Terminator 2 : pourquoi le film de James Cameron est-il toujours une œuvre culte ?

Jacques-Henry Poucave | 11 mai 2022 - MAJ : 11/10/2022 12:07
Jacques-Henry Poucave | 11 mai 2022 - MAJ : 11/10/2022 12:07

Terminator 2 a 31 ans. Adoré par des millions de spectateurs, cinéphiles, cinéphages, curieux et fans à travers le monde, le classique de James Cameron a rapidement accédé au statut d’œuvre culte. Pourquoi ?

 

Terminator 2 : Le Jugement dernier : Edward Furlong, Arnold SchwarzeneggerReste cool

 

Bigger is… Bigger

Le premier Terminator était un polar hard boiled mâtiné de science-fiction. Un film mutant, une très humble série B que le talent de son metteur en scène transcendait à chaque scène. Doté d’un budget nettement plus confortable, James Cameron en profite ici pour décupler tout ce qui faisait la saveur du premier épisode et le pousser à son paroxysme.

Le précédent épisode impressionnait par sa débrouille et sa capacité à dépasser les faibles moyens dont il disposait, ce Terminator 2 sidère par la quantité d’innovations et d’idées qu’il met en pratique.

 

TerminatorBientôt le Teslarminator ?

 

Schwarzenegger au sommet

Le Chêne Autrichien est loin d’être un inconnu lorsque sort le film en 1991, mais l’énorme succès de ce dernier et la métamorphose subie par son personnage, qui passe de machine à tuer à protecteur impavide, font de lui une superstar indiscutable.

L’image du Terminator disparaissant dans une cuve de magma rougeoyant, la main et le pouce dressés vers un enfant bouleversé marquera les kids et leurs parents, permettant au film de traverser presque instantanément les générations, tout en cristallisant l’aura phénoménale du comédien.

 

25 birthdayBadass Mother

 

Cameron au firmament

Trop souvent cantonné à une image de roi du blockbuster de SF avide de prouesses technologiques, James Cameron est aussi un metteur en scène surdoué. Bien sûr, Terminator 2 est spectaculaire. Mais c’est aussi un film composé avec une ahurissante minutie.

De la photographie, en passant par les cadres, le cinéaste organise et structure son intrigue avec une finesse rarement atteinte. Se focalisant, avec le génie qui est le sien, sur des relations, des gestes, parfois instinctifs et infimes, dans lesquels sont contenus le message de son œuvre et la logique qui met les héros en mouvement (ce qu’on appelle communément le Kaïros), il aboutit à une forme d’épure visuelle et cinématographique qui n’a pas pris une ride.

 

25 birthday"Tiens moi ça deux p'tites secondes."

 

En résultent plusieurs séquences qui vont se graver immédiatement dans l'inconscient collectif. Le jeune Edward Furlong pris en tenailles entre les deux Terminators lors de leur première confrontation, l'évasion de Linda Hamilton de l'hôpital psychiatrique, le dézingage à la Gatling, Schwarzie arrachant les tissus de son bras pour révéler sa nature mécanique et bien sûr l'ultime affrontement entre les deux machines envoyées du futur. Rares sont les films à pouvoir se targuer de posséder autant de scènes iconiques, copiées maintes fois, mais jamais égalées.

 

25 birthdayL'heure du ménage

 

Une philosophie du spectacle

Œuvre de science-fiction, étude des rapports de transmission et recherche sur le sens de la filiation, Terminator est avant tout une leçon de cinéma à grand spectacle. En réalité, il suffit de le comparer avec Terminator Genisys pour comprendre combien T2 propose à son public une véritable philosophie du spectacle.

Ainsi, si le film regorge de trouvailles techniques, voire d’innovations majeures (l’usage de CGI, les séquences de destruction/reconstruction du T-1000), aucune de ces géniales performances ne prend jamais le pas sur le récit. Au contraire, chaque idée, chaque élément de scénographie est là pour renforcer un concept, pour assoir un sens bien précis. Le génie de Terminator 2, c’est de ne jamais donner au spectateur ce qu’on suppose qu’il attend, mais bien de deviner comment le surprendre.

 

25 birthdayLe seul Terminator aussi effrayant que T-800

 

Un film visionnaire ?

Les années 90 furent particulièrement violentes au Etats-Unis. Ainsi, le tabassage en règle dont fut victime Rodney King en 1991 et qui devait plus tard provoquer de terribles émeutes, a eu lieu à quelques mètres du diner où Schwarzenegger apparaît au début du film, pendant le tournage. En revoyant le métrage aujourd’hui impossible de ne pas questionner à nouveau le personnage de Robert Patrick.

Comme si, en immortalisant cette image d’un policier glacial et meurtrier, Cameron avait capturé en avance ce qui constituerait une des grandes interrogations de l’Amérique post-9/11, mixant la peur du flic assassin et une certaine idée de la prolifération d’un armement incontrôlable.

 

25 birthdayLe méchant flic vs le gentil robot-tueur

 

Mais c’est aussi dans le duel entre deux technologies que Terminator 2 nous annonce le combat qui s’apprête à se jouer sur grand écran. D’un côté, le bon Terminator, ancien modèle issu d’une technologie qui paraît essentiellement mécanique, un quasi-être de chair, presque capable de saigner et ressentir, une métaphore des effets spéciaux mécaniques auquel tant de cinéphiles sont attachés.

En face de lui, une créature indestructible, froide, parfaite. Capable de performances incroyables, de changer de forme, une chose lisse à la puissance bien supérieure. Cette bataille entre Schwarzenegger et Robert Patrick est aussi celle que vont se livrer effets traditionnels et CGI, avec l’issue que l’on sait, changeant drastiquement l’apparence du cinéma de divertissement.

 

Terminator 2, le jugement dernier : 25 birthdayOld school Terminator

 

Pour toutes ces raisons (et bien d’autres encore, qui appartiennent à chaque spectateur), Terminator 2 reste 31 ans après sa sortie un film emblématique de son époque, mais aussi d’une certaine idée du 7ème Art, à la fois formidable et humain, un artisanat tellurique et une invitation au rêve comme à la réflexion.

Tout savoir sur Terminator 2 : Le Jugement dernier

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commentaires
Bibi 95
17/05/2022 à 15:49

Parceque j ai joué dedans ✌️

Stantrz
12/05/2022 à 21:01

Inégalable! Quand le rythme est associé à un dialogue et une image aux effets spéciaux parfaits, on obtient le summum du film de SF. Je me souviens encore de mon coeur à 120 bpm d'un bout à l'autre du film.

viande a vision
12/05/2022 à 10:48

Les seuls film / projets où il est bon c'est quand ce sont des films avec des cyborgs ...Sinon ce sont des films avec une patine amblin mais en moins bon ,très cucul ...Quand on y songe Titanic c'est une histoire d'amour avec une catastrophe qui a déjà eu des films plus anciens et sérieux dirais je ou avatar qui n'est quasi que visuel ...

Yoyo
12/05/2022 à 07:57

Le meilleur film de toute l'histoire du cinéma!

Chryslegrand
12/05/2022 à 01:09

Un des des rares suites à être meilleure que l'originale

Faurefrc
11/05/2022 à 23:12

Le plus dingue c’est que Cameron ait réussi à se surpasser pour proposer un film au moins aussi marquant que son premier film. A part Coppola pour le Pareain 2ème partie, je n’ai pas d’autre exemple qui me vienne en tête

Vespéral
11/05/2022 à 21:58

Il y a un seul critère qui l’érige de manière indéfectible au panthéon des films les plus marquants du cinéma : après des dizaines de visions étalées sur trois décennies, il n’y a pas plus de 30 secondes du film qui a pris une égratignure.
Son côté épique est intact. Son sens du rythme aussi. La caractérisation de ses personnages iconiques.
Et il a eu depuis très peu de concurrent en termes d’actions pures. Peut être Fury Road a réussi à le frôler. Je n’en vois pas d’autres.

Kyle Reese
11/05/2022 à 19:39

Sinon le T2 est bien une œuvre de blockbuster culte pour tous ce que décrit l'article mais pas aussi culte que le premier, tellement dark, brut, impactant, marquant, inoubliable.
Le film de SF de série b le plus génial de tout les temps. Du même niveau qu'un The Thing pour l'horreur.

Kyle Reese
11/05/2022 à 19:35

@Revisons la Critique

Et bien si je me souviens d'une critique (Dans Starfix peut être) qui avait évoqué l’ambiguïté de l'incarnation d'un flic de LA par le T-1000.
A un moment du début, le plan bien cadré sur le "to serve and to protect" de la portière de la voiture de police conduite par le T1000 est très symboliquement ironique.
La police de L.A a l'époque avait déjà été très critiqué par ses méthodes brutales et raciste avant l'affaire King.

V33
11/05/2022 à 19:28

Parce que t-1000 voilà

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