Omar Naim (Final Cut)

Didier Verdurand | 7 février 2005
Didier Verdurand | 7 février 2005

Omar Naim fut sans conteste l'une des révélations du dernier Festival de Deauville. L'ambition et la complexité de Final Cut, son premier film, le classe directement dans la catégorie des réalisateurs à suivre de près. Montage d'une interview express avec ce metteur en scène talentueux.

Comment avez-vous réussi à avoir Tak Fujimoto ?
Lorsque Robin Williams a donné son accord, j'étais déjà aux anges. Il a fallu après se préoccuper de l'équipe technique, et j'ai donné à mes producteurs une liste de chef opérateurs qui sont mes héros, avec en tête Tak Fujimoto. Je voulais particulièrement travailler avec lui parce qu'il est « le prince des ténèbres » et que cela correspondait parfaitement à la direction artistique que je voulais prendre. Il a lu le scénario et a désiré me rencontrer ensuite. Évidemment, je ne voulais pas me présenter les mains dans les poches, donc j'arrive avec une pile de storyboards et le courant passe entre nous. Tak me déclare alors qu'il aime travailler avec de jeunes réalisateurs comme Night Shyamalan, et accepte de partir dans l'aventure. J'étais d'autant plus heureux qu'il refuse beaucoup de projets parce qu'il est très sélectif et qu'il préfère les films intimistes aux blockbusters. Je voulais énormément apprendre car c'était mon premier film. Avoir un maître comme Tak est un luxe incommensurable.

Question inévitable par rapport au titre : et le final cut ?
Il faut de nombreuses années avant de l'obtenir ! À partir du moment où le scénario avait été approuvé, il n'y avait aucune raison de rentrer dans des conflits, et même si je n'ai pas eu le final cut, les relations ont été très professionnelles et cordiales.

Quel est le budget ?
10 millions de dollars, et je ne m'attendais pas à avoir autant d'argent pour un premier film. Mais si j'avais pu réclamer autre chose, ça aurait été surtout du temps, car le tournage n'a duré que 35 jours.

Pourtant, avec Robin Williams et Tak Fujimoto !
C'est une situation assez rare : le scénario a réellement parlé à ces artistes, qui ont donc décidé de se lancer là-dedans pour quasiment rien, alors qu'ils valent très cher. Quand une équipe talentueuse est décidée à travailler essentiellement pour le plaisir, vous partez sur des bases idéales. Je suis bien conscient que ça n'arrivera pas tout le temps…

D'où vient la fascination que vous avez pour les images ?
Je suis passionné de cinéma depuis l'âge de 13 ans, et devenir réalisateur était mon objectif. J'ai commencé à être attiré par la lecture car mon père est journaliste. Donc j'ai toujours baigné dans l'univers des médias. L'importance des images est telle aujourd'hui qu'il me semble nécessaire de se poser des questions sur leurs conséquences. Final Cut traite aussi indirectement des médias, justement. Je constate que mon premier film, bizarrement, ressemble plus à un dernier film, en raison de sa complexité et de ses thèmes, dont la mort !

Quelles leçons tirez-vous de cette première expérience ?
Le côté positif est d'avoir autant travaillé le storyboard, car j'ai gagné du temps et de l'efficacité le tournage venu. J'avais préparé l'aspect visuel donc je pouvais me concentrer sur la psychologie des personnages et la direction d'acteurs. En revanche, si c'était à refaire, je passerais plus de temps avec les enfants parce que, même s'ils sont très bons, nous aurions pu aller plus loin dans l'émotion. J'étais aussi probablement trop timide ou impressionné par les stars au début. Elles préfèrent être traitées comme tout le monde ! Autre chose à retenir : avant mon prochain film, je ferai un entraînement physique intense. On ne vous dit jamais cela, et pourtant !!! Quand vous restez debout 16h par jour pendant des semaines, croyez-moi, à la fin vous êtes sur les rotules !

Je vais vous donner trois films auxquels m'a fait penser Final Cut, et vous allez me dire quelques mots dessus. Minority Report.
L'un des meilleurs films que j'ai vu depuis le début du millénaire. J'ai écrit le scénario de Final Cut avant de le voir, mais je lis Philip K. Dick depuis toujours. Ce dernier étant la vraie star de Minority Report ! En tout cas, je voulais faire l'opposé, car mon film n'est pas aussi froid.

Le Voyeur, de Powell.
Une grande influence. J'ai même offert le DVD au monteur.

One hour photo ?
J'ai bien aimé car je découvrais Robin Williams sous une nouvelle facette, mais il y a peu de points communs entre ce rôle et celui qu'il a dans Final Cut.

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