Danny Boyle (Millions)

Stéphane Argentin | 27 juin 2005
Stéphane Argentin | 27 juin 2005

Initialement prévu pour janvier, puis avril, c'est finalement le 6 juillet que sortira en France Millions, le dernier film de Danny Boyle. De passage à Paris il y a quelques jours de cela, nous avons pu nous entretenir avec le réalisateur britannique et revenir en détails sur certains autres films marquants de la carrière du cinéaste ainsi que sur ceux à venir.

Millions marque un changement radical par rapport à votre film précédent, 28 jours plus tard. Vous aviez besoin d'un tel changement ?
Ça ne se passe pas vraiment ainsi même si, en effet, les deux films peuvent sembler très différents. En vérité, ce sont plutôt les projets qui vous « tombent dessus », qu'il s'agisse d'une histoire originale, d'une adaptation de roman… Je n'avais jamais rencontré le scénariste de Millions mais je le connaissais de réputation lorsqu'il m'a fait parvenir le script. Nous nous sommes très vite découverts de nombreux points communs : même âge, même éducation catholique… qui eux-mêmes étaient en phase avec plusieurs aspects du scénario. Et c'est ainsi que nous avons commencé la réécriture qui a duré un an. La décision ne s'est donc pas faite de but en blanc même si, au fond, le changement est toujours quelque chose de très bénéfique car il vous oblige à vous remettre perpétuellement en question et à apprendre de nouvelles choses. Ce sera une fois encore le cas avec mon prochain long-métrage, Sunshine, un film de science-fiction.

Que pouvez-vous nous dire de plus à son sujet ?
Le décor est actuellement en cours de construction dans les mêmes studios londoniens que ceux de 28 jours plus tard. Le début du tournage est prévu pour dans deux mois et le budget s'élève aux environs de 50 millions de dollars. Le casting actuel est composé de Cillian Murphy, Michelle Yeoh, Cliff Curtis et Chris Evans et il nous reste encore quatre rôles à attribuer. Le film parle d'une expédition spatiale en route pour le soleil en vue d'y faire exploser une gigantesque bombe de la taille d'une très grande ville telle que Paris afin de relancer certaines parties de l'astre qui sont défaillantes. L'histoire se focalisera surtout sur ce qui arrive dans l'esprit des astronautes à bord de la station à mesure qu'ils approchent du soleil.

Ça fait énormément penser à Solaris, non ?
L'histoire de Sunshine sera complètement différente. Du moins je l'espère. Le Solaris original, celui de Tarkovski, est une vraie merveille. Et je ne voudrais surtout pas que mon film soit comparé avec le sien (rires). Le but de Sunshine est de parvenir à ce compromis délicat qui consiste à attirer un public très large tout en développant certaines idées plus élaborées nichées au creux de l'histoire.

Vous vous êtes finalement décidé à faire un film de science-fiction alors qu'à l'époque, vous n'aviez pas voulu réaliser le quatrième Alien.
J'étais très intimidé par toute la technique qui entourait ce film et je ne me sentais pas prêt à faire face à un projet d'une telle importance. Entre temps, j'ai fait un court-métrage intitulé Alien love triangle qui devait être le premier volet d'une série de trois ou quatre autres films. Le second, Naked machines, aurait du voir le jour sous la forme d'un long-métrage mais les partenaires financiers se sont rétractés et le film ne s'est jamais fait. En revanche, Miramax a prévu de sortir Alien love triangle au cours de cette année.

Ewan McGregor était présent dans vos trois premiers longs-métrages et depuis Une vie moins ordinaire qui remonte à 1997, vous n'avez plus travaillé avec lui. Pour quelles raisons ? Est-ce parce qu'il est devenu trop cher, trop occupé ?
Il est effectivement très occupé à présent. Il y avait quelque chose de prévu qui ne s'est pas fait avec La plage. Mais j'espère bien que nous retravaillerons à nouveau ensemble.

On retrouve très souvent les mêmes personnes sur chacun de vos film : même directeur photo, monteur, producteur…Ça vous aide dans votre travail ?
Oui car toutes ces personnes peuvent communiquer plus honnêtement les unes avec les autres. Au fil du temps, chacun apprend à connaître les forces et les faiblesses des autres et vous avez ainsi une relation de confiance qui s'établit. Et au bout du compte, c'est tout le processus créatif qui s'en trouve grandi car vous travaillez beaucoup plus efficacement. Mais une fois encore, de temps en temps, le fait de collaborer avec de nouvelles personnes peut également être très stimulant et vous amener à envisager d'autres perspectives.

Vous retrouverez à nouveau la même équipe pour Sunshine ?
Il y aura effectivement le même scénariste, le même monteur, le même designer et le même producteur. Seul le directeur de la photographie changera, il s'agira d'un allemand dénommé Alwin Kuchler (Le voyage de Morvern Callar, Code 46).

Le scénariste Alex Garland vient tout juste de signer l'adaptation du jeu vidéo Halo. Vous seriez intéressés pour diriger un tel long-métrage ?
Alex est effectivement un gros fan de jeux vidéo. Il a d'ailleurs des écorchures aux pouces à force de jouer (rires). Mes enfants adorent ça également. Moi, beaucoup moins. Donc je ne pense pas être le bon réalisateur pour ce genre de projet. De plus, je ne pourrais pas, même si je le voulais car Sunshine va m'occuper pendant au moins un an. Entre le tournage et la postproduction, le film ne sera pas prêt avant l'été prochain au plus tôt.

Sunshine sera votre second film avec un casting international après La plage que beaucoup considèrent comme votre long-métrage le moins réussi. Qu'en pensez-vous ?
Je crois en effet que La plage n'a pas fait ressortir ce qu'il y avait de meilleur en moi et j'en suis parfaitement conscient. Nous avons d'ailleurs dans l'idée depuis très longtemps d'en faire un remontage. Je crois que le film peut-être amélioré, notamment en retirant les voix off. Je ne sais pas encore s'il s'agira d'une version plus longue ou plus courte, mais il y aura des changements. Je me pencherai dessus dès que j'en aurai terminé avec le montage de Sunshine, l'idée étant de sortir cette nouvelle version en DVD.

Vous aimez suivre vos films jusqu'au bout, superviser et vous impliquer dans les DVD ?
Absolument. À l'heure actuelle, la sortie au cinéma fait office de publicité pour le futur DVD. C'est en tous les cas ce qu'en disent les studios. Je suis moi-même un gros consommateur de DVD. J'en ai d'ailleurs quelques uns avec moi que je regarderai pendant mon retour en Angleterre.

Lesquels ?
J'ai apporté Infernal affairs et À toute épreuve de John Woo.

Vous êtes dans une période « cinéma asiatique » ?
Nous essayons d'avoir d'autres acteurs asiatiques pour Sunshine. C'est donc l'une des raisons.

Vous avez déjà des acteurs en vue ?
Oui mais je ne peux pas vous en parler pour le moment car rien n'est encore sûr à 100%.

Qu'en est-il des suites de vos films, notamment Trainspotting 2 et 28 jours plus tard 2 ?
L'idée pour Trainspotting 2 était d'attendre que les acteurs aient vieilli naturellement. Le problème, c'est qu'ils n'ont pratiquement pas changé physiquement depuis le tournage du premier film, il y a 10 ans. Il va donc falloir attendre encore, et dès que le moment sera opportun, nous tournerons. Quant à 28 semaines plus tard, la suite de 28 jours plus tard, nous essayons d'avoir le réalisateur espagnol Juan Carlos Fresnadillo (Intacto) à la mise en scène. Pour ma part, je me contenterai d'assurer le poste de producteur exécutif afin de le laisser faire le film qu'il souhaite.

Propos receuillis par Stéphane Argentin.

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