Cannes : un festival « anecdotique »

Perrine Quennesson | 10 mai 2013
Perrine Quennesson | 10 mai 2013

Cannes, c'est le cinéma évidemment mais aussi une grande machine bien huilée. Mais même les meilleurs outils connaissent quelques ratés et anicroches. Cannes n'y échappe pas. Voici 15 anecdotes qui ont marqué le plus grand festival de cinéma du monde.

 

Cannes annulé. Raison ? Guerre.

Le festival de Cannes a officiellement débuté en 1946. Mais il y eut une première tentative en 1939. Le festival devait se dérouler du 1er au 20 septembre. Et sur la plage, il y avait même une immense réplique de Notre Dame de Paris pour illustrer la projection de Quasimodo. Qui sera l'unique d'ailleurs. Puisque le festival fut annulé le lendemain : l'Allemagne d'Hitler avait envahi la Pologne. C'était le début de la Seconde Guerre Mondiale. C'est d'ailleurs pour une raison politique que le festival avait été créé, en réaction à la Mostra de Venise, alors sous la coupe de Mussolini, qui récompensait des films fascistes.

 

Président à une lettre près

En 1980, les organisateurs du festival souhaitaient accueillir le grand cinéaste Douglas Sirk en président de jury. Or, le télégramme envoyé à Hollywood comportait une erreur. A la place de « Request Douglas Sirk for jury », il était écrit « Request Douglas, Kirk for jury ». C'était donc trop tard (et trop impoli) pour dire qu'il y avait un souci d'orthographe et Kirk Douglas fut le président cette année-là. Un coup de bol pour l'acteur, puisqu'il y rencontra sa femme Anne Buydens.

 

Un poil dans la main 

Chaque année le festival de Cannes, c'est des films, des stars, des paillettes, des fêtes... et de nouvelles affiches. Sauf en 1981. En effet, celle de 1981 rappelait étrangement quelque chose. Ah oui ! Celle de 1980. Regardez par vous même. Visiblement, le graphiste n'avait pas vraiment envie de se fouler cette année-là...

 

Record woman

Isabelle Huppert est l'actrice la plus sélectionnée à Cannes. En effet, elle a représenté 18 films en compétition et a obtenu deux prix d'interprétations : en 1978 pour Violette Nozière et en 2001 pour La Pianiste. Le festival le lui rend bien puisqu'elle fut maitresse de cérémonie en 1998 et présidente du jury en 2009.

 

Les bagarres ? Que du cinéma. Ou presque.

En 1992, lors de la montée des marches d'Universal Soldiers, montré en hors-compétition, Jean-Claude Van Damme et Dolph Lundgren s'échangent des noms d'oiseaux et en viendront même aux mains en haut de l'escalier. Des vigiles sont même obligés de les séparer. On apprendra plus tard qu'il ne s'agissait que d'un coup monté pour créer le buzz.

En revanche, en 2008, les coups étaient bien réels entre Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz. L'acteur a refusé l'entrée de la soirée donnée pour Mesrine au Jimmy'z au réalisateur. Après un cinglant « c'est moi qui t'ai fait avec La Haine ! », que Cassel ne semble pas avoir apprécié, les poings ont parlé.

 

Les contes de fée, ce n'est pas seulement sur le grand écran

En 1955, alors que le festival crée la fameuse Palme d'Or et que Marcel Pagnol est président du jury, Grace Kelly est présente en tant qu'invitée d'honneur. Au cours d'une séance photo au Palais de Monaco à la demande Paris Match, Grace rencontre le prince Rainier III. « Charmant, il est charmant » dira-t-elle à l'un de ses proches à l'issu de la soirée. Oui, charmant comme un prince qu'elle épousera l'année suivante.

 

Cachez ces seins...

En 1954, la jeune starlette Simone Silva se pavane au bras de l'acteur Robert Mitchum. Lors d'une séance photo avec l'acteur, la jeune femme retire son soutien-gorge (acte qui ne choquerait plus vraiment de nos jours) mais, à l'époque, la photo fait scandale. Elle est renvoyée sur le champ du festival, l'acteur et sa femme font leurs valises. Aux Etats-Unis, cette histoire fait grand bruit, Cannes étant accusé de n'être qu'un lieu de débauche et de vices. Les américains menacent de ne plus y envoyer de films. Ce n'est qu'après une visite de Favre Le Bret, alors délégué général de Cannes, à Los Angeles, que l'affaire se calme.

 

Vote sous influence 

En 1991, Roman Polanski est président du jury et n'aime aucun film présenté cette année-là. Jusqu'à ce qu'arrive Barton Fink qui est un hommage plutôt évident à son cinéma. Le réalisateur décide alors de tricher avec le règlement et met le désordre dans les votes. La veille de la délibération notamment, il fait voter la Palme pour ce film à ses jurés, et ce après les avoir fait boire. Il refusera toute remise en cause du prix.

 

Confidence pour confidence

L'avant-dernier film français à avoir obtenu la Palme d'Or a été récompensé dans la souffrance. En effet, en 1987, Maurice Pialat reçoit le prix suprême pour Sous le soleil de Satan. Le public, mécontent, le hue. Ne se laissant pas démonté, le réalisateur répond le poing levé : « Sachez que si vous ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus ». Voilà qui est dit. Quentin Tarantino en 1994 avait également subi des hués lorsqu'il reçut son prix pour Pulp Fiction. Il se contenta alors de répondre par un, moins classe mais tout aussi parlant, doigt d'honneur.

 

Et nos fesses, tu les vois nos fesses ?

En 1983, Isabelle Adjani est présente sur la Croisette pour présenter son dernier film L'Eté Meurtrier. Mais la jolie brune aux yeux bleus se la joue diva et fait sa mystérieuse toute la journée, au point de ne même pas se rendre au traditionnel photocall. Lassés les photographes officiels lui feront payer ses caprices. En effet, lors de la descente des marches, pas de crépitements de flash, pas de clic-clac caractéristiques, les photographes lui tournent le dos, leurs appareils déposés à leurs pieds. Paul Newman avait connu le même sort en 1975 pour des raisons identiques. Il avouera même « que c'est la plus grande leçon qu'on lui ait donnée ».

 

Il ne faut pas vendre la peau de l'ours...

En 1983, Furyo de Nagisa Oshima, avec David Bowie, est en compétition. Quelques heures avant le palmarès, une fuite laisse entendre que le film japonais sera récompensé. Ne se sentant plus de joie, l'équipe du film commence à faire péter les bouteilles de champagne. Ils avaient juste oublié qu'ils n'étaient pas le seul film japonais en compétition cette année-là. Et c'est La ballade de Narayama de Shohei Imamura qui obtiendra la Palme ce soir-là...

 

Sous le tapis rouge, la plage

La révolte étudiante de 1968 n'a pas épargné le festival de Cannes. Les réalisateurs mènent le débat : François Truffaut et Jean-Luc Godard s'accrochent aux rideaux pour empêcher la projection d'un film. Claude Lelouch et Louis Malle, membres du jury à l'époque, sont solidaires. Le festival est arrêté 5 jours avant la fin. Aucune Palme d'Or ne fut remise cette année-là.

 

Veto !

Cannes, c'est aussi un symbole de son époque. Et en 1956, en pleine Guerre Froide, le ministre des affaires étrangères avait son mot à dire sur la sélection et les ambassadeurs de chaque pays présentaient les films. Ainsi cette année-là, c'est Nuit et Brouillard d'Alain Resnais, documentaire sur les camps de concentration, qui est retiré de la compétition en raison du veto de l'Allemagne.

 

Tempête de tomates au palais du festival

En 1960, L'Avventura de Michelangelo Antonioni reçoit un accueil que l'on pourrait qualifier de très froid à Cannes, notamment à cause de la disparition inexpliquée du personnage d'Anna qui est très mal comprise par le public. Et lorsque le film reçoit le Prix du jury, le réalisateur et l'actrice Monica Vitti viennent le récupérer sous les hués et une pluie de tomates.

 

Arrête Lars, tu t'enfonces !

En 2011, alors que le festival passait gentiment inaperçu à cause de l'affaire DSK, une personne l'a fait revenir sur le devant de la scène : Lars Von Trier. En pleine conférence de presse pour Melancholia, le réalisateur lâche : « Je dis que je comprends l'homme (Hitler). Ce n'est pas vraiment un brave type, mais (...) je compatis un peu avec lui ». Et ce fut le début d'une longue digression, comme pour se justifier, où il explique notamment ses origines allemandes, son goût pour l'esthétique nazie ou encore lance une pique vis à vis d'Israël. Comprenant qu'il est allé trop loin, le cinéaste tente de conclure : « Comment vais-je me sortir de là ? ». Puis, enfin, s'enfonce une bonne fois pour toute : « Ok, je suis un nazi ». Panique à bord. Malgré les excuses de Lars, le festival n'a rien voulu entendre et l'a boycotté en en le déclarant persona non grata.

 

 


 

 

 

 

 

 

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