Angela Robinson (La Coccinelle revient)
Si les deux stars de La coccinelle revient sont Lindsay Lohan et Choupette, le véritable manager de l'écurie, c'est bien elle, Angela Robinson. C'est à cette réalisatrice qui signe ici son deuxième long-métrage que Disney a confié les rênes de cette production de 50 millions de dollars. L'occasion était trop belle pour ne pas aborder, ne serait-ce qu'en surface, la place des femmes au sein du système hollywoodien.
Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête de cette grosse production ?
Une personne de chez Disney avait vu mon premier film, D.E.B.S., lors de sa présentation au festival de Sundance en janvier 2004 et a estimé, en découvrant mon style visuel très fun et dynamique, que j'étais la personne appropriée pour redonner vie à la coccinelle et la réintroduire auprès d'un nouveau public. De plus, le script que le studio m'avait fait parvenir n'était pas un remake mais une toute nouvelle aventure à propos de cette jeune femme qui veut devenir pilote de course. L'intérêt était donc réciproque et ils m'ont engagé.

Avant d'être un long-métrage, D.E.B.S. a d'abord été un comics puis un court-métrage. Vous êtes à l'origine des trois ?
Au départ, j'avais dessiné une version destinée à devenir une « web animation ». Puis, l'industrie du dotcom a commencé à prendre l'eau aux États-Unis. J'ai donc décidé d'en faire un court-métrage que des personnes de chez Sony ont vu et ont aussitôt investi l'argent nécessaire pour un long-métrage.
Combien de temps s'est-il écoulé entre chaque étape ?
Deux ans entre les premiers dessins et le court-métrage. Celui-ci a ensuite été présenté à Sundance en janvier 2003 où j'ai immédiatement obtenu le feu vert pour le long-métrage qui fut donc présenté à Sundance l'année suivante.
Dans le commentaire audio du DVD de D.E.B.S., vous dites avoir tourné ce premier long-métrage en numérique haute définition. Pourquoi un tel choix ?
J'avais déjà réalisé le court-métrage en haute définition. L'avantage d'un tel format, c'est que lorsque vous devez faire un film indépendant qui comporte autant d'effets spéciaux que D.E.B.S. mais avec un budget limité (le film a coûté environ 3,5 millions de dollars, ndlr), vous pouvez le faire non seulement plus rapidement mais aussi à l'aide de logiciel moins onéreux Adobe After Effects dans le cas de D.E.B.S. Tandis qu'avec La coccinelle revient, vous devez faire des allers-retours entre le numérique pour les effets et l'argentique, ce qui revient inévitablement plus cher.

Il est parfois très difficile d'imposer ses choix pour un premier long-métrage ou bien dès qu'il s'agit de travailler avec des majors. Avez-vous disposé de suffisamment de libertés pour chacun de ses films ?
Le budget de D.E.B.S. était si infime en comparaison d'une majorité de longs-métrages produits à Hollywood que personne ne nous prêtait attention et l'on pouvait faire ce que bon nous semblait. Pour La coccinelle revient, assez curieusement, j'ai pu faire à peu près tout ce que je voulais une fois de plus, à partir du moment où le studio était convaincu que le film que je souhaitais réaliser était bien le même que ce qu'ils attendaient.
Une femme à la réalisation, c'est très rare, surtout à Hollywood qui est un univers très masculin. Est-ce difficile de s'y faire une place ?
Ça doit l'être, autrement il y aurait beaucoup plus de femmes à ce poste. Toutefois, lorsqu'on me pose cette question, je ne sais pas quelle réponse apporter car en ce qui me concerne, je n'y pense pas vraiment et je me contente de faire ce que je veux tout en oubliant cette disparité. Et je crois qu'en procédant de la sorte, les personnes avec lesquelles je travaille oublient rapidement ce contexte elles aussi.
Quels sont vos prochains projets ? Une nouvelle aventure de La coccinelle ?
Disney a été très satisfait de La coccinelle revient et m'a proposé un contrat de production afin que je puisse écrire, produire et réaliser mes propres projets. En ce moment, je suis en train d'écrire un nouveau long-métrage que j'aimerais réaliser.
Vous pouvez nous en parler ?
Non, c'est secret pour l'instant. Je vous en parlerai à notre prochaine rencontre.
Propos recueillis par Stéphane Argentin.