Forest Whitaker (Mary)

Didier Verdurand | 21 décembre 2005
Didier Verdurand | 21 décembre 2005

Il est loin le temps où Forest Whitaker galérait en participant à des séries télé comme Arnold et Willy, Hill street blues et L'Homme qui tombe à pic. Depuis Bird, présenté à Cannes en 1988, Forest n'a cessé de courir vers le succès, comme acteur (The Crying game, La Mutante, Ghost dog, Panic room) et réalisateur (Où sont les hommes, Ainsi va la vie). C'est à l'occasion d'un hommage rendu en septembre dernier par le Festival de Deauville et de la présentation de Mary, le nouveau Abel Ferrara, que nous l'avons croisé dans une chambre de l'hôtel Royal.

Que pensez-vous de votre interprétation de l'animateur télé Ted Younger dans Mary ?
J'ai été frappé par la force émotionnelle du film et j'ai découvert en moi de nouvelles facettes dans mon jeu. Je devais paraître plus vrai que dans mes films précédents, c'était une nouvelle expérience et je pense que ça fonctionne. J'en dirais autant pour Matthew Modine que je n'avais jamais vu ainsi.

Vous aviez déjà tourné avec Abel Ferrara en 1993 dans Body snatchers. Changement d'ambiance avec Mary ?
Rien à voir, en effet ! Body snatchers était produit par un grand studio (Warner, Ndlr.) et il est quasi-impossible de pouvoir laisser une place aussi grande à l'improvisation, comme c'est arrivé sur le tournage de Mary. Abel n'avait pas de comptes à rendre chaque soir en devant montrer ce qu'il avait filmé et pourquoi. Il travaillait en toute liberté, ce qui le rendait plus créatif.

 


Est-il du genre à travailler avec une bouteille de scotch dans la main gauche, et un flingue dans la droite ?
(Rire.) On ne sait pas trop à quoi s'attendre avec lui mais je peux vous assurer que je n'ai pas vécu ce genre de situation ! C'est fascinant de le voir travailler, Abel est un immense artiste et je ne trouve pas les mots pour décrire son attitude sur un plateau, il se pose beaucoup de questions, il est très concentré sur son sujet, les idées s'enchaînent et la magie opère.

 

Vous le considérez comme un pessimiste ou un optimiste ?
Il est réellement optimiste. Il y a beaucoup d'espoir dans son discours.

Il y a une scène mémorable dans laquelle vous priez et pleurez et on a l'impression que vous vous livrez totalement. Combien de prises pour obtenir ce résultat criant de vérité ?
Seulement deux ou trois car je ne me sentais pas capable d'en faire plus, cela demande beaucoup trop d'énergie. Pendant que l'équipe mettait en place le plateau, je me suis assis et j'ai réussi à m'isoler mentalement. J'ai fouillé dans ma vie personnelle pour trouver des moments qu'il est préférable de laisser de côté.

Vous n'avez aucune scène avec Juliette Binoche, vous l'avez quand même rencontrée ?
Il me semble qu'elle était à Paris pendant que je tournais mes scènes. Mais Abel voulait que je lui parle vraiment au téléphone, c'était elle au bout du fil. Je ne connais que sa voix, je ne l'ai jamais vue.

Quelques mots sur Marion Cotillard ?
Elle est très belle ! (Rire.) Elle m'a l'air d'être une jeune femme honnête et c'est une très bonne comédienne. Nous partageons un plan séquence de cinq minutes dans lequel nous nous serrons l'un contre l'autre et nous parlons. J'ai été impressionné, je l'ai trouvé digne des plus grandes.

Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportrait de Forest Whitaker.

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