Tommy Lee Jones (Trois enterrements)

Louisa Amara | 22 novembre 2005
Louisa Amara | 22 novembre 2005

Entre une promo à Cannes, une autre pour les mensuels en septembre et une dernière pour les hebdos et quotidiens, Tommy Lee Jones n'aura probablement jamais passé autant de temps en France, à tel point qu'on pouvait légitimement se demander si on allait le rencontrer avec le bérêt sur la tête ou un chapeau de cow-boy. Heureusement, la plus grande star américaine de sa génération - avec le bon Clint - n'a rien d'un Super Dupont et nous a tellement ému qu'on en a même oublié de lui demander le traditionnel autoportrait... Heureusement, le dictaphone a marché !

Trois enterrements a eu un très bon accueil à Cannes et a reçu plusieurs prix, à votre avis comment sera-t-il reçu aux États-Unis et notamment au Texas ?
Je ne sais pas comment le film sera accueilli aux États-Unis et au Texas en particulier. Je n'en ai aucune idée. Et je dois avouer que ça m'inquiète un peu. En plein milieu du tournage, j'ai réalisé qu'on faisait vraiment un très bon film. J'ai regardé autour de moi et j'ai dit à toute mon équipe : «Pensez-vous que quelqu'un sera assez intelligent aux États-Unis pour voir ce film ?». Alors aurons-nous un public pour ce film, c'est une très bonne question. C'est la prochaine question que je me poserai (Le film sort en décembre chez les yankees, Ndlr.). Et la réponse la plus facile que je peux vous donner est qu'aujourd'hui je n'en ai pas la moindre idée.

Guillermo Arriaga a-t-il- eu carte blanche pour le scénario ?
Non. Nous avons collaboré ensemble dès le début. Il y a eu 10 versions du scénario avant d'arriver à la version finale.

Mais la construction d'un scénario avec de nombreux flash-back est un peu sa marque de fabrique, non ?
Oui il aime cette forme de narration. Je pense qu'il a inventé là, la forme la plus moderne de scénario, celle qui correspond au 21e siècle. Et pour le film, ça me convenait très bien.

Vous aviez déjà réalisé un film pour la télévision en 1995, Good Old boys, pourquoi avoir attendu 10 ans avant de réaliser un autre film ?
La première fois que j'ai réalisé un film, c'était pour la chaîne de télé de Ted Turner. Et ça a été la période la plus créative de ma vie. Mais il m'a fallu attendre 10 ans pour avoir à nouveau cette chance. Si cela ne tenait qu'à moi, je n'attendrai pas 10 jours avant de réaliser un autre film. J'adore ça.

Plus que d'être un acteur ?
Non pas plus.
Qu'aviez-vous ressenti en passant pour la première fois derrière la caméra ?
Ca a été une expérience formidable. J'en ai été très heureux. Tout comme je l'ai été pour Trois enterrements. J'ai utilisé les mêmes caméras, les mêmes lentilles. Mais cette fois j'ai eu plus de temps et d'argent.

Le film correspond-il à vos attentes ?
Oui le film achevé est bien celui que nous voulions faire. J'ai fait très attention à ne pas créer de circonstances qui nous auraient éloignées de notre but initial. J'ai tout fait pour créer une ambiance de travail avec l'équipe, où chacun pouvait faire de son mieux pour réaliser le meilleur film possible. Est-ce que je suis heureux du résultat ? Oui. Mais je pourrai vraiment répondre à cette question quand le film sera sorti partout dans le monde.

Les conditions climatiques sont réputées très difficiles et imprévisibles dans cette région, comment cela s'est-il passé sur le tournage ?
Avant le tournage, j'ai averti Chris Mangus qu'il faillait être sûr des personnes qu'il engagerait. Il fallait des personnes fortes. Lors du tournage à la frontière mexicaine, nous avons eu des pluies diluviennes. Le lieu que j'avais choisi était très reculé. Le fleuve était infranchissable alors nous avons du dire à tout le monde de rentrer chez eux. On n'a rappelé l'équipe que 12 jours plus tard. Nous sommes très fiers d'eux. Les producteurs ont été très compréhensifs et nous ont soutenu. On avait une bonne assurance aussi.

Barry Pepper est la révélation du film, comment avez-vous choisi les acteurs ?
Ça s'est fait par élimination. On avait une centaine de personnes. Certains étaient asiatiques, afro-américains ou âgés de plus de 50 ans, par exemple, et ça ne correspondait pas aux rôles. Ça a réduit la liste à une cinquantaine de noms, puis à une dizaine. Certains n'étaient pas disponibles, d'autres ne comprenaient pas le script ou ne l'aimaient pas. Et soudain, il n'en resta plus qu'un. Il comprenait parfaitement le script, il savait jouer, il était disponible, c'était Barry Pepper. Pour le reste du casting, ça a été aussi long. Pour moi, étant également acteur, c'est très difficile de dire non à un acteur. C'est très douloureux, vraiment.

Certains ont dit que le film était un film d'hommes, que les femmes n'y avaient que des rôles secondaires. Que pensez-vous de ces critiques ?
Je n'ai pas eu l'intention de ne donner que des rôles secondaires aux femmes. Absolument pas. Aucune personne censée ne pourrait affirmer ça en voyant le film. Les femmes ont une importance déterminante dans le film. Nous ne faisons aucune campagne anti-féministe. Nous ne sommes pas si stupides.

Vous étiez très intéressé par l'adaptation du roman Blood meridian, où en est le projet ?
J'ai été engagé par Sony pour écrire un scénario inspiré du roman. Et je l'ai fait. Ce scénario est devenu leur propriété puisqu'ils m'ont payé pour ça.

Aimeriez vous réaliser le film ?
J'adorerais. Mais les droits ne m'appartiennent pas, je ne contrôle pas son destin.

Beaucoup de gens disent que le livre est génial, mais qu'il est inadaptable au cinéma.
Non c'est faux, je pourrais le faire, la preuve, j'en ai déjà écrit le scénario !

En ce qui concerne Clint Eastwood, il ne joue plus - pour l'instant - dans d'autres films que les siens, aimeriez-vous suivre son exemple ?
Il y a beaucoup de choses qui m'inspirent dans son travail. Je l'admire beaucoup. C'est un bon ami et j'ai le plus grand respect pour lui. Sur un tournage, il dirige tout de manière efficace et respectueuse. Et j'en fais de même sur mes tournages. De mon côté j'aimerais aussi jouer dans un film où je serai l'acteur, le réalisateur, le scénariste et le producteur. Mais ces jobs sont difficiles à décrocher ! (Sourire.)

Y a-t-il encore des réalisateurs avec lesquels vous aimeriez travailler ?
Oui bien sûr, j'adorerais travailler avec Martin Scorsese. J'aimerais rejouer pour Robert Altman ou Oliver Stone. J'adore ces réalisateurs.

Il y a une rumeur selon laquelle vous pourriez jouer JR Ewing dans la prochaine adaptation de Dallas, au cinéma. Est-ce vrai ?
Je n'ai rien entendu de tel. C'est certainement un effet d'annonce. Des rumeurs sans fondement.

Il a été dit que vous étiez en concurrence avec John Travolta, Kevin Costner, Mel Gibson etc...
Ce ne sont que des conneries ! Cela a été sûrement généré par un responsable de la communication.

Et si on vous proposait le rôle ?
Eh bien, il faudrait que le scénario soit très bon.

Ils ne l'ont pas encore fini aux dernières nouvelles.
Alors la réponse la plus courte à cette question serait : non ! (Rire.)

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