Christopher Thompson (Fauteuils d'orchestre)

Didier Verdurand | 14 février 2006
Didier Verdurand | 14 février 2006

Petit-fils de Gérard Oury et fils de Danièle Thompson, Christopher ne pouvait pas éhapper au 7e art. Discret, il est en train de se faire un prénom sans passer par la presse à scandale mais par l'écriture de scénarii en compagnie de sa mère (La Bûche et l'oubliable Décalage horaire) ou Thierry Klifa (Une vie à t'attendre). Dans Fauteuils d'orchestre, écrit avec Danièle, il nous rappelle aussi qu'il est un comédien sur qui le cinéma peut compter – ce n'est pas par hasard s'il forme avec une Cécile de France rajeunie un couple très crédible. Rencontre avec un homme destiné à devenir réalisateur.

Quand il y a deux scénaristes, on se demande naturellement qui a eu l'idée du sujet !
L'impulsion de départ vient de Danièle, les sujets viennent souvent des metteurs en scène. Elle était un soir au Théâtre des Champs-Élysées, et elle observait la faune. Les gens du quartier, les gens qui travaillaient pour le spectacle, les spectateurs… Le tout dans ce quartier qui n'est pas vraiment un quartier, avec un bar au centre… L'ensemble créait un cadre inédit avec un fort potentiel d'inspiration. Il a fallu après beaucoup de temps pour créer des personnages, en laisser de côté, les reprendre plus tard, etc.

Qui écrit ?
On écrit tous les deux. La première partie du travail consiste à prendre des notes rapportant des heures et des jours de discussions sur les directions à prendre. On imagine le parcours d'un personnage pour savoir pourquoi il se retrouve là, et réfléchir à ce qu'il doit raconter. Danièle rédige après, elle en a besoin. En même temps, je travaillais un scénario avec Thierry Klifa et avec lui, c'est moi qui rédige. Les dialogues résultent d'un travail plus personnel. Sur Fauteuils d'orchestre, Danièle s'en chargeait et les testait ensuite avec moi.

 


Vous aviez le casting en tête ?
C'est différent pour chaque personnage. Nous pensions à Dani dès le départ. Valérie Lemercier et Albert Dupontel sont arrivés très tard. Tout dépend du stade de développement dans le processus d'écriture, certains rôles sont solides très tôt, d'autres prennent vie à la fin. Dont le mien.

 

Je trouve que vous vous êtes bien servi, vous jouez dans mes scènes préférées du film.
Ça me fait plaisir, mais permettez-moi de vous dire que c'est parce que nous avons en gros le même âge et que cela facilite l'identification ! Mais le but n'est pas de me servir mieux que les autres, nous voulions que tout le monde puisse se valoriser. (Rire.)

Le fait d'être co-scénariste vous permet de changer des dialogues sur le tournage ?
On en a changé très peu. On peut s'adapter selon le décor, selon les idées de l'autre acteur, mais c'est l'intérêt de faire des lectures pendant la préparation du film, on en parle à ce moment-là et nous en tenons compte.

 


Une question qu'on doit vous poser tous les jours : à quand le passage à la mise en scène ?
C'est moi qui me la pose tous les jours, le matin devant la glace en me rasant ! (Rire.)

 

Ressentez-vous de la pression ?
La pression qu'on peut tous se mettre dans des envies qu'on a d'avancer dans la vie, pour découvrir de nouvelles sensations. Cette étape arrivera le jour où je serai arrivé à prendre en main le sujet que je voudrai porter. Un des attributs du metteur en scène est d'être le géniteur d'un projet.

Vous franchirez le pas dans un an ou dix ans ?
Dix ans, je n'espère pas ! Parce qu'à mon avis, après le premier, on veut en faire d'autres, et donc il est préférable d'avoir le temps devant soi.

 


Le métier d'acteur ?
Depuis cinq ou six ans, j'ai privilégié l'écriture plutôt que de me retrouver dans une gesticulation d'acteur. Je suis toujours intéressé par ce que je considère comme un privilège, qui est de rentrer dans la vie d'autres personnes, mais il est inenvisageable pour moi de ne faire que ça.

 

N'avez-vous pas peur d'être étiqueté « comédie romantique » ?
Le risque est permanent quoi qu'on fasse et je ne me pose pas la question. Je m'intéresse en ce moment à un sujet qui n'a rien à voir avec ce que j'ai déjà fait. J'adore des cinéastes qui passent d'un genre à un autre, comme Billy Wilder ou plus récemment Ang Lee. Ils sont le parfait exemple qu'il est possible de changer de genre.

Fauteuils d'orchestre est dédié à Suzanne Flon.
J'ai eu la chance de la croiser à la lecture du scénario. C'est émouvant de la revoir dans le film, et joyeux à la fois. Elle faisait partie de ces personnes qu'on peut voir à la fin de leur existence, et qui dégage le sentiment d'avoir réussi leur vie. Et puis c'est le rêve de pouvoir travailler jusqu'au bout dans le métier qui vous a passionné toute votre vie !

Propos recueillis par Didier Verdurand.

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