
la créatrice du show, possède cette formidable faculté d'entraîner
constamment les personnages dans des directions inattendues. J'espère
donc que ce cliché s'estompera aux yeux du public au fil des épisodes.
En matière d'épisodes, y en a-t-il un que vous préférez ?
C'est
difficile d'en choisir un en particulier car j'aime beaucoup toutes les
situations inattendues où George « explose » en quelque sorte. Ce sont
tous ces petits moments qui dévoilent véritablement le personnage dans
toute sa splendeur comme par exemple la fois où il devient la star en
se retrouvant obligé de prendre le scalpel en main lorsqu'il est bloqué
dans l'ascenseur avec un patient.
Prendre une douche avec trois femmes somptueuses, est-ce vraiment l'un de vos fantasmes (Épisode 2-16 Code noir, NDR) ?
(Il éclate de rires).
Difficile. Très très difficile comme travail. C'est très différent à
tourner que ça ne l'est à regarder. C'est drôle et étrange à la fois.
Vous êtes habillé avec des sous-vêtements les plus simplistes qui
soient et vous essayez de paraître le plus sexy possible sans éclater
de rire alors qu'une quarantaine de personnes vous entoure sur le
plateau. Ça n'a plus rien d'intime ou de si plaisant. Vous voyez c'est
(il cherche ses mots avant d'éclater à nouveau de rires, NDR).
Vous ne vous êtes jamais retrouvé dans une situation similaire ?
Non, c'est le rêve de George (rires).
Peut-on percevoir le début d'une évolution dans les relations entre George et Miranda (interprétée par Chandra Wilson, NDR) depuis l'épisode où vous l'aidez à accoucher ?
Je ne crois pas que les deux personnages aient quoi que ce soit en
commun, et c'est d'ailleurs ce qui rend la situation d'autant plus
comique. Miranda est quelqu'un de très calme, confiante et sûre d'elle,
tandis que George est encore très jeune, naïf et dispersé. Voilà un
autre exemple de scènes que j'aime beaucoup car la situation est
inversée : Miranda est au plus bas de son autorité à cet instant-là
tandis que George est apparemment le seul à pouvoir l'aider et à
prendre les choses en main.
Compte tenu du final de la saison 2, savez-vous si Katherine Heigl (qui interprète Isobel « Izzie » Stevens, NDR) sera de retour l'an prochain ?
Il
y a eu un malentendu à ce sujet quand a été annoncé le fait qu'elle
quitterait le programme car Izzie va quitter le programme d'internat au
sein de l'histoire mais pas la série. Là encore, la suite des
évènements pourrait me donner tort car nous ne sommes pas au courant de
tout, mais j'espère vraiment qu'elle restera.
Avec ce que vous avez appris sur la série, seriez-vous en mesure de porter secours à quelqu'un désormais ?
Absolument
pas (rires)
! Il y a tellement de choses à retenir, ne serait-ce que les dialogues
dont la plupart sont réenregistrés en post-prod. Et étant donné que je
n'ai pas le cerveau le plus développé au monde, la place pour tout
retenir est limitée. En revanche, je pourrais ouvrir quelqu'un avec un
objet suffisamment tranchant désormais, même si après ça, il faudrait
que cette personne se débrouille par ses propres moyens. Encore que,
ouvrir quelqu'un soit à la portée de n'importe qui quand on y
réfléchit.
Comment s'organise le planning de tournage ?
Nous tournons
cinq jours par semaine, voire six lorsque la fin de saison approche.
Une journée peut varier de 15 à 17 heures de travail selon les
différents membres de l'équipe. Ellen (Pompeo qui interprète Meredith Grey, cf. notre interview, NDR) est assurément celle qui a le plus de travail parmi nous car elle est dans presque toutes les scènes.
Comment passez-vous votre temps durant ce break estival ?
Au cours des deux mois et demi de break, en dehors de la tournée promo,
comme j'ai dû emménager à Los Angeles où est tournée la série, je
retourne aussi souvent que possible à New York pour garder le contact
avec les personnes que je connais et qui vivent encore là-bas.
Pour combien de saisons avez-vous signé ?
Six saisons bien
que ce contrat puisse être rompu à tout moment par les producteurs si
la série s'arrête bien entendu mais aussi s'ils décident de se séparer
de votre personnage. C'est la règle dans ce milieu : vous n'avez aucune
garantie.
Propos recueillis au cours du 46ème festival de télévision de Monte-Carlo en juillet 2006.
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