Conf de presse Genesis

Shamia_Amirali | 28 avril 2005
Shamia_Amirali | 28 avril 2005

Pour la sortie en DVD de Genesis, Claude Nuridsany et Marie Pérennou se sont prêtés au jeu de la conférence de presse au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. Rien d'étonnant dans ce choix pour ces passionnés de la nature et des animaux. Plutôt bavards, les réalisateurs de Microcosmos racontent la naissance de Genesis.

C'est un film scénarisé, tout ce qu'on voit à l'écran a été écrit avant le tournage ?
Marie Pérennou : Dans notre façon de travailler, peut être que l'on se rapproche plus du travail fait par rapport à un film de fiction qu'un film dit documentaire, bien que l'on considère que Genesis ne soit pas un documentaire pur et dur. C'est un petit peu entre les deux. Il y a un texte qui est écrit, un récit, ça c'est le côté plus fictionnel, et le côté documentaire ce sont toutes les scènes avec les animaux. Ce n'est pas mis en scène au niveau de leur comportement, on a filmé ce qu'ils offraient.

Est ce que c'est arrivé pendant votre tournage de vous faire surprendre par les éléments, par les animaux que vous filmiez. Si cela a été le cas, comment vous avez fait pour modifier le scénario ?
Marie Pérennou : Effectivement, c'est le risque parce que nous ne filmons pas des acteurs mais des animaux. Mais il s'est trouvé que l'on n'a pas été vraiment surpris. Après l'écriture du scénario, nous avons quand même fait un mois de repérage et c'est à ce moment là que l'on a révisé certaines options. On a décidé de ne pas filmer les lucioles par exemple, c'est un rêve de les filmer, mais cela s'avérait trop compliqué et incertain donc on ne l'a pas tourné. C'était plutôt à ce niveau là, on n'a pas eu de vraies déceptions sur le terrain. Il y avait certes un risque mais par rapport au scénario, je crois qu'il n'y a qu'une seule séquence que l'on n'a pas montée.

Est-ce que sur Microcosmos c'était déjà le cas ?
Claude Nuridsany : On a travaillé de façon assez proche sur Microcosmos sauf qu'il n'y avait pas la nécessité de ces voyages assez nombreux et assez lointains. Mais autrement, c'est la même façon de travailler, au niveau d'une écriture très détaillée du scénario, du casting, d'un choix de personnages animaux parce qu'il faut qu'ils soient contrastés, qu'ils alternent avec des caractères différents parce qu'un film long métrage c'est avant tout un spectacle, il faut qu'il soit à la fois émouvant, intéressant et si possible beau.

Quand vous filmiez les animaux, vous saviez quels gestes ils allaient accomplir parce que vous les connaissiez depuis longtemps ?
Marie Pérennou : C'est tout le travail que l'on fait en amont. Il y a énormément de préparation et après, on commence à écrire. On pense aux scènes et séquences qui seraient intéressantes. Ensuite on les met en ordre, on trouve une structure narrative. Dans ce cas ici, on a aussi écrit le texte de Sotigui Kouyaté.
Quand on choisit les animaux au départ, il y a toujours une fonction symbolique (ce qui était aussi le cas pour Microcosmos). À partir d'animaux rencontré depuis le temps que l'on fréquente la nature, on a fait des choix esthétiques. Par exemple, les hippocampes, qui semblent un peu sortir d'un conte de fée, font un beau contre-point aux araignées et aux crapauds, qui par nature ne sont pas forcément des animaux sympathiques. Mais les crapauds on les trouvait intéressants. Pour nous, ce sont des princes et des princesses aussi, et donc des souvenirs reliés à l'enfance.

Vous les aviez déjà vu ?
Marie Pérennou : Bien sûr ! Non seulement on les avait déjà vu mais en fait on allait voir leurs amours régulièrement au mois de mars. Quand on s'est connu avec Claude et qu'on faisait nos études, nous allions dans les bois de Ville d'Avray où il y a de nombreux étangs et où les crapauds se retrouvent pour leurs fiançailles au mois de mars. C'est en pensant à cette scène d'Adam et Ève au pays des crapauds que l'on a songé à filmer les crapauds dans leur scène d'amour et qu'on a choisi d'ouvrir la séquence de l'amour pour Genesis avec eux.

Il y a des séquences du film tournées en studio et d'autres en extérieur…
Marie Pérennou : Effectivement, on aime bien mélanger les deux. Toutes les scènes ne sont pas possibles à filmer en extérieur pour des questions techniques et comme nous grossissons beaucoup l'image, la lumière manque. Et il y a tout un travail sur l'image justement qui nous passionne. Passer des images tournés en studio à celles en extérieur sans que cela soit perceptible, c'est aussi toute une recherche.
Claude Nuridsany : Ce qui est un peu particulier dans notre façon de travailler, c'est que l'on alterne dans la même séquence des prises de vues qui ont été faites en studio et des prises de vues en extérieur. Même dans les cas où nous avons tourné à Madagascar une séquence sur le poisson périophtalme. C'est un poisson qui est une sorte de symbole des vertébrés sortis de l'eau. Il est extrêmement farouche, on l'a filmé dans la mangrove à l'extérieur mais aussi dans un studio aménagé en lisière de cette mangrove. Ça nous a permis d'avoir tout ce que nous souhaitions, contre deux mois d'attente, parce que peu à peu ils se sont habitués à la présence de la caméra et à notre présence.
Marie Pérennou : On a mis trois ans à tourner, avant on a fait les repérages dans différents pays, en Islande, à Madagascar et aux Galápagos. Pour nous qui ne travaillons pas dans le style reportage, c'est une contrainte de voyager, d'essayer de travailler à notre rythme dans des pays lointains, c'est pour ça qu'il fallait être très organisé et savoir exactement ce qu'on voulait filmer.

Il y a un bonus sur la musique de Genesis. Les sons ont tous été entièrement recrées…
Claude Nuridsany : On avait un vrai plaisir à travailler avec Bruno Coulais et Laurent Quaglio. Le travail sur le son pour nous c'est la moitié du film. On n'a jamais pensé que le son c'était quelque chose qui se mettait à la fin du montage et qu'on découvrait au moment du mixage. Il y a même des notes sur le son et la musique présentes dans le scénario avant le tournage.
Pour Genesis, comme sur Microcosmos, Laurent Quaglio a travaillé en étroite complicité avec le musicien. En fait Bruno Coulais composait sa musique en sachant exactement ce qu'il y avait sur la bande son au niveau des sons de la nature recrées ou modifiés par Laurent Quaglio. Si bien qu'il y a un dialogue entre les sons de la nature et la musique qui nous semble très important, cela permet à la musique d'arriver en douceur sans faire sursauter le spectateur. Il y a une sorte de fusion entre les sons orchestraux et les sons de la nature, quelque fois l'orchestre est très en arrière plan, comme dans la séquence sur le déluge.
Marie Pérennou : Une fois le tournage terminé, Bruno Coulais a visionné tous les rushes sur grand écran pendant quinze jours, il s'est ainsi imprégné de la notion même du film et on a commencé à en parler entre nous. Il a commencé à composer vraiment quand nous, on a débuté le montage. Il a composé la musique à peu près dans l'ordre du montage. Pour nous, Microcosmos et Genesis ne sont pas vraiment des documentaires, ils ont un côté conte et la musique qui participe beaucoup à cette atmosphère de conte un peu irréel. Bruno Coulais a travaillé à peu près sept mois sur cette musique. C'est une chance parce que souvent la musique n'intervient qu'en dernier dans un film.

Quelle est la genèse de Claude Nuridsany et Marie Pérennou ?
Claude Nuridsany : Depuis longtemps on a deux passions que nous essayons de conjuguer : la nature, les animaux et le cinéma de fiction. Lorsque nous étions étudiants à la Faculté des Sciences de Jussieu, on a passé beaucoup de temps sur les bancs de la Cinémathèque, sans que cela nuise à nos études. Nous avions aussi beaucoup d'amis qui suivaient des cursus en cinéma et donc quand on a fini nos études, au lieu de faire de la recherche, on a commencé à faire des photos, des livres, des courts-métrages pour la télévision toujours autour de la nature. Et enfin, deux longs-métrages.
Notre vision du documentaire animalier, bien que je ne définirais pas comme cela nos films, était une vision assez critique. Je me souviens du Territoire des autres de François Bel et Gérard Vienne, c'est le premier documentaire long-métrage avec des animaux qui nous a vraiment marqué parce qu'on s'est dit que là, il y avait un travail de cinéaste dans le montage, la bande-son. On a eu une sorte de lueur d'espoir car les documentaires que nous voyions jusque là nous semblaient assez académiques, se ressemblant énormément. Le territoire des autres a vraiment été un choc malheureusement on le cite très peu. Pour nous, ça reste un vrai déclic.

Quelle est votre idée de cinéma ? En tant que cinéastes, qu'est ce que vous voulez dire ?
Claude Nuridsany : Ce que nous essayons de faire au niveau de nos films, c'est une proposition à partir du monde des animaux et de la nature qui n'est pas réaliste parce que nous ne croyons pas au réalisme comme base de travail. Et donc pour nous, peut-être du fait que nous avons une formation scientifique et que cette part d'exactitude ne nous pose aucun problème, ça nous permet une plus grande liberté dans la façon de présenter ces animaux. Ce ne sont pas simplement qu'un nom latin, un lieu et le descriptif de tel ou tel comportement. Ils ont aussi une fonction symbolique et métaphorique très puissante, je pense que chacun d'entre nous, les enfants en particulier, nous regardons les animaux en projetant sur eux des phantasmes extrêmement puissants.
Nous ne voulons pas gommer cette partie de la façon dont nous appréhendons l'image des animaux, qui est justement phantasmatique. Nous ne dictons pas évidemment au spectateur la façon dont il faut qu'il regarde ces animaux mais notre travail c'est, je dirais, de faire une image qui soit la plus ouverte possible dans l'interprétation qu'elle permet au spectateur.
Genesis est une forme de mythologie moderne, c'est-à-dire que le discours scientifique qui raconte l'origine de l'univers a construit dans nos têtes une sorte de nouvelle mythologie. Nous nous sommes dit, partons de ces connaissances scientifiques accessibles à tous et montrons la comme une mythologie moderne, sachant qu'elle est sujette à révisions.

Pour en revenir au DVD, pourquoi avoir mis une option « Réglage (du téléviseur) » ?
Claude Nuridsany : C'est venu d'un constat tout simple. Lorsqu'il y a eu le premier test précis du DVD, que l'on a regardé chez nous sur notre téléviseur (un plasma), on s'est dit qu'il y avait un problème. On a remonté la chaîne de fabrication, on a été au laboratoire Éclair qui avait fait le passage du 35 mm à la vidéo. La faute en incombait finalement à notre téléviseur qui était mal réglé (normal il s'agit d'un plasma ! Ndlr !). Très souvent on achète un téléviseur, il arrive chez nous et on ne touche aucun bouton sauf marche/arrêt. On s'est rendu compte qu'il pourrait être intéressant pour les puristes d'avoir cette possibilité d'optimiser le réglage de leur téléviseur de façon à visionner le DVD dans les meilleures conditions.

Que pouvez-vous nous dire sur vos choix de conception du menu ?
Claude Nuridsany : On tenait à la simplicité, parce qu'en tant que grands utilisateurs et même dévoreurs de DVD, enfin de visionnage de DVD, il arrive quelque fois que les menus d'accueil soient très complexes, et il faut chercher partout, cliquer pour voir ce satané film. On tenait à ce qu'il y ait une évidence dans la lecture de cette page d'accueil.

Au sujet de la bande son, vous pouvez expliquer l'absence de DTS ?
Studio Canal : On voulait que l'image soit restituée le plus fidèlement possible. On a un très gros taux d'encodage sur ce film, il y avait les bonus à la clé qu'on ne voulait pas sacrifier. On a paramétré l'encodage Dolby de manière à avoir le meilleur son Dolby possible. Sachant en plus que le DTS est très gourmand en place…

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