Preview Pacific Rim : 15 minutes démentielles

Thibaud Gonzalez | 6 juin 2013
Thibaud Gonzalez | 6 juin 2013

Jeudi 6 juin. Dans le confort de la salle Warner, on a pu avoir un petit avant-goût du très excitant Pacific Rim de Guillermo Del Toro, grâce à la projection de quelques extraits. On va aller droit au but : le choc visuel fut considérable. Mais ce n'était pas le seul motif de satisfaction. Si on a bien vu des robots géants taper sur des monstres tout aussi imposants, Pacific Rim ne semble pas se limiter à ce simple postulat de base (aka on n'est pas dans un Transformers bis).


Après une présentation très didactique de Del Toro en personne, le début de la projection nous plonge dans le prologue du film qui nous explique la situation, à savoir l'attaque continuelle de la Terre par des monstres transdimentionels, les Kaïju, provenant d'une faille dans l'océan pacifique, et la réponse des humains avec l'utilisation de robots géants, les Jaegers. Une mise en situation rapide mais efficace, qui nous montre un monde en guerre, dans une ambiance à la fois post-apocalyptique et finalement un peu seconde guerre mondiale. On se frotte déjà les mains de découvrir qu'il y a bien quelque chose à se mettre sous la rétine avant les titanesques affrontements. 

On se retrouve ensuite sur une plage, où marchent un papy et son petit-fils. Et là, au loin, dans la mer, deux immenses jambes de fer sortent du brouillard. Le Jaeger s'approche et s'écroule sur le sable, puis son frêle pilote s'extirpe difficilement de la carcasse. Les jeux d'échelles impressionnent. Et on en vient à penser que si Del Toro parvient à garder intact tout au long du film ce contraste entre immensité des machines et fragilité des pilotes, il aura déjà en grande partie gagné son formidable pari.

Vient ensuite ce qui semble être la vraie bonne idée du film, et qui lui évitera probablement de n'être simplement qu'un film de monstres. On découvre que, pour manipuler ces engins, les pilotes (généralement deux), doivent synchroniser leur cerveau entre eux, partager leurs souvenirs et leur passé, pour ne plus faire qu'un seul esprit. On se retrouve alors dans les souvenirs du personnage de Mako Mori, encore enfant, perdue dans une ville (Tokyo) dévastée et poursuivie par un Kaïju. Une séquence visuellement splendide où le cinéaste joue avec la terreur enfantine de manière magistrale (c'est quand la dernière fois qu'un blockbuster non signé par Spielberg a mis aussi efficacement l'enfant au coeur d'une séquence d'action horrifique). Ne pouvant contrôler le flux de ses souvenirs, Mako Mori perd alors le contrôle du Jaeger, qui se prépare à tirer et... stop. On n'en verra pas plus pour cette scène. Une coupure des plus frustrantes d'ailleurs mais c'est le jeu de ces présentations cherchant à mettre l'eau à la bouche de son public. Cette idée scénaristique nous laisse en tout cas espérer des personnages plus profonds, mieux travaillés psychologiquement, plus fragiles. Ces robots géants qu'ils pilotent, plutôt que de les rendre invincibles, semblent en fait les pousser à se révéler, à se mettre à jour. De l'émotion sous la ferraille ? On fait confiance à Del Toro pour avoir joué cette carte maîtresse.


Enfin, la présentation se termine par une grosse bagarre, une confrontation directe entre un Jaeger et un Kaïju à Hong-Kong (une bataille qui devrait durer 20 à 25 minutes dans le film selon les dires du réalisateur mexicain et qui se finira... dans l'espace). Ça s'envoie des grosses mandales, ça se soulève, ça se balance dans tous les sens, ça s'arrache des bras... La mise en scène d'une fluidité et lisibilité inouïes assortie d'un travail sur les couleurs stupéfiant rend le spectacle totalement jouissif. Si bon nombre de festivaliers cannois ne se sont pas remis des ébats plus que sensuels de La Vie d'Adèle, on en connaît déjà qui sont prêt à les imiter avec ces combats titanesques.

Quand on imagine que cet extrait ne met probablement pas en avant la séquence de combat la plus impressionnante du film, on a de quoi se préparer à s'en prendre plein les rétines. Dans l'espace, personne ne va nous entendre crier de bonheur !

A la vue de ces extraits dantesques, Pacific Rim semble tenir toutes ses fabuleuses promesses en ce qui concerne les confrontations de ses géants.  Mais il nous fait aussi espérer quelque chose d'un peu plus profond, évitant le simple exercice de tôles froissées et de monstres étripés. Pas de doute possible (même si on n'en avait pas trop non plus), Del Toro se situe à des années lumières des ambitions artistiques primaires de Michael Bay avec sa saga Transformers. Qui sait, dans le même temps, Del Toro évitera peut-être aussi l'oppositon de style gentil robot contre méchant monstre ? Car son amour pour les créatures en tout genre est toujours aussi palpable (chez lui, le monstre n'est jamais celui que l'on croit), rendant caduque cette simple confrontation manichéenne. Bref, il est temps de ranger ses transformers au placard. Il y a un nouveau shérif en ville. Il s'appelle Guillermo Del Toro. Et il a pour ambition de signer un blockbuster que l'on pourra apprécier pour l'éternité. Mission accomplie ? Rendez-vous le 17 juillet pour le savoir mais cela ne devrait être qu'une formalité.


 
 
 
Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.