David Gordon Green (L'Autre rive)

Didier Verdurand | 11 septembre 2004
Didier Verdurand | 11 septembre 2004

A moins de 30 ans, David Gordon Green a déjà réalisé trois films. Son premier, George Washington (vu à Deauville en 2001 mais resté inédit chez nous) a été très remarqué à New York et Toronto et a bénéficié d'une édition luxueuse en DVD zone 1 chez Criterion. Quant au deuxième, All the real girls (encore un inédit), il reçut deux prix au Festival de Sundance en 2003. Présenté en compétition à Deauville, L'Autre rive aura lui les honneurs d'une sortie, le 5 janvier prochain.

L'Autre rive est produit par un réalisateur qui se fait bien rare : Terence Malick !
Il a désiré me rencontrer après avoir vu George Washington. Je suis un grand fan de ses œuvres, donc vous pouvez imaginer l'excitation dans laquelle j'étais. Terence Malick nous a beaucoup fait réfléchir sur la portée de notre scénario. En retour, il appréciait le dynamisme de notre jeune équipe, formée d'anciens étudiants en cinéma qui se connaissent depuis longtemps. J'ai ressenti un échange de part et d'autre des plus bénéfiques.

Est-il aussi mystérieux qu'on pourrait le croire ?
Ce qui le rend si mystérieux, c'est qu'il n'aime pas être sous les projecteurs et refuse toute publicité personnelle. Lorsqu'il ne travaille pas pour le cinéma, il désire avoir une vie normale. Je trouve cela très respectable et je suis son exemple pour ne pas prendre la grosse tête, car combiner un travail de cinéaste avec une vie de famille n'a rien de facile. Je connais un nombre incroyable de personnes dans notre métier qui sont littéralement obsédées par le cinéma. Terence ne l'est pas. Il aime d'autres choses, parfois aussi simples que d'observer un oiseau ou jouer au basket ! Vous pouvez ressentir ce bien-être dans ses films.

Savez-vous pourquoi il vous a choisi ?
Je ne sais pas, je ne lui ai jamais demandé. Peut-être qu'inconsciemment, j'aime tellement ses films qu'il a vu des points communs entre nos styles dans ce que j'avais fait précédemment, par rapport au rythme par exemple, et qu'il me sentait proche de ses sensibilités.

Le faible budget vous a-t-il parfois freiné ?
Il est à peu près de 2 millions de dollars, ce qui est peu, et on me refusait toutes les demandes de journées de tournage supplémentaires. Le temps coûte cher et on a dû calmer mes ardeurs perfectionnistes ! Pour faire le film que j'avais en tête, il m'aurait fallu 20 millions. Nous ne les avions pas, donc il faut s'adapter, être très malin et tous les membres de l'équipe se sont décarcassés.

Philip Glass est un autre artiste prestigieux au générique de L'Autre rive !
Il est mon compositeur préféré, surtout pour les partitions qu'il a écrite dans les années 70 et 80. Depuis, je trouvais qu'elles étaient parfois trop appuyées. On lui demandait de faire du Glass à outrance. Dans mon film, sa musique n'est pas distrayante. Peut-être que des spectateurs n'y feront pas attention, mais j'ai été très sensible à certains détails qui aident à instaurer une ambiance étrange.

Quelle est la prochaine étape de votre carrière ?
Je voudrais faire rire. Ou bien faire peur, car il n'y a quasiment pas de films effrayants de nos jours. Ils trouvent toujours le moyen de placer des blagues et la tension retombe. Massacre à la tronçonneuse, le premier, est le film qui m'a le plus glacé le sang. Le Cercle était trop irréaliste. Comment puis-je m'imaginer en train de regarder une cassette vidéo et crever une semaine plus tard (rire) ! Poltergeist, dans le même genre, était largement supérieur.

La dernière comédie qui vous a plu ?
Napoleon Dynamite. Il est l'une des surprises de l'été aux Etats-Unis. Son succès m'a vraiment étonné, car ce n'est pas une comédie traditionnelle. (Pour un budget de 400 000 dollars, les recettes ont atteint 30 millions, Ndlr.)

Dîtes-nous quelques mots sur les trois films suivants auxquels peut faire penser le vôtre. La Nuit du chasseur.
Un grand film. Il n'a peut-être pas bien vieilli. Tous les acteurs ne sont pas excellents, la musique parfois trop bruyante...

La ballade sauvage de Terence Malick.
Quand un film devient de la poésie... J'adore aussi l'humour dedans, il y a des scènes très drôles. Une véritable source d'inspiration, sans aucun doute.

Les aventures de Huckel Berry Finn.
J'ai offert le livre à Jamie Bell pour préparer son rôle. Je n'ai pas vu son adaptation au cinéma donc je ne pourrai me prononcer. En revanche, le music-hall m'a beaucoup plu !

Propos recueillis par Didier Verdurand.

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