Damien Jouillerot

Didier Verdurand | 26 octobre 2004
Didier Verdurand | 26 octobre 2004

Il est difficile d'avoir meilleur début de carrière lorsque, à 19 ans, vous avez été dirigé par Gérard Jugnot, Jean Becker, Alain Chabat, et que vous enchaînez aux côtés de Carole Bouquet et Olivier Gourmet dans un film de Jean-Jacques Zilbermann, Les Fautes d'orthographe. Rencontre avec un jeune espoir qui ne se prive pas de soirées arrosées, qui peuvent se terminer par une coupe au ras, comme vous pourrez le constater en voyant son autoportrait ci-dessous.

Qu'as-tu ressorti de cette nouvelle expérience ?
De la maturité. Aussi parce que le personnage en avait. Lorsqu'on s'investit dans un rôle, je pense qu'on en garde forcément des séquelles.

Tu reçois beaucoup de scénarios ?
Je n'en reçois quasiment pas, je passe des essais comme tout comédien qui débute. En général, je passe cinq ou six casting par mois, sauf ces derniers temps où je m'occupe de la promotion des Fautes d'orthographe.

On essaie de stariser en ce moment quelques ados ou enfants, un peu à l'américaine. Y a-t-il une compétition entre vous ?
Peut-être plus pour d'autres que moi. Cet esprit de compétition existe plus, j'ai l'impression, au niveau des parents.

Et les tiens ?
Ils s'en foutent totalement, ils ne sont pas du tout du milieu. Si j'obtiens un rôle, tant mieux, sinon, ce n'est pas très grave.

Peux-tu rappeler justement comment tu es entré dans ce milieu du cinéma ?
Je suis allé demander à Gérard Jugnot un autographe en 2001, lorsqu'il faisait des répérages dans ma région, en Franche-Comté, et s'il n'avait pas un rôle pour moi. J'avais alors les cheveux décolorés, et il m'a répondu que ça n'allait pas. J'ai répondu que j'allais les couper. Ils voulait un comédien avec des yeux bleus, je lui ai répondu que j'allais mettre des lentilles. Mon appareil dentaire lui posait problème, j'ai dit que j'allais l'enlever. Il a donc fini par accepter de me laisser passer un essai, et il m'a rappelé deux semaines plus tard pour me dire que j'avais un rôle dans Monsieur Batignole.

La première fois que tu t'es retrouvé devant la caméra, il y a eu un déclic ?
Pas vraiment, parce qu'elle était très prés de mon visage et j'ai mis une journée pour être vraiment à l'aise.

Tu rêves de rôles particuliers ?
Oui, d'un tétraplégique ou d'un toxicomane, pour me diversifier et montrer que je peux jouer autre chose qu'un enfant dépressif ou une racaille. Un jour, un directeur de casting m'a dit que j'avais la carrure de quelqu'un qui ne se laisse pas faire. Bizarrement, c'est le cas à la télévision mais pas au cinéma. Si j'ai choisi ce métier d'acteur, c'est pour pouvoir jouer n'importe qui.

Plus branché télévision ou cinéma ?
Ça m'est égal, je ne comprends pas qu'on doive être classé dans l'un ou l'autre. J'ai appris à travailler vite grâce à la télévision.

Tu as fait du théâtre aussi. Tu as une préférence ?
Le cinéma, parce qu'on évolue à travers les jours de tournage, alors qu'au théâtre on se répète inévitablement au fil des jours. Cela dit, j'ai adoré le contact avec le public car on peut voir comment il réagit.

Tu es DVDvore ?
Oui, j'en ai déjà 500 à peu près. Johnny Depp est mon acteur préféré, Fenêtre secrète est le dernier que j'ai acheté. Parmi mes réalisateurs préférés, il y a Jean Becker, avec qui j'ai travaillé, Jeunet et surtout Spielberg. Maintenant que je vis à Paris, je peux plus facilement voir des classiques au cinéma. Avant de faire Les Fautes d'orthographe, je me suis fait plusieurs Bergman.

Tu te fais facilement à la vie parisienne ?
Non, je viens d'un village de six cents habitants et je dois dire que je ne suis pas fan de la capitale. J'aime bien retourner souvent dans ma campagne profonde.

Comment abordes-tu un personnage ?
Pour tous les personnages que j'ai interprétés, il y a eu une préparation spécifique. Pour mon rôle dans Les Fautes d'orthographe, je me suis isolé un mois car il était solitaire. J'aime bien me mettre en condition et inventer un passé. Après, concernant le jeu, j'aime beaucoup l'improvisation, mais pour le moment je me le permets plus dans un casting que sur un tournage.

L'exercice de la promo, tu le prends comment ?
Ce qui est difficile, c'est de répéter toujours les mêmes choses différemment pour donner l'impression qu'on aborde pour la première fois ce sujet avec le journaliste.

La question qu'on t'a le plus posée ?
« Vous faites jeune dans Les Fautes d'orthographe. Comment ça se fait que vous ayez tant mûri en un an ? » Alors que je n'ai pas l'impression d'avoir tant changé, il y a juste eu une perte de poids.

La question la plus conne ?
« Alors, Damien Jouillerot, quatre films, ça commence à faire beaucoup ? » J'ai demandé à Jean-Jacques Zilbermann, qui était avec moi, de répondre pour ne pas péter un câble.

Prochaine étape ?
Je vais réaliser un court métrage dans un mois, Le Sang de Roméo, inspiré de Roméo et Juliette. Et il y aura un premier film avec Gérard Darmon, qui s'appelle Emmenez-moi, d'Edmond Bensimon.

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