Conférence de presse Damon, Greengrass et Crowley

Stéphane Argentin | 6 septembre 2004
Stéphane Argentin | 6 septembre 2004

Matt Damon, comment êtes-vous entré à nouveau dans la peau de votre personnage ?
Matt Damon : C'était la première fois que je rejouais le même personnage dans une suite. J'avais subi une longue préparation de six mois pour La Mémoire dans la peau, alors que je n'ai eu que trois mois cette fois. Mais ce qui m'a le plus aidé est un conseil que m'a donné Doug Liman en me disant d'apprendre à boxer, ce qui s'est révélé bénéfique puisque ma façon de marcher et de bouger s'en est trouvé changée. Autrement, le reste de ma préparation était la même : nous avons passé plusieurs heures par jour avec un autre type à nous foutre sur la gueule.

Avec un nouveau réalisateur derrière la caméra, votre approche du personnage sur le tournage s'en est-elle trouvé modifiée ?
Matt Damon : L'approche est forcément différente avec chaque réalisateur mais c'est une chose à laquelle je suis habitué. Dans le cas de Paul [Greengrass], la caméra réagit à l'action qui se déroule à l'écran, elle ne cherche pas à l'anticiper. Il en résulte pour l'acteur une immense liberté de mouvements qui n'est dictée par aucune prédirective. Je vais vous donner un exemple concret. Pour le tournage de la scène où Jason porte la main à son épaule, et réalise en la retirant qu'elle est pleine de sang, j'ai demandé au chef op' à quelle hauteur il voulait que je maintienne ma main pour qu'il puisse filmer le sang qui se trouve dessus. Et à ce moment, Paul est arrivé et m'a dit : « Tu ne t'occupes pas de la caméra, tu joues la scène en retirant ta main et en l'observant, la caméra se contentera de suivre tes mouvements et le public saura instantanément de quoi il s'agit, même s'il ne voit pas le sang. » C'est le genre de liberté de jeu que l'on ne rencontre pas tous les jours.

Et cette liberté s'est-elle révélée être un avantage ou un inconvénient pour vous ?
Matt Damon : Pour ma part, je dirais que c'était un avantage. Mon personnage est beaucoup plus sombre dans cette suite. Il parle encore moins que dans le premier volet, et tout mon travail passait essentiellement par la gestuelle. Le plus difficile a donc été pour Paul, qui se devait de maintenir le niveau d'intensité au travers des seules images.

Comment Paul Greengrass a-t-il été choisi justement ?
Matt Damon : C'est tout simplement une grande loterie ! Son nom est sorti en premier !
Patrick Crowley : On avait une liste avec plusieurs réalisateurs potentiels qui soient capables de maintenir le même dynamisme que dans le premier film. Et lorsque l'on a découvert Bloody Sunday, le doute a rapidement été levé. On a donc contacté Paul pour lui proposer d'être le réalisateur de ce second volet, et la seule chose qu'il ait demandée, c'était d'avoir un maximum de personnes ayant déjà œuvré sur La Mémoire dans la peau. C'est pourquoi nous avons le même directeur photo, le même monteur…
Paul Greengrass : Dis plutôt la vérité ! C'est tout simplement parce que je ne coûtais pas cher !

Matt Damon, vous faites presque exclusivement des films hollywoodiens. Vous n'êtes pas intéressé par des productions plus indépendantes ?
Matt Damon : Je n'ai pas vraiment de plan de carrière comme d'autres acteurs qui alternent petites et grosses productions. Au cours des dix-huit derniers mois, j'ai tourné dans trois films à gros budget, mais qui étaient réalisés à chaque fois par des metteurs en scène que j'admire beaucoup : Steven Soderbergh, Terry Gilliam et Paul Greengrass. Et mes trois prochains films pour l'année 2005, sous la direction de Steven Soderbergh, Stephen Gaghan (le thriller géopolitique Syriana, ndlr) et Martin Scorsese (aux côtés de Brad Pitt dans le remake US d'Infernal Affairs, ndlr), seront également des gros budgets. Ma participation à ces films n'a rien à voir avec le budget mais est uniquement motivée par le scénario et le réalisateur. J'aimerais bien refaire des films tels que Gerry, mais ce ne sera pas encore pour tout de suite.

Vous êtes à la fois acteur, scénariste et producteur. Laquelle de ces trois activités a votre préférence ?
Matt Damon :J'aime tous les aspects de la création d'un film, même si ma préférence irait peut-être vers l'écriture, pour le plaisir de voir jaillir les idées sur une feuille blanche. Quand vous êtes acteur, vous n'intervenez que sur le tournage et n'avez pas de visibilité sur les phases de préproduction ou de postproduction. J'aimerais bien me remettre à écrire un peu plus, voire me lancer dans la réalisation d'un petit film que j'aurais éventuellement scénarisé.

Que pouvez-vous nous dire sur le futur DVD du film? Et que pensez-vous de l'émergence du DVD qui va parfois jusqu'à occuper une place plus importante que la sortie du film en salles ?
Patrick Crowley : Le DVD est important mais je ne crois pas qu'il soit aussi important que la sortie d'un film en salles. Ce qu'il y a de bien avec la franchise « Jason Bourne », c'est que les films sont si appliqués que les gens qui les ont vus en salles voudront revoir et comprendre plus en détails de nombreuses scènes, et je pense donc qu'ils achèteront le DVD dès sa sortie. Comme de nombreux autres tournages contemporains, nous avons collecté des heures et des heures de suppléments au cours de la production du film, et plusieurs personnes sont d'ores et déjà en train d'élaborer le DVD à venir de La Mort dans la peau.

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