Tetsuya Nakashima (Kamikaze Girls)
Drôle de bonhomme que ce Tetsuya Nakashima. En effet, à côté de son film azimuté, riche, générationnel, le metteur en scène japonais semble bien calme, peu bavard, voire même superficiel. Une sorte de « yes-man » talentueux et inspiré en quelque sorte.
Kamikaze Girls, le film comme le roman original, a beaucoup de
points communs avec le manga, et bestseller, Nana de Ai Yazawa, qui a
d'ailleurs déjà eu le droit à une adaptation cinématographique l'année
dernière.
A vrai dire, je ne connaissais pas du tout ce manga. Je ne sais pas non
plus si l'auteur, Novala Takemoto, l'avait lu ou pas. Peut-être. Sinon,
je l'ai vu depuis, et en effet, les deux films se ressemblent. Mais je
crois que Nana a été réalisé après notre film.
Oui, mais le manga, lui, date de 1999
Je ne savais pas.
Comment s'est passé le casting, et plus précisément celui d'Anna
Tsuchiya ? J'ai lu que vous ne saviez pas qu'elle était chanteuse et
mannequin.
Quand nous l'avons choisi, le producteur et moi, elle était pour nous
qu'une inconnue. Juste une audition parmi tant d'autres, sauf qu'elle
nous a plus tout de suite. On a appris après qu'elle faisait souvent
les pages des magazines pour les adolescentes.
Et pour Kyoko Fukada ?
C'est totalement différent, c'est une actrice très connue, et dès
l'écriture du scénario je pensais à elle. On peut même dire que
j'écrivais le rôle pour elle. Je voulais vraiment qu'elle joue ce
personnage dans mon film.
Où l'aviez-vous découverte alors ?
Elle est très connue au Japon, pas au cinéma mais à la télévision, dans
les séries, les spots de publicité. Moi, je ne l'avais jamais fait
tourné, mais il suffit d'allumer la télé, et vous avez une chance sur
deux de tomber sur elle. On sait ce qu'elle fait, ce qu'elle peut faire
et comment elle est. J'ai donc pensé à elle tout de suite.
Pourquoi le tournage a-t-il été si court un petit mois ?
Pour des questions de budget tout simplement. Conséquence, nous n'avons
presque pas dormi. Juste du travail, encore du travail. A la
télévision, j'ai l'habitude de faire des plans très fouillés et si on a
filmé cinq ou six plans en deux jours, c'est du tout bon. Le temps est
avec nous. Là, je voulais faire des plans de la même qualité, et ne
surtout pas faire de sacrifices. Mais je ne pouvais pas me permettre de
faire cinq plans en deux jours, donc j'ai été obligé de doubler la
charge, de commencer très tôt le matin jusqu'à très tard le soir.
Auriez-vous fait les choses différemment avec plus d'argent ?
Non, je suis très content, et le film correspond à mes critères de mise
en scène. Cela a « juste » été très dur physiquement. Dans l'équipe,
plusieurs techniciens sont littéralement tombés d'épuisement ou
craqués. Mais pas question de transiger sur la qualité, le tournage
s'est donc fait au détriment de notre santé. Avec plus de temps et
d'argent, j'aurais fait exactement la même chose, mais en moins speed.
Comment la compositrice Yoko Kanno, connue en France pour ses bandes originales de séries animées (Cowboy Bebop, Escaflowne) est-elle arrivée sur le projet ?
Je la connais en fait depuis mes premières publicités, et elle
travaille sur tous mes projets depuis. C'est donc tout naturellement
qu'elle m'a suivi pour ce long-métrage. Elle a en effet accepté sans
sourciller dès que je lui ai demandé.
Propos recueillis par Vincent Julé
Autoportrait de Tetsuya Nakashima