Maria Maggenti (Puccini et moi)

Louisa Amara | 7 février 2007
Louisa Amara | 7 février 2007

En plein festival de Deauville 2006, nous avions rencontré Maria Maggenti, présentant son deuxième film, Puccini et moi. Film, dont le slogan pourrait être (d'après la réalisatrice) : « Si vous ne savez rien à propos de l'amour et/ou de l'opéra, commencez par voir ce film ! ». Allons-y.

 

On pense à Ally McBeal en voyant le film, était-ce voulu ?
Ah oui ? Je n'ai jamais vu un seul épisode cette série ! (rires)

 

À quel point Allegra, l'héroïne du film, est inspirée de votre propre vie ?
Allegra, c'est moi, il y a quelques années. J'ai évolué depuis, je n'ai pas autant de conflits intérieurs. Mes années d'analyse avec mon psy y sont pour beaucoup, d'ailleurs !
Je ne peux pas m'empêcher de nourrir mes personnages de mon vécu. Je n'ai aucune imagination ! Tous les personnages du film sont inspirés de personnes que je connais. Je ne suis pas la seule à fonctionner comme ça mais, moi, je le revendique.

 

L'un des personnages les plus intéressants du film est sans conteste, l'ex d'Allegra, Nell, est-elle aussi inspirée d'une de vos ex ?
(rires) Oui ! Elle est aussi dingue dans la vie que dans le film, très intelligente, hautaine, dure. Je ne voudrais pas que mon petit ami la rencontre. Elle donne du fil à retordre à tous ceux qu'elle approche. Mais sous sa carapace, elle est adorable. L'actrice, Tina Benko a été fantastique, elle a improvisé plein de choses étonnantes. Par exemple, dans la scène du restaurant quand il quitte tout le monde, en faisant un doigt d'honneur et en disant « Auf wieder sehen », c'est de l'improvisation totale. Et ça marche !

 

En expliquant comment vous avez trouvé votre actrice pour jouer l'héroïne du film, vous parlez de « fuckability », pouvez-vous expliquer ce que c'est ?
(rires) C'est un concept assez amusant d'allier « Fuck » et « ability » qui veut dire capacité à. Une femme à Hollywood doit être « fuckable », c'est à dire vulnérable, soumise, sexy mais aussi forte, dominatrice, confiante. C'est un vrai défi de créer une telle combinaison dans le film, mais de telles personnalités existent aussi dans la vie. Dans le cinéma, les personnages féminins sont souvent uniquement de simples faire-valoirs pour les hommes. Je trouve ça stupide, c'est pourquoi je ne peux pas m'empêcher de créer une héroïne attirante, fuckable donc, sexy mais qui n'est pas uniquement définie par ça. Elle est beaucoup plus que ça. Tout le monde juge les actrices sur leur aptitude à susciter le désir. C'est un fait.

 

Comment avez-vous trouvé l'actrice idéale pour interpréter votre héroïne ?
Les actrices américaines reflètent bien la culture de leur pays, où les gens ont dû mal à croire qu'une jolie fille puisse être également intelligente et cultivée.Nous n'avons trouvé cette perle rare qu'une semaine avant le tournage ! Elizabeth Reaser qui interprète Allegra est venue une deuxième fois, la première fois je ne l'avais pas vraiment remarquée. Cette fois, elle a été parfaite : forte, belle, vulnérable et forte à la fois, intelligente. Et elle avait le timing parfait pour la comédie, ce qui est très important pour moi.

 

 

New York est un personnage à part entière dans Puccini et moi, vous voyez vous comme Woody Allen, longtemps obsédé par sa ville natale ?
Non puisque mon premier film se déroulait dans une banlieue tout à fait ordinaire. Je voulais que ça puisse être n'importe où et qu'il y ait de la verdure. Mais vous avez raison, Puccini et moi, est au cœur de New York, parle de New York, c'est New York ! C'est mon New York idéal, celui dont je rêve. C'est la ville de gens réfléchis, qui ont des conversations passionnées sur les relations humaines, l'opéra, la psychologie, la gastronomie etc. Vous ne pouvez pas avoir ce genre de conversation avec des gens qui ne pensent qu'au fric, et c'est pourtant ce que les new-yorkais tendent à devenir.

 

Vous avez réalisé ce film avec très peu de moyens, Kevin Smith dit qu'il n'a jamais été aussi heureux sur un tournage que sur Clerks. N'avez-vous pas peur si vous faites un jour un gros film, de perdre quelque chose en route, tout comme lui ?
J'attends ça avec impatience ! (rires) J'ai dû tellement me battre. Il m'a fallu 10 ans pour réaliser mon deuxième film, c'est trop long. Le scénario idéal est de faire un film qui est un gros succès, et ensuite on peut revenir aux petits films et faire ce qu'on veut. On ne peut pas vivre uniquement de petits films indépendants. Mais je n'aurais sûrement pas la même liberté de création si j'avais un gros budget. J'ai tourné Puccini et moi en 18 jours, certaines scènes sont tournées dans mon appartement. Le montage a duré 10 semaines et j'ai eu la chance d'avoir une équipe très investie et motivée alors que nous avions peu de moyens. J'entends souvent parler des catastrophes et de la mauvaise ambiance qui peuvent régner sur le tournage d'un film à petit budget, mais pour moi ça a été vraiment fantastique.

 

Vous avez travaillé pour la série FBI : Portés disparus, avez-vous pensé à créer une série dérivée de Puccini et moi avec tous ses personnages ?
Toutes mes actrices adoreraient ça. Mais je leur dis je suis trop paresseuse pour bosser pour la télévision, je ne veux pas travailler tous les jours. C'est un rythme trop régulier et routinier pour moi. Je préfère travailler un peu puis beaucoup, selon mon inspiration, ce que permet le cinéma. J'aimerais également réaliser un scénario de quelqu'un d'autre la prochaine fois. Mais je trouverai quelque chose pour retravailler avec toute l'équipe, c'est promis ! J'adorerais venir tourner à Paris aussi, je donnerais tout pour ça ! Vous avez tout ce que j'adore !

 

 




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