4 questions à Fernando Sulichin (producteur de Mary)
Producteur de Mary, l'argentin Fernando Sulichin répond à quatre questions posées en coup de vent dans le rush du dernier Festival de Deauville.
Quel est le budget de Mary ?
Il est très modeste, il avoisine les 3 millions d'euros. Les comédiens
ont accepté le minimum syndical pour participer à l'aventure, on
pourrait presque parler de bénévolat ! Ils ont mis leurs caprices de
diva de côté, et se sont très bien adaptés aux conditions de tournage. (Rire.)
Qu'est-ce qui vous a convaincu de produire Mary ?
Je dois certainement avoir un tempérament suicidaire ! Plus
sérieusement, j'ai été très touché par l'histoire et je savais qu'avec
la sensibilité d'Abel Ferrara, le résultat allait privilégier
l'émotion. Depuis que je vis en France, je vois beaucoup de film
d'auteurs français et je dois dire qu'ils sont souvent prétentieux et
ennuyeux. Il est rare d'avoir plus d'un De battre mon cur s'est arrêté par an
Pour le prix d'un Blueberry, je préfère produire dix films d'Abel Ferrara qui tourne avec son cur et une réelle humilité. Je suis très content de Mary et je suis heureux de voir que les critiques françaises sont dans l'ensemble très positives.
Comment fonctionne Abel Ferrara ?
Il vit dans l'anarchie la plus totale, il traumatise toutes les
personnes avec qui il travaille. Mais je pense qu'on peut tout
pardonner à un artiste aussi immense. Lorsqu'il est dans un processus
de création, il peut lui arriver de hurler sur tout le monde, une
bouteille d'alcool à la main
Vous alliez souvent sur le tournage ?
Pas tous les jours, c'est trop fatiguant, je n'aurais jamais survécu ! (Rire.) Mon boulot consiste à monter un film - j'ai eu besoin de cinq mois pour Mary
- et je ne suis pas du genre à embêter l'équipe, je les laisse
travailler en paix, même si le mot n'est pas exactement celui qui
convient sur un Ferrara !
Propos recueillis par Didier Verdurand.
Autoportrait de Fernando Sulichin.