Sara Forestier (L'Esquive)

Didier Verdurand | 15 mars 2005
Didier Verdurand | 15 mars 2005

Le plus agréable instant de fraîcheur de la dernière cérémonie de la remise des Césars revient sans conteste à Sara Forestier, meilleur espoir féminin mérité pour son incroyable performance dans L'Esquive. Du haut de ses 18 ans, Sara est entrée par la grande porte dans le cercle ultra-réduit des jeunes comédiennes promises à une grande carrière. Pas question de prendre la grosse tête : l'oeil reste pétillant et notre jeune surdouée parle avec décontraction, sans accent particulier, si ce n'est celui d'une jeune parisienne qui croque notre époque à pleines dents.

Encore une du Cours Florent !
Je n'y ai fait qu'un stage de 15 jours mais c'est resté sur mon CV et les journalistes le mettent parfois en avant. En fait, pour te parler de mon cursus, j'ai toujours été attirée par différents arts, que ce soit le théâtre, la peinture, la musique, avec un penchant pour jouer la comédie. Un jour, une copine m'a parlé d'un casting qu'elle allait faire pour des jingles sur Canal J et m'a proposé de l'accompagner, ce que j'ai accepté sans hésiter. On a été prises toutes les deux et un type qui bossait dessus m'a envoyé sur un casting pour un rôle dans un film de Martine Dugowson, Les fantômes de Louba. Sur le tournage, j'ai rencontré mon agent qui m'a envoyé tous les mercredi et samedi à de divers castings. Voilà comment je me suis retrouvée dans L'Esquive. Il y a eu deux mois et demie de répétition dans un squat avant de commencer de tourner.

Quelle scène as-tu joué pour décrocher le rôle de Lydia ?
C'est une scène qui n'est pas dans le film, où je dois convaincre une copine de me prêter de l'argent pour aller au cinéma avec un mec, et je m'aperçois qu'elle kiffe ce mec.

Quand tu es montée sur scène prendre ton César, tu savais ce que tu allais dire ?
Je m'étais dit que si je l'avais, je ne devais pas rester sans voix, il n'y a rien de pire qu'un blanc pour bloquer totalement. Je n'avais en tête que les personnes à remercier. Je compare déjà fréquemment dans mon quotidien Abdel Kechiche à Mozart donc ça m'est venu naturellement.

Tu reçois beaucoup de propositions depuis ?
J'avais déjà senti un changement dès la sortie de L'Esquive. Je lis jusqu'à cinq scénarii par semaine.

Que des rôles de jeune fille dans une cité ?
Pas un seul ! Infirmière, prostituée, fille d'avocat, folle, vagabonde…mais pas un seul rôle de caillera ! Incroyable…

On ne t'attendait pas d'ailleurs dans un rôle en costume, de plus dans une pièce de Feydeau adaptée au cinéma par Michel Deville !
Pour ce qui est de l'attente des gens, je m'en fous car je n'ai rien à prouver. J'étais ravie de faire partie de la distribution d'Un fil à la patte. J'adore Michel Deville et je trouve que le film a une pêche terrible. J'ai beaucoup appris avec les autres comédiens. Il y avait Emmanuelle Béart, Charles Berling, Patrick Timsit, Dominique Blanc, Julie Depardieu… Que des personnalités très différentes et cela se ressent aussi dans leur manière de travailler. De même, Michel Deville n'a rien à voir avec Abdel Kechiche. Il arrive avec un story board sur le tournage et connait avec précision la direction qu'il prend, tout en restant ouvert aux remarques car il aime être étonné.

Et nous te reverrons dans le prochain Lelouch, Le genre humain 2è partie : Le bonheur c'est mieux que la vie !
J'ai tourné pendant une semaine. Encore une autre méthode de travail car il te laisse beaucoup de liberté sans te laisser faire n'importe quoi. C'est de l'impro dirigée.

Tu aimes te regarder dans un film ?
Plus j'en fais, plus je trouve que je suis posée quand je me regarde et cela me donne envie de m'améliorer.

On a vu des César du meilleur espoir se tourner plus tard vers la réalisation. Cela pourrait être ton cas ?
Je n'ai pas attendu le César pour m'y lancer, j'ai réalisé un court-métrage en DV cet été, il est actuellement en fin de mixage. Sabrina Ouazani a participé à cette nouvelle aventure. Cela m'encourage à continuer. J'écris parallèlement deux longs depuis un an et j'approche de la fin. Je ne pourrai te dire dans quel genre ils seront car je n'aime pas me limiter à un ton en particulier… Il y en a un qui serait un film de gangsters avec de l'action, et l'autre plus intimiste.

Quel est le dernier polar qui t'a plu ?
36 quai des Orfèvres et j'aime beaucoup aussi Gangsters d'Olivier Marchal. J'adore ce qu'il fait et je lui ai dit. Il est l'un des rares à qui je dirais oui tout de suite.

Ton prochain film ?
Je vais rejoindre ce mois-ci le tournage du nouveau film de Bertrand Blier, Combien tu gagnes, avec Monica Bellucci, Bernard Campan, Edouard Baer, Jean-Pierre Darroussin… C'est un petit rôle mais je suis trop contente ! Et j'enchaînerai sur l'adaptation au cinéma de Hell de Lolita Pille mise en scène par Bruno Chiche. Ce sera très important pour moi car c'est mon premier rôle principal depuis L'Esquive.

Sans donner de noms, il y a pas mal de comédiennes qui sont nues dans quasiment tous leurs films et j'ai trouvé amusant que tu te sois révélée au grand public sans te dévêtir !
Je suis contente que tu le remarques. Je ne suis pas complexée mais je suis pudique et préfère qu'on voie ma tête que mon cul. On n'est pas obligé de tout partager avec le public. Maintenant, il faut voir quel est le rapport entre la nudité et l'histoire, surtout que ça peut facilement saouler les gens de voir systématiquement des comédiens à poil. Si je le sens, pourquoi pas mais personne ne me forcera sinon il se prendra un pin, c'est clair et net ! (Rire.)

Propos recueillis par Didier Verdurand.

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