Conférence de presse Sharon Stone

Vincent Julé | 29 mars 2006
Vincent Julé | 29 mars 2006

De l'utilité d'une conférence de presse… avec Sharon Stone.

Peut-être est-ce parce qu'ils n'y mettent jamais les pieds. Ou alors que des interviews enrichissantes, et en tête-à-tête, ont faussé leur jugement. Toujours est-il que certains journalistes sont encore emplis d'espoirs à l'idée de se rendre à la conférence de presse de Basic Instinct 2 avec Sharon Stone.

 


Après une projection du fameux film en petit communauté, et a fortiori vu le peu de sièges occupés pour les retardataires, un bus parqué sur les Champs-Élysées attend tout ce beau monde venu de Paris et de Navarre, direction le Ritz. Une première pour votre serviteur. Peur de salir les tapis, peur de picorer des petits fours, peur de faire tâche… Après une bonne demi-heure en sas de décompression, il est l'heure de rejoindre une petite salle de l'hôtel, pour autant que peuvent être petites les salles du Ritz. Tout le monde est là – télés, radios, presse régionale et nationale – et tout le monde se connaît ou presque. Les discussions tournent bien sûr autour du cinéma, des récentes projections, du dernier Francis Veber, « un vieux film de vieux », mais pas un mot sur le film qui devrait nous occuper. Un silence de rigueur en quelque sorte.

 

Micros, caméras, dictaphones, bloc-notes, tout est en place pour recevoir Sharon Stone, LA Sharon Stone. Du brouhaha dehors, et la voilà qui entre dans la pièce pour se jeter sur la traductrice… and the Sharon Stone show begins. « Oh mais c'est toi ! Je t'adore ! » A l'attention des journalistes : « Je l'adore ! » Et à peine le temps de s'installer que la machine est déjà lancée. Certains ont l'habitude, comme Alex Masson (Score, Chronic'art, En Ville) qui dégaine le premier avec une question pertinente sur l'évolution de la provocation au cinéma, d'un Basic Instinct à l'autre.

 


Sharon Stone : « La notion de provocation a en effet bien changé depuis le premier film. Pourtant, un des intérêts de notre métier est d'essayer d'aller toujours plus loin. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai demandé à ce que les scènes coupées (entrevues dans une première article-details_c-trailers) soient réintégrées au montage final. Le sexe est essentiel dans le film, et il renforce même cette intensité propre au thriller. Malheureusement, le film aurait alors été classé R, soit interdit aux moins de 17 ans, même accompagnés ».

 

Après avoir expliqué comment Basic Instinct avait changé sa vie (c'est vrai que à part ce rôle et Casino…), comment David Morrissey était un incroyable acteur (qui veut-elle convaincre ?), comment Catherine Tramell était une sorte de danseuse (à vrai dire, à chaque fois, elle confirmait la question du journaliste), elle revint sur le development hell du film : « Dès la sortie du premier en 1992, j'ai été séduite par l'idée d'une suite. Mais les compagnies attachées au film ont entre temps connu beaucoup de changements. Carolco est devenu C2 et MGM a vu défiler plusieurs acquéreurs. Le projet d'un nouveau film autour de Catherine Tramell a donc été repoussé indéfiniment, jusqu'à ce que je mette un ultimatum. Soit c'est maintenant, soit jamais. Je n'allais tout de même pas attendre jusqu'à mes 73 ans ».

 


Rires, bien sûr. Car si Sharon Stone est moins une actrice de talent qu'une icône glamour, elle reste avant tout une VRP de luxe. A l'intéressante question de savoir si elle n'aurait pas aimé renouer avec l'équipe du premier Basic Instinct, elle finit tout de même par glisser « quand je suis arrivé sur le plateau, avec Michael Caton-Jones (sur la photo ci-dessus, à droite de Mario Kassar et Sharon Stone), c'était formidable », et ce comme si de rien n'était. Hop, question suivante. L'art de jouer avec les mots, de distraire son auditoire pour mieux l'endormir, de trouver la réponse parfaite dans la forme (et non sur le fond), atteint chez Sharon Stone des sommets insoupçonnés. Elle est donc une bonne actrice. Mais la faute aussi aux personnes présentes en face d'elle qui, après la conférence, assument pleinement de « jouer le jeu ». Ainsi les questions se suivent et se ressemblent, aucun n'essaie d'avoir une réelle réponse, et tous font le jeu d'une Sharon Stone en pleine promo. Le film donc, mais aussi un bouquin de photos pour la lutte contre le Sida, ses voyages au Proche-Orient… au final des digressions hautement plus recommandables que celle d'un Tom Cruise fou furieux. Mais lorsqu'elle se prononce sur le CPE (un journaliste lui a donc posé la question, il ne faut pas l'oublier), le hors sujet est bien là, sans intérêt, et la belle démontre une fois de plus qu'elle a été particulièrement bien briefée. Une dernière coquille dans une conférence consensuelle, qui pourtant fera le tour des JT télévisées, des news Yahoo et consorts. Hein ?! Mais le plus beau restait à venir, puisqu'une fois la conférence finie (et enterrée donc), tout l'auditoire se précipita – à ma grande surprise je dois l'avouer – comme un seul homme vers Sharon Stone pour avoir des autographes, prendre des photos via les portables… Glurps ! Des fans peut-être.

 

Toujours est-il que certains journalistes étaient encore emplis d‘espoir à l'idée de se rendre à la conférence de presse de Basic Instinct 2 avec Sharon Stone. Certains ne s'y laisseront plus prendre, c'est juré.

Tout savoir sur Basic Instinct 2

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