A part Ça, les trésors perdus de Stephen King : Le Bazaar de l'épouvante

Simon Riaux | 6 août 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 6 août 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Tous les week-end jusqu'à la sortie de Ça, la rédaction se penche sur une adaptation oubliée du maître de l'horreur ! Et cette semaine, c'est le Bazaar.

Carrie au bal du diableShining, The Mist … L’œuvre foisonnante de Stephen King a logiquement servi de matrice à certains des grands films fantastiques de ces dernières décennies. Alors qu’approche la sortie du remake de Ça, que La Tour Sombre débarque sur les écrans et que la série Mr. Mercedes démarre, la rédaction vous propose de revenir sur les adaptations de King.

Mais pas n’importe lesquelles : pas les chefs d’œuvres ultra-commentés, pas les réussites éclatantes ou les perles du genre. Non, derrière ces emblèmes bien connus se niche une tripotée d’adaptations beaucoup moins connues, qui composent un coffre à trésors horrifiques particulièrement réjouissant.

Films fous, inclassables, ratés, malades ou incompris... chaque week-end, Ecran Large plonge dans l’héritage bizarroïde du Maître de la Terreur, en vous proposant de revenir sur des adaptations peu ou mal connues.

 

 

FOIR' FOUILLE INFERNALE

Attaquons bille en tête avec Le Bazaar de l'épouvante (Needful Things) de Fraser Clarke Heston, sorti en 1994. Bien connu des spectateurs de M6, qui le rediffusa régulièrement à la fin des années 90, le film est progressivement tombé dans l’oubli ; la faute sans doute au texte d’origine souvent sous-estimé qui, au-delà de ses quelques faiblesses, a une tonalité inclassable, peu compatible avec les canons du fantastique.

Le métrage est inscrit au cœur de la mythologie de Stephen King puisque l’action s’y déroule à Castle Rock, petite bourgade imaginaire du Maine, véritable centre névralgique et symbolique de nombreux romans de l’artiste. A Castle Rock, tout semble aller pour le mieux dans le plus rural des mondes, quand ouvre une nouveau commerce, tenu par le mystérieux et charismatique Leland Gaunt (Max Von Sydow).

 

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Un diabolique Max Von Sydow 

 

Bazar où s’amoncèlent antiquités, curiosités ou vieilleries, où chacun peut trouver son bonheur. Mais attention : pour obtenir la balle de base-ball dédicacée par un joueur légendaire ou mettre la main sur le petit train de votre enfance, il faudra non pas délier sa bourse, mais rendre un service à ce brave Leland Gaunt. Service en apparence anodin, mais qui donnera à tout un chacun l’occasion de laisser libre court à ses vicissitudes, à la veulerie enfouie au plus profond de lui. En quelques jours, la paisible bourgade se transforme sous les yeux du shérif Alan Pangborn (Ed Harris) en une zone de guerre civile larvée, dont chaque habitant attend de transformer une querelle de voisinage anodine en jeu de massacre.

Le film de Fraser C. Heston (dont il existe une version longue sous forme de mini-série de 3 heures) ne compte pas parmi les adaptations les plus réussies des travaux de King, mais mérite le détour pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le métrage instille une ambiance éminemment retorse et cruelle, tour à tour implacable quant à notre rapport à la matérialité ou la superficialité de notre vernis de civilisation polie. La facilité avec laquelle les habitants de Castle Rock en viennent à se découper à la scie à pain a quelque chose d’aussi dérangeant que profondément ludique, et nous renvoie avec malice à nos propres limites individuelles.

 

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Appelez Julien Courbet ou je fais un malheur

 

DUEL 

Pour tenir ce récit tordu, Heston peut s’appuyer sur deux comédiens impeccables : le monolithique Max von Sydow et l’imperturbable Ed Harris. Tous deux se fondent dans l’univers à la fois ultra-réaliste et empreint de culture populaire de Stephen King.

Tout comme le roman dont il s’inspire, Le Bazaar de l’Epouvante manque un tantinet de rythme et a un peu de mal à s’acheminer jusqu’à un climax bien trop précipité, tandis qu’Heston se montre souvent beaucoup trop placide derrière la caméra. Ce récit moraliste et ironique appelait une folie douce que sa mise en scène a parfois du mal à retranscrire.

 

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"Niark niark niark"

 

En revanche, on retiendra quelques séquences bien méchantes comme il faut, et surtout, l'une des meilleures retranscriptions à l’écran du Maine tel qu’il s’incarne dans l’imaginaire de King. Haut-lieu de l’horreur, berceau d’un fantastique ancré dans un réel toujours palpable, cet état, qui compte parmi les moins représentés à l’écran du territoire américain, trouve ici une mise en image intéressante, qui fera ponctuellement frissonner de plaisir les afficionados du romancier.

Au jeu de la grammaire made in Stephen King, c’est peut-être ce Bazaar de l’Epouvante qui capte le mieux la ruralité tourmentée désespérément humaine, sur laquelle a tant écrit le King, avec bien sûr, le brillant Stand by Me.

 

RETROUVEZ NOS AUTRES TRESORS PERDUS DE STEPHEN KING

 

PhotoBienvenue chez tonton Stephen !

 

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commentaires
Matt
07/08/2017 à 08:56

Un des premiers Stephen King que j'avais lu avec Salem. Quelques peu déçu de son adaptation en film, (notamment la fin comme expliquée plus bas par Rorov94) mais aussi la violence édulcorée et le suicide du garçon évité.
Cependant le thème du livre est plutôt bien retranscrit à l'écran et les comédiens sont plutôt brillants : Ed Harris en mode double Stephen King cette année (avec son apparition dans le Fléau à la TV), Max von Sydow en diablement cynique en Leland Gaunt, la trop rare Bonnie Bedelia et Amanda Plummer en hacheuse vengeuse. En fait, ça me donne envie de le revoir!

Rorov94
06/08/2017 à 20:25

Une fois de plus une (anal)lise de merde pour cette adaptation ultra fidèle du best-seller kingien.
Ormis le climax :
Dans le livre le diable apparaît dans sa forme monstrueuse.là,gaunt se contente de sortir des flammes,intact.
Pas de news sur son honorable box-office en 1994?!
Virez moi ces journaleux!

LaTeub
06/08/2017 à 18:04

Vu il a fort longtemps, j'en garde un bon souvenir...

Actar
06/08/2017 à 13:30

Revu il y a pas très longtemps ; la scène de la double vengeance meurtrière sur "ave maria" reste dans les mémoires.