Séries mania : Apocalypse(s) et séries nordiques

Nicolas Thys | 5 mai 2014
Nicolas Thys | 5 mai 2014

Dernier constat sur Séries Mania saison 5 : la fin du monde n'a jamais été aussi proche. Les zombis de Walking dead et les faux humains de Real humans doivent désormais compter avec une menace de l'ordre de l'infiniment petit. Imperceptible, invisible, elle court tout autour de nous et se propage sans qu'on n'y puisse pas grand-chose malgré un déferlement d'énergie. Et ceci vaut pour le monde entier, avec trois séries autour du thème de la pandémie et des virus difficiles à contenir.

 


 

Les Etats-Unis proposent la plus convenue, Helix, sorte de thriller en huis-clos qui se déroule dans l'antarctique et qu'on compare trop facilement à The Thing de Carpenter. Mais Hollywood aime montrer ses monstres quitte à appuyer sur les effets visuels et tout exagérer pour effrayer. Problème : les virus sont minuscules et peu effrayants en soi et la subtilité n'est pas l'apanage d'Hollywood donc au lieu de travailler autour d'une mise en scène focalisée sur le hors-champ, l'invisible ou l'infilmable, la série compenser par une surabondance de détours scénaristiques très moyens : le virus liquéfie et décompose les cadavres, le virus possède les gens et leur offre une force surhumaine, et surtout on ne se prive pas de montrer son image en forme de ver de terre tout en indiquant qu'il est la plus petite chose jamais référencée. Malgré une efficacité certaine dans la réalisation, la série se casse les dents dans les clichés de la SF facile, avec des images faussement choquantes et des discours un peu simplistes et trop appuyés.

On préfèrera le réalisme des séries coréenne The End of the world et flamande Cordon. Réalisme grandiloquent de la première, qui prend la forme d'un thriller afin de retrouver le porteur sain d'un virus puissant. La réalisation est parfois expressive voire expressionniste dans l'utilisation de certaines couleurs et des cadrages étonnants mais on se prend facilement au jeu d'autant que rien dans l'histoire n'est exagéré : le virus n'est pas impressionnant en soi, les cadavres ont encore quelque chose d'humains, les scientifiques ont vraiment l'air de scientifiques. En plus, la série n'épargne personne et n'hésite pas à montrer des enfants contaminés et proches de la mort, sujet encore tabou sur le petit écran, ce qu'on retrouve également dans Cordon. Cette dernière est la plus réaliste d'entre toutes, celle auquel on croira le plus et donc finalement la plus effrayante sans pour autant y apercevoir la moindre bribe de monstre. Son point de départ est simple : comment vont réagir les gens enfermés derrière un cordon de sécurité qui couvre une bonne partie de la ville d'Anvers ? Le virus est une mutation d'un virus grippal connu qui pourrait vraiment toucher la population, les forces de police et médicales collaborent de l'intérieur et de l'extérieur. On ne cherche jamais à filmer le virus en tant que tel mais plutôt l'angoisse des gens, leur panique ou leurs espoirs, et la véritable pandémie, au-delà du virus, est celle de la peur qui s'instille partout dans la ville.

 

 

Malgré un ensemble très bon, on conclura par une petite déception. Le festival prédisait l'arrivée d'une vague de séries importantes venues du froid mais les pays nordiques ne sont pas encore aussi bien lotis qu'on voulait nous le faire croire. Sur les quatre nouvelles fictions proposées, nous avons eu le temps d'en voir deux. La première, Nymphs vient de Finlande et c'est un Twilight dans lequel on aurait remplacé les vampires par des nymphes et des satyres. En un mot, c'est consternant et le pire c'est que la série a déjà été vendue dans plus de 50 pays. Le seul intérêt est donc sociologique et cognitif : on assiste donc à un consensus international au niveau des chaînes de télévision autour de la dégradation irréversible des capacités premières de réflexion et des mécanismes neurologiques du cerveau des adolescentes (public visé).

La seconde série, Legacy, nous était vendue comme un Festen en série TV. Effectivement, on retrouve la manière de filmer, caméra à l'épaule, et quelques secrets de famille avec révélations autour d'un testament mais le scénario a des airs de déjà-vu et n'arrive jamais à la cheville du film de Thomas Vinterberg. Au final on a l'impression d'avoir vu une saga de l'été made in TF1 ou France 2 filmée par Lars von Trier. On ne peut que féliciter la réalisatrice de Legacy d'avoir pu élever un tel marasme au rang de « regardable » mais cela n'ira pas plus loin. Quand les familles montrées ne sont guères intéressantes, sur le long terme on s'ennuie ferme. Reste qu'on ne saurait trop recommander à Josée Dayan et aux autres faiseurs d'horreurs estivales dans les années 90 d'aller faire un stage au Danemark...

 


 

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