Chantal Lauby (Laisse tes mains sur mes hanches)

Didier Verdurand | 14 mars 2005
Didier Verdurand | 14 mars 2005

Chantal Lauby jouit d'un capital de sympathie exceptionnel de la part des trentenaires, qui ont grandi bercés par les rires en cascade qu'elle a provoqués en compagnie d'Alain Chabat, Dominique Farrugia et l'irremplaçable Bruno Carette. À la fin des années 1970, Le Splendid a bouleversé les règles du comique français en donnant un nouveau ton. Dans la seconde moitié des années 1980, ce furent Les Nuls. Il n'est donc pas étonnant que le premier film de Chantal Lauby, Laisse tes mains sur mes hanches soit une comédie romantique souvent hilarante. À l'occasion de la sortie le 22 octobre 2003 du DVD, cette jeune réalisatrice plein d'avenir nous parle de sa première œuvre, attachante.

La sortie de Laisse tes mains sur mes hanches en DVD, c'est une nouvelle chance après son échec relatif en salles ?
Vous savez, il n'y a pas tant de films que ça qui atteignent le million d'entrées (il a rassemblé 236 556 spectateurs, NDLR). Je pense que le film n'avait pas été assez soutenu lors de sa sortie en salles. Il est sorti pendant la guerre en Irak, trois comédies sortaient le même jour, il n'a pas eu toutes ses chances au départ. Et il y a eu aussi un peu trop de précipitation, probablement. Le tournage s'est terminé mi-décembre, et il devait être prêt début mars pour une sortie le 2 avril. Un film est fait pour être vu en salles, mais le DVD représente en effet une deuxième vie, même si les conditions pour le voir ne seront pas les mêmes.

Vous pensiez au DVD pendant le tournage, aux bonus ?
Je n'avais pas le temps ! J'écrivais, je jouais le rôle principal, je réalisais… ! C'est Khalid Maadour, Rachid dans le film, à qui j'ai confié le making of. Il en est sorti quelque chose de léger, c'est sa vision du plateau. Je suis contente que l'ambiance reflète bien celle qui était sur le tournage.


J'ai trouvé qu'il manquait un commentaire.
J'en ai fait un, avec les comédiens, et j'ai décidé de ne pas le passer. C'est à mettre sur le compte de l'inexpérience, je préfère attendre d'avoir réalisé deux ou trois films pour me permettre un commentaire. Pour les gros films comme Astérix, il y a des informations de tournage qui sont intéressantes, sur les costumes, les décors, les scènes avec des centaines de figurants... Pour un film intimiste comme le mien, je trouve démesuré d'avoir 1h30 de propos du style « ah oui, tu te rappelles, il faisait froid ce soir-là ! ».

En regardant le film, on se demande tout de suite si vous avez choisi les comédiennes qui sont vos amies dans le film parce qu'elles le sont dans la vie. Vous êtes si naturelles !
Non ! Mais ça a collé tout de suite entre nous, comme avec Claude Perron, tout le reste de l'équipe… Je suis quelqu'un de relativement simple sur le plan relationnel, je parle avec mon cœur et cela instaure une bonne atmosphère. Je n'ai fait que de belles rencontres sur ce film, aussi bien sur le plan artistique que technique.

Vous connaissiez votre conseiller technique, Christophe Vassort ?
Non plus. Cela vient d'un deal avec Claudie Ossard, la productrice. Il y avait trop de termes techniques que je ne connaissais pas, et même si j'avais une vision précise du film dans la tête, il était nécessaire d'avoir un conseiller. Cela s'est merveilleusement bien passé, il était totalement dévoué, et je retravaillerais avec lui sans hésiter.


Votre film est évidemment très féminin.
C'est une femme qui agit à un moment donné de sa vie comme une adolescente, comme une gamine. Elle ne veut pas se laisser bouffer par la vie et par la vieillesse. C'est un film qui aurait pu être grave, mais que je l'ai voulu léger, je n'ai pas voulu plomber l'ambiance ! C'est une histoire de femmes, avec les relations mère-fille, entre amies, comment vivre les choses quand on y croit plus tellement, mais quand on ne veut pas baisser les bras. Toutes les générations sont représentées, car l'amour les touche toutes. Il y a forcément un aspect autobiographique. Mon personnage est une comédienne, qui vit donc dans un univers un peu particulier, elle sort beaucoup, le côté social et amical fait partie de ma vie. De plus en plus, les femmes élèvent seules leurs enfants, et quand ils partent, ce n'est pas facile, car la mère n'a plus 20 ans.

On vous ressort souvent la blague du whisky et du doigt ?
Oui, et ça m'amuse, c'est touchant et mignon ! Bon, ça dépend des lieux où je me trouve, ça m'est arrivé d'entendre dans des magasins : « Chantal, tu as un tampax sur l'oreille ! ». En boîte, dans un resto ou un bar, si je bois quelque chose, on me propose un whisky en espérant LA réponse ! D'autres comédiens connaissent ce même genre de situation comique, je pense au Splendid avec Le Père Noël est une ordure et d'autres films… Alain Chabat et Dominique Farrugia entendent souvent fuser des répliques de La Cité de la peur, qui est devenu culte. Mon personnage s'appelle Odile, comme Deray d'ailleurs !

Vous pourriez refaire un film avec les Nuls ?
On en parle parfois. Cela dépend déjà de notre disponibilité, d'une envie, d'une idée de scénario… Ce n'est pas dans nos priorités, on sort un DVD pour Noël, avec des extraits d'Objectif Nul, ABCD Nuls... Quel plaisir de revoir ces émissions qu'on n'avait pas chez nous ! Il y a eu énormément d'heures à visionner. Il fallait en extraire les classiques, et d'autres.


Alors nous reverrons Bruno Carette !
Oui, c'est important de le revoir, Nono…

Serez-vous dans le prochain film d'Alain Chabat ?
Non, mais il m'a demandée. J'étais excessivement fatigué parce que je sortais d'un travail de 2 ans sur Laisse tes mains sur mes hanches, et il tournait juste après, donc je lui ai dit qu'il fallait que je me pose, je ne me sentais pas la force d'être assez bonne. Mais la scène m'a bien fait rire, j'ai dit non seulement parce que j'étais crevée ! Le scénario est très drôle.

Propos recueillis par Didier Verdurand en octobre 2003.

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